Cahier automne

L’autisme raconté aux enfants : Un livre éducatif basé sur l’expérience de Gabryel

L'autisme raconté aux enfants

La page couverture du livre donne le ton à son contenu.

Entouré d’animaux comme des alpagas, des chevaux et des volailles, Gabryel Bouchard, l’aîné d’une fratrie de quatre, vit avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Dans le livre  L’autisme raconté aux enfants  qu’il a écrit avec sa mère Karine, il narre simplement ce qu’il doit faire pour gérer cette situation. Son récit est suivi par des milliers de parents à travers le monde depuis la parution du recueil et les nombreuses apparitions dans les médias télévisuels. Le site Facebook  L’autisme raconté aux enfants en témoigne.
L’écriture du livre
Tout ne s’est pas fait sans problèmes, loin de là ! À 11 ans, fort de ce désir de se comprendre et de comprendre ce qu’est cette difficulté à communiquer, il s’est associé à sa mère et à des spécialistes en tout genre pour rédiger  L’autisme raconté aux enfants. Pour lui qui a été diagnostiqué à l’âge de 10 ans, ce fut une révélation qui l’a aidé et qui l’aide à mieux gérer ce qu’il est.
Il a constaté, entre autres, que les particularités individuelles sont légion. Et, qu’elles sont propres à chaque autiste nouvellement né ou âgé, tout comme les problèmes de dyspraxie qui y sont attachés. Pour lui, écrire a été la façon la plus simple de communiquer.
Il a développé très tôt l’art de la  dactylographie qui est celui d’écrire avec ses doigts. Dans ce cas-ci, et plus spécifiquement pour Gabryel, les laisser courir sur le clavier a favorisé la communication avec son entourage. La rédaction de ce livre l’a forcé à sortir de ses derniers retranchements.
Comme il l’explique à son petit frère Nykolas, de 6 ans, chez qui on a décelé le même syndrome, « il existe plusieurs degrés d’autisme et chaque personne est unique, et les symptômes varient. » Gabryel est hypersensible tandis que Nykolas est hyposensible, c’est-à-dire qu’un des deux réagit trop alors que l’autre, peu ou pas.
Scolarisation
La route vers la scolarisation a été semée d’embuches. Mme Bouchard, qui a une formation en éducation spécialisée, a pu, par le biais de ses expériences antérieures, établir une communication efficace avec le personnel enseignant. Ainsi, Gabryel a reçu des services adaptés assez tôt dans son cheminement. Mais raconte sa mère, les démarches pour que Gabryel réussisse ont été nombreuses. Aujourd’hui, Nykolas peut en profiter. Il peut lui aussi avancer dans la vie.
La problématique des autistes n’est pas celle d’un manque d’intelligence. Il leur faut un environnement propice pour que le message soit bien entendu et qu’il ne contienne qu’une seule directive à la fois. Gabryel donne l’exemple de l’enseignante qui lui a défendu de courir dans les corridors. Il s’est arrêté. Il n’a pas imaginé qu’à la place, il aurait pu marcher, sauter, ramper. De cela, il en aurait été capable, mais la consigne a été comprise comme « la défense de continuer ce qu’il faisait », c’est-à-dire courir. La titulaire aurait dû ajouter qu’elle voulait qu’il marche. L’autisme a besoin d’une formulation claire.
Comme il l’explique dans son livre, pour faciliter l’interprétation des messages qui leur parviennent, surtout s’il y en a plusieurs en même temps, les autistes vont chercher à se retirer. Soit ils vont trouver un coin où se cacher ou ils vont se mettre à réagir vivement. En classe, on va souvent les voir avec des écouteurs spécialisés pour éviter toutes les autres stimulations afin qu’ils se concentrent sur la seule demande de l’enseignante.
L’autisme
Mme Bouchard explique que dorénavant, l’autisme se classe par degrés de difficulté à communiquer. Elle racontait qu’il avait fallu à Nykolas, son dernier, dix-huit mois avant qu’il accepte d’être touché. « Il ne communiquait même pas quand je l’allaitais, c’était le seul temps où il tolérait un contact physique », démontrait-elle.
La patience est la règle de base pour détecter les plus petits signes d’échange interpersonnel. C’est à partir de ces indices que s’établissent les premiers liens qui ouvrent sur d’autres étapes, vers de meilleures relations. « Il faut du temps et de la bienveillance pour obtenir des résultats », confiait-elle.
Les apprentissages des autistes se font par boîtes. Quand une connaissance est acquise, elle ne se perd plus. C’est le passage d’une à l’autre qui est compliqué. C’est comme s’ils se trouvaient devant un tas de briques. Ils sont capables d’en prendre une et de la déposer au bon endroit. Ce qui leur est difficile, c’est de voir qu’en en ajoutant encore et encore, ils vont construire un mur. Dès que c’est compris, ils pourront devenir d’excellents maçons, pour l’exemple.
C’est ce qui explique que les autistes sont réticents à modifier leurs habitudes. Une pomme de terre présentée pilée plutôt qu’en frite les empêchera de la manger parce qu’ils ne la reconnaîtront pas. Les forcer pourrait même déclencher une crise de colère.
Pour eux, il est très exigeant de passer du vocabulaire français à l’anglais. Gabryel excelle en français, mais il en arrache avec l’anglais. Traduire est ardu pour lui. « Ces personnes reproduisent, mais peuvent difficilement imaginer des situations. C’est ce qui est si troublant », indique Mme Bouchard.
Il existe des moyens simples pour aider à la communication. Entre autres, les pictogrammes pour exprimer leurs besoins ou leurs émotions sont d’une grande utilité. Le visage d’un autiste dépeint très peu ce qu’il ressent. Il parait sourire ou encore son regard se pose ailleurs. Il évite les contacts avec les yeux. Mme Bouchard rappelle l’incident de l’ami qui lui avait annoncé la mort de son chat. Gabryel semblait continuer de s’amuser. Choqué, son copain pensait qu’il riait de sa peine. Pourtant non ! C’est ce «poker face» qui est compliqué à décoder. D’ailleurs, pour les autistes, il est très difficile d’aller vers les autres.
La pandémie s’est avérée un bon temps pour Gabryel. Il en a eu beaucoup pour écrire ses textes et concevoir ses maquettes. Il était déçu cependant de ne pas pouvoir sortir pour promouvoir son livre. Le site Facebook  L’autisme raconté aux enfants fonctionne très bien. Il est publié aux Éditions Mortagne.

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