Près de 150 personnes ont défilé au Manège militaire de Bury pour assister au vernissage de l’exposition de photos Parfaites telles quelles du Centre des femmes du Haut-Saint-François La Passerelle. Le projet présentait 19 clichés de femmes, accompagnés d’un texte rédigé par la modèle. La soirée se tenait dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes et a suscité son lot d’émotions, principalement chez celles qui avaient accepté de se prêter au jeu de la caméra.
Audace
D’entrée de jeu, la coordonnatrice de La Passerelle, Andrée Larrivée, a prévenu l’assistance. « Ces photos suscitent beaucoup de réactions, qu’elles soient positives ou négatives. » Trois sentinelles, ou gardiennes du respect, sillonnaient la salle pour démystifier les commentaires des spectateurs. Les photographies présentaient des corps féminins partiellement ou complètement nus.
Les thèmes représentés dans les clichés et abordés dans les textes d’accompagnement traitaient d’allaitement, de consentement et de standards de beauté. On y célébrait la diversité corporelle à travers la pilosité, les vergetures ou, encore, les traces laissées par un accouchement. Comme le résumait Valérie Cloutier-Morin : « Dans le fond, avec cette expo-là, ce qu’on montre, c’est que le plus important, c’est qu’on soit libres d’être qui on est. »
Facilement convaincues
Les 19 participantes du projet ont fait un travail préalable avant d’être prises en photo. Elles ont réfléchi en groupe à différents concepts lors d’ateliers qui encourageaient le cheminement et la réappropriation de son corps. La photographe de l’exposition, Kim Gaudreau, a été interpellée par le concept. « Ça faisait longtemps que j’avais envie de faire une exposition mettant en avant la femme, les sentiments. Bref, ça m’a vraiment beaucoup parlé. » À ses yeux, l’expérience a été inspirante. « L’œuvre est belle, mais la démarche derrière est encore plus grande. »
Julie Tremblay se trouvait dans l’assistance vu son intérêt pour la cause féministe. Elle s’implique activement auprès de La Passerelle en plus de la cellule locale de l’AFEAS à Cookshire-Eaton. « Ce que j’aime de l’exposition, c’est que ça permet à la femme d’arrêter d’avoir peur. »
Mme X, une intervenante de la Méridienne qui a requis l’anonymat, était l’une des trois gardiennes de respect de la soirée en plus d’avoir sa photo exposée. Dès la présentation du projet, elle a souhaité y participer, avant d’éprouver une certaine crainte. « Dans quoi je m’embarque ? J’avais un certain malaise de la nudité. Finalement, ça s’est bien passé. J’étais étonnamment très à l’aise devant la photographe. Personnellement, je pensais jamais faire des photos comme ça. Mais les messages revendicateurs qui viennent avec les photos, c’est ça qui est beau. »
Sa représentation et le texte qui l’accompagnait traitaient de consentement et de relation amoureuse malsaine. Pour elle, l’expérience a été libératrice. « Ça veut tellement dire quelque chose, ça a tellement une valeur ce projet-là. C’est un projet de diversité corporelle et de s’aimer comme on est puis d’arrêter de subir les pressions sociales. C’est très valorisant comme projet. Ça m’a permis d’être encore plus à l’aise avec mon corps qu’avant. »