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Le milieu communautaire épuisé lui aussi : Une journée pour recharger les batteries

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Depuis un an, les organismes et ressources communautaires sont lourdement sollicités. Le personnel et les bénévoles sont essoufflés, mais désireux de maintenir les services à la communauté. Récemment, plus de 300 personnes, représentant divers organismes communautaires autonomes de six régions du Québec dont l’Estrie, incluant le Haut-Saint-François, ont pris une pause, le temps d’une journée, histoire de recharger les batteries et échanger dans le cadre d’une journée de ressourcement virtuelle.

Dès le matin, les intervenants ont participé à des ateliers, des échanges agrémentés par la participation de l’artiste Yves Lambert. Les participants ont profité de l’occasion pour adresser un message au gouvernement soulignant l’urgence de financer les services publics et les organismes d’action communautaire autonome à leur juste valeur, afin de renforcer le filet social qui s’effrite dangereusement, estiment-ils.

En Estrie, des groupes ont été sondés à trois reprises depuis septembre et le taux d’épuisement se situe au-delà de 70 %, révèle-t-on. Sans fixer de pourcentage, on ressent la fatigue mentale et physique chez les intervenants et bénévoles dans le Haut-Saint-François. Andrée Larrivée, intervenante à La Passerelle, et ses collègues n’ont pas été en mesure de participer à la journée, prises dans le tourbillon des choses à faire. « C’est ça, les enjeux, ne pas pouvoir arrêter quand ça serait possible de le faire. » Sans parler de fatigue, Mme Larrivée mentionne que la situation pandémique « nécessite beaucoup d’ajustements. Ça, ça essouffle. Les problématiques sont plus intenses, ça fait que ça aussi ça essouffle. » Au moment de l’appel téléphonique, l’intervenante avouait que l’organisme était dans une période intense à organiser, entre autres, les activités pour la Journée internationale pour le droit des femmes. « De manière virtuelle, ce n’est pas simple. Faut être très inventives. Notre priorité demeure de réduire la charge mentale des participantes, on voit que le besoin est là. » En plein blitz de livraison de repas, France Lebrun, directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB) du HSF, n’a pas été en mesure de participer à la rencontre virtuelle. Elle admet que la situation peut être lourde pour les membres. « Au niveau du bénévolat, comme ils sont confinés à la maison, ils ne peuvent pas en faire beaucoup. C’est fatigant aussi, parce qu’ils doivent se trouver des activités, des passe-temps. Au niveau du personnel, on se remet constamment à jour, on se dit dans deux à trois semaines, ça va être quoi ? Qu’est-ce qu’on va pouvoir faire ? On est toujours en train de se réinventer. Quand on parle de surcharge mentale, on est quotidiennement là-dedans. » La pause du temps des fêtes a fait du bien, mais la fatigue accumulée d’avant cette période est revenue rapidement en janvier, ajoute-t-elle. Jinny Mailhot, directrice générale de la Corporation de développement communautaire du Haut-Saint-François, remarque un certain épuisement dans le monde communautaire. « On le sent. À chaque fois qu’il y a des fonds de disponibles en lien avec la COVID, les organismes s’empressent de remplir les demandes et se retrouvent pris à faire des redditions de compte. Ils sont comme ultra épuisés, ils ont dû se réadapter. Au congé des fêtes, les gens étaient brûlés et au retour des vacances, c’était encore la folie. » Malgré l’épuisement, Mme Mailhot ne croit pas que les services seront affectés. « Les gens ont tous le cœur sur la main, même s’il y en a qui tombe au combat, il y a des conseils d’administration qui sont là, les employés “back”. Ça peut ralentir des services sans plus. Ce sont tous des gens ultras impliqués, ultras engagés et ils se sentent de plus en plus mal de ne pas être capables de bien desservir la population. C’est comme si tout le monde marchait sur la corde raide et venait s’ajouter sur leurs épaules de la paperasse, beaucoup de paperasse. Ils ont énormément de paperasse à remplir fait qu’ils sont bien épuisés. » Mme Mailhot croit qu’il aurait été beaucoup plus simple d’acheminer plus de sous dans la mission des organismes.

« C’est pourquoi, nous tenons à rappeler au gouvernement, qu’en ces temps de pandémie, les organismes continuent de remplir leur part du contrat social. Le délestage dans le réseau de la santé et des services sociaux a un impact sur notre milieu qui se retrouve plutôt seul à soutenir le filet social. Au-delà des fonds d’urgence, nous nous attendons à un soutien du gouvernement et cela passe par nous faciliter la tâche avec l’approvisionnement en masques et l’accès à la vaccination, par exemple. Or, depuis le début de la pandémie, nous avons l’impression de toujours devoir nous battre, comme si nous quêtions. Ceci participe grandement à l’épuisement vécu par nos travailleuses et nos travailleurs », s’indigne Claudelle Cyr, du Regroupement des organismes communautaires de l’Estrie. « Nos gouvernements doivent financer les services publics et les organismes communautaires adéquatement afin de renforcer notre filet social fragilisé. Ils doivent aussi s’assurer du respect des droits humains fondamentaux », insiste Marilou Lépine-Gougeon de la Table ronde des organismes volontaires d’éducation populaire de l’Estrie.

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