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De petits produits qui valent gros

Suite à une étude cartographique réalisée en 2015, la MRC du Haut-Saint-François a procédé l’été dernier à un inventaire terrain du potentiel économique de récolte et de culture des produits forestiers non ligneux (PFNL) sur son territoire. Il apparait que les champignons, quenouilles et têtes-de-violon pourraient valoir jusqu’à 8 M$ annuellement pour les producteurs intéressés par ces cultures émergentes.

Dans le cadre du Programme d’aménagement durable des forêts 2015-2018, le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec a mandaté Cultur’Innov de St-Camille pour mener un projet d’inventaire des PFNL dans la MRC. Suite à des virées sur le terrain, la coopérative de solidarité a récemment présenté les résultats de ce potentiel économique de récolte et de culture.

Les PFNL sont connus comme étant des produits ou sous-produits provenant de la forêt, excluant le bois des arbres. Le terme indique habituellement les feuilles, les fruits, les champignons ou les plantes qui poussent dans la forêt. Ils peuvent être utilisés dans l’alimentation, l’industrie pharmaceutique et médicinale, les huiles essentielles ou l’ornementation.

Elsa Poulin et Stéphane Demers, respectivement technicienne et biologiste chez Cultur’Innov, notent que certains PFNL se sont développés en une industrie viable au cours des dernières années, notamment les bleuets sauvages, les canneberges, les produits de l’érable et les couronnes de Noël. Bernard Ricard, directeur adjoint au Centre local de développement (CLD) du Haut-Saint-François, confirme qu’« il y a effectivement un potentiel intéressant au niveau de ces produits. Et notre objectif est de maximiser l’impact économique de ces ressources. On a longtemps pensé que, dans la forêt, il n’y avait que la partie des arbres, mais il y a de plus en plus de choses qui se développent à ce niveau-là. »

Des produits bios, locaux et écolos
Suite à l’intérêt de la MRC pour les PFNL, son territoire a été ciblé pour la réalisation de l’inventaire à l’été 2017. Les PFNL ont alors été regroupés en quatre catégories : les champignons, les érablières (culture de plantes médicinales), les quenouilles et les autres PFNL (sureau du Canada, cerisier à grappes). À titre d’exemple, les quenouilles ont des propriétés médicinales en plus d’utilisations culinaires. Le cœur de sa tige a un gout qui s’apparente à celui des cœurs de palmier. On retrouve donc sur le marché des cœurs de quenouille marinés et de la farine de pollen d’épis mâles.

La plante herbacée est d’ailleurs le PFNL qui offre la plus grande valeur annuelle potentielle sur l’ensemble du territoire avec 3 347 000 $. Suit ensuite le cerisier à grappes, ou cerisier de Virginie, dont les fruits peuvent servir à la fabrication d’alcool, avec une valeur annuelle potentielle de 2 340 000 $. Un autre arbrisseau, l’amélanchier, produit des baies dont le gout s’apparente à celui des bleuets, affiche une valeur potentielle annuelle atteignant 1 818 000 $. Le sureau blanc, avec ses baies noires, présente une valeur potentielle annuelle de 489 000 $. Finalement, la matteuccie fougère-à l’autruche, ou tête-de-violon, occupe la cinquième position des PFNL ciblés avec une valeur potentielle annuelle de 271 000 $.

Quelques entreprises et particuliers exploitent déjà les PFNL dans la région : Léo Désilets, maitre herboriste à Scotstown, la ferme La Paysanne de Bury, Ô Jardins d’Églantine maintenant à Westbury. Bernard Ricard du CLD croit qu’il y a de la place pour plus de joueurs. « On est à la recherche d’entrepreneurs qui voudraient reprendre ce potentiel. Il y a possibilité de tirer des revenus et de créer des emplois avec tout ça. Si un groupe est intéressé, notre rôle est de les appuyer. On pourrait alors leur donner un coup de main pour faire un portrait de la situation, monter un plan d’affaires, à la limite avoir du financement pour faire quelques études. »

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