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Autocratie et enjeu de gouvernance en municipalité rurale : le cas du Canton de Wesbury

Opinion du lecteur

Le 4 avril dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à la séance du conseil municipal du Canton de Wesbury. Comme professeur-chercheur en économie agroalimentaire, je m’intéresse aux différents enjeux des municipalités rurales du Québec.
J’ai malheureusement assisté au désolant spectacle de citoyens vraisemblablement en colère qui s’exprimaient pour la plupart avec éloquence, mais qui ont été muselés dans leur droit de parole par un maire qui n’était de toute évidence pas en contrôle de la situation. D’ailleurs, par moment, la directrice générale semblait agir comme présidente de la séance du conseil et dictait au maire comment mettre fin aux questions des citoyens (voir l’enregistrement de la séance). Ayant occupé et occupant toujours des positions de leadership au sein de conseils d’administration, d’associations et d’instances universitaires, ce mélange des rôles a provoqué chez moi un profond malaise. Je dois par contre mentionner que les conseillers municipaux, eux, répondaient avec calme et de façon efficace, et m’ont semblé en pleine maîtrise de leurs dossiers.
Pour ajouter à mon malaise, le maire de Wesbury semble utiliser la voie juridique, aux frais de la municipalité, contre les élus et citoyens qui semblent lui présenter une certaine opposition sous forme de mises en demeure et d’avertissements avec menaces de représailles. L’article du journaliste Pierre Hébert dans le journal le Haut-Saint-François (28 mars 2022 -Supposée situation de conflit d’intérêts : Le conseiller Dolbec répond au maire de Wesbury) illustre cette situation. J’ai également été témoin, lors du conseil, de la rapidité avec laquelle le maire a accusé un citoyen de harcèlement, en lieu de réponse à la question inconfortable que ce dernier posait. Il y a ici matière à réflexion sur la manière de gérer les conflits.
Outre la situation à Wesbury, je m’interroge de façon plus large quant au fonctionnement des nombreuses petites municipalités rurales qui composent le Québec et notamment en Estrie. Faut-il revoir le système? Augmenter le niveau de formation des élu(e)s? Les modifications à la réglementation municipale (loi 49) vont-elles suffisamment loin? J’y vois un sujet d’étude d’intérêt. Il ne faut pas minimiser l’impact que peut avoir le bon fonctionnement d’un conseil municipal sur le développement économique et le bien-être des citoyens de nos petites municipalités rurales. Dans le cadre de précédentes études, il a été démontré que la création de 5 emplois en région rurale a un impact relatif similaire à celle de 100 emplois en grand centre urbain. Le mauvais fonctionnement associé à des enjeux de gouvernance, dans nos petites municipalités, peut donc être rapidement lourd de conséquences.

Maurice Doyon

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