Thématiques

Vers une commémoration différente de la tuerie de Polytechnique : 12 jours contre la violence basée sur le genre

La Passerelle

Marilyn Ouellet, la co-coordonnatrice, responsable des communications du Centre des femmes du HSF, La Passerelle, a parlé de la volonté de commémorer différemment la tuerie de l’école Polytechnique de Montréal cette année.

Il n’y aura pas cette année le même genre de vigile visant à commémorer la tuerie de l’école Polytechnique de Montréal, comme les années passées. Tous se rappellent bien cette tuerie en milieu scolaire la plus meurtrière de l’histoire du Canada, survenue le 6 décembre 1989, où 14 femmes ont été tuées par Marc Lépine, et 13 autres personnes blessées, avant que ce tueur s’enlève la vie.
Le Centre des femmes du Haut-Saint-François (HSF), La Passerelle, propose plutôt une activité spéciale qui s’intitule 12 jours contre la violence basée sur le genre , qui doit se dérouler du 25 novembre au 6 décembre 2023.
« Cela vise la violence faite aux femmes, aux personnes non binaires, les violences particulières comme les féminicides, etc. Nous voulons faire les choses différemment cette année », indique Marilyn Ouellet, co-coordonnatrice, responsable des communications de l’organisme.
« Nous proposons aussi la création d’une bannière spéciale sur les violences particulières comme les féminicides, en collaboration avec la Municipalité de East Angus. Cette bannière sera accrochée à un endroit bien visible à East Angus, le 6 décembre, très tôt le matin, jusqu’en soirée. L’endroit sera une surprise. Ce sera un geste important, car les personnes auront travaillé très fort pour produire cette bannière », révèle Mme Ouellet.
« Ce sera un affichage symbolique, avec un jeu de lumière et une boule pour chaque victime, soit les 14 femmes tuées lors de cette tuerie de Polytechnique. Dans un espace commémoratif », témoigne-t-elle.
Le geste veut se draper de significations politiques. Car la co-coordonnatrice, responsable des communications du Centre des femmes du HSF, La Passerelle, ajoute : « On sait très bien que ça n’avance pas très vite », en évoquant la cause qu’elle défend en même temps que son organisme, depuis plusieurs années.
« Nous nous battons pour obtenir des services psychologiques pour celles qui sont victimes d’actes criminels, qui seraient admissibles à une aide du programme de l’IVAC. Il y a longtemps qu’on dénonce les longues listes d’attente qui prennent des mois et des années. Il faudrait un investissement massif en santé mentale. Il n’y a même pas de psychologue qui offre des services dans le HSF », s’objecte-t-elle.
Elle continue sur le même ton. « Il faut arrêter que soient banalisés les actes de violence. Il faut plus que des campagnes de sensibilisation de la population. Par exemple, en ce moment, on vit beaucoup de violence relative à la transphobie. Il y a trop de propos qui remettent en question et se moquent de l’identité des personnes. Il y a une ridiculisation au quotidien des personnes trans, par exemple, qu’on peut voir au restaurant, dans la vie de tous les jours. Il faut que les gens arrêtent de les remettre en question tout le temps. Il y en a plus qu’on pense dans la région du HSF », décrit-elle.
Et ça peut être sournois, la violence. « Il y en a certaines violences dont on n’entend pas souvent parler. Comme les programmes inefficaces d’aide au logement, qui font que des femmes victimes de violence sont obligées de rester avec leur homme tortionnaire parce qu’elles n’ont pas d’autre logement où aller se loger. Comme aussi les coûts d’épicerie qui ne cessent d’augmenter, pour les femmes qui ont peu de ressources, aussi l’augmentation des coûts scolaires », donne-t-elle comme exemples qui briment des femmes.
« Nous venons de sortir d’une série d’ateliers d’autodéfense, qui s’adressait aux femmes et aux personnes de la pluralité de genres. Il n’aurait pas fallu que ce soit la première fois qu’on entende : “Non, on a le droit de prendre notre place”. Il faut se réapproprier le droit de dénoncer des violences, c’est difficile de plus en plus de faire ça. Il y a des choses qu’on n’est pas obligées d’accepter, par exemple, durant la saison des Fêtes qui s’en vient, simplement pour ne pas briser l’ambiance des réjouissances de cette saison positive, comme une petite tape sur les fesses de la part d’un cousin ou d’un proche qui n’est pas si proche… C’est un portrait réel, pour certaines catégories de personnes vulnérables comme celles-là, pas seulement des femmes », insiste-t-elle.

Article précédentArticle suivant
©2024 Journal Le Haut-Saint-François