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Écorché par la vie : Corneille prouve qu’il est possible d’être heureux

Corneille

Écorché par la vie, Corneille a trouvé le bonheur et il explique pourquoi il l’apprécie.

Sans être prétentieux pour deux sous, l’artiste bien connu, Corneille, a livré une petite leçon d’humilité en relatant sa démarche vers le bonheur. Pour lui, le bonheur n’est pas d’être dans la lumière que procure le show-business, mais dans des choses toutes simples comme de vivre en famille avec la femme qu’il aime et ses enfants qu’il adore. Et c’est pour vivre ces choses à fond qu’il s’est retiré pendant presque trois ans du monde du spectacle.
Corneille s’est adressé à une foule conquise au Centre culturel de Weedon, à l’occasion d’un témoignage dans le cadre de la Semaine de la santé mentale, qui se déroulait sous le thème Créer des liens.
Le parcours de l’artiste n’est pas banal. Né en Allemagne de parents rwandais, Corneille retourne dans le pays natal de ses parents à l’âge de 6 ans, plus précisément dans le village de sa grand-mère où l’on ne retrouve ni eau courante, ni électricité. Quelques années plus tard, la famille déménage dans la capitale. Les choses n’étaient pas plus faciles pour le jeune homme de l’époque qui avoue avoir toujours eu de la difficulté à s’intégrer. Il cherchait sa place et n’arrivait pas à trouver. À l’école, il soudoyait ses collègues de classe avec des toasts à la confiture de fraises pour faciliter son intégration. C’est à l’école internationale qu’il se trouvait le moins en marge, dit-il, où il a trouvé son compte. C’est même à cet endroit qu’il a fait sa première rencontre avec une Québécoise, Marie-Hélène Bouchard. « Elle m’a fasciné tout de suite parce qu’elle parlait un drôle de français avec un accent que je n’avais jamais entendu avant. Je pense que c’est à ce moment-là que je me suis dit : il doit se passer quelque chose dans ce pays au Québec, parce qu’ils parlent français et ne sont pas en Europe ni en Afrique francophone. Tout ça pour vous dire qu’à ce moment-là, il y a quelque chose qui est entré dans ma tête qui m’a dit un jour : tu iras au Québec et c’est grâce à Marie-Hélène Bouchard. »
Corneille survole rapidement l’épisode du génocide en 1994, témoin de l’assassinat de ses parents, deux frères et sa sœur. Encore aujourd’hui, il ne comprend pas pourquoi il a été épargné. La vraie raison pour laquelle j’étais soulagé, c’est qu’une partie de moi devait savoir la vie qui m’attendait plus loin.
Tout au long de son cheminement, Corneille cherche sa place. « Je n’ai jamais vraiment su où c’est chez moi. » Il est arrivé au Québec un peu par hasard à l’âge de 20 ans, le 27 juillet 1997. Il avait un oncle qui demeurait au Québec et c’est comme ça qu’il est arrivé en terre québécoise. À 23 ans, Corneille commence à travailler sur son premier album qui a littéralement lancé sa carrière.
« Comme je ne me suis jamais arrêté dans un lieu pour me dire : cet endroit physique, c’est chez nous. La seule fois où je l’ai ressenti, c’est quand je suis tombé en amour avec ma blonde. C’est la première fois que je me suis dit : elle et moi, ensemble, ça, ça constitue un chez-moi. » Corneille avoue avoir entretenu un lien bizarre avec la notion du chez-soi. « Comme je ne me suis jamais trouvé chez moi nulle part, finalement partout est devenu chez moi et tout le monde est devenu les miens quelque part. » L’artiste mentionne avoir eu une prise de conscience. Lors de sa rencontre avec celle qui allait devenir sa conjointe, il était au sommet de sa carrière « et je me dis, la célébrité c’est le fun, mais on dirait que ça m’intéresse de moins en moins. En 2005, quand j’ai rencontré ma blonde, j’ai commencé à dire aux gens, finalement je pense que je vais réduire ça un peu parce que j’ai envie d’avoir une vie. Je me suis rendu compte que si je fais de la musique, si je suis monté sur scène, c’était parce que j’étais en quête d’amour. Si ça n’avait pas été pour la disparition de toute ma famille et le génocide, je ne suis pas sûr que j’aurais fait de la musique. » Selon Corneille, les artistes les plus malheureux, les plus anxieux, les plus fragiles qu’il dit avoir rencontrés, c’était « toujours, sans exception, des artistes qui étaient au sommet de leur notoriété, de leur célébrité. »
« Je me suis donné le droit d’aller contre les conventions et j’ai tout arrêté. Je me suis libéré d’une grosse pression. » Corneille rappelle que son souhait est le même que lorsqu’il était jeune. « Moi, je voulais juste être et faire partie du vrai monde. J’ai toujours su que ce qui allait me rendre le plus heureux possible, c’était ma famille, ma blonde et les enfants qu’on a mis au monde. Si je suis si heureux aujourd’hui, je dois tout ça au pire qui m’est arrivé dans la vie et ça a changé ma façon de voir le monde et la vie complètement. Et il n’y a pas un jour qui passe aujourd’hui sans que je me dise : je suis chanceux dans la vie, je suis vraiment chanceux. Mais je ne vis cette chance que parce que j’ai déjà été malchanceux. »
Corneille aime bien faire des conférences. « J’avais le goût de rencontrer le monde. Quand tu fais des spectacles, tu ne parles pas au monde, personne ne te pose des questions. Après avoir écrit mon livre, j’ai trouvé un autre moyen d’expression, d’avoir le temps de dire les choses, qu’on me pose des questions et qu’on aille un peu plus loin. J’ai le goût d’aller voir le monde, leur parler de mon parcours de vie et de voir ce qu’eux ont à me dire. » Pour l’artiste, l’exercice lui permet de partager les leçons qu’il a apprises. Corneille présente des conférences depuis trois ans. Il en fait plus d’une vingtaine par année.

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