La 16e édition du rallye Roses des Sables est terminée. À 66 ans, la rose québécoise de La Patrie, Lise Pratte et doyenne du groupe, ainsi que sa coéquipière Johanne Roby, surnommées pour l’occasion les Intrépides du désert, ont réussi l’exploit. L’aventure réservée aux femmes ayant pour objectif d’amasser des fonds pour le cancer a rallié 250 Québécoises. Elles ont parcouru quelque 6000 kilomètres en 4×4 dans le désert au Maroc.
Cancer du sein
« Une aventure profondément humaine au cœur d’une nature sauvage à l’extrême » sont les mots utilisés par Mme Pratte dans une lettre qu’elle a adressée à l’organisation. Pourquoi ? Parce qu’au-delà de la compétition, elle déplore que celle-ci mette les voiles et terres aux médias, les histoires vécues par les femmes participantes. Elles participent pour la plupart pour conjurer le sort du cancer. Une expérience humaine avant tout est le sens donné à l’épreuve selon Lise Pratte. Les larmes montant facilement à l’œil, la doyenne se souviendra surtout des filles et des mères, amies, infirmières ainsi que toutes ces femmes que la maladie a fauchées ou touchées de près ou de loin. Il semblerait que l’organisation tente de cacher et de calfeutrer ces histoires pour faire belle figure comme il n’y a rien de réjouissant à parler de l’amertume que la maladie fauche. N’oublions pas que la raison de cet évènement est d’amasser des fonds pour le cancer.
L’expérience
Arrivées en France avec sa collègue de route Johanne Roby, elles ont eu une formation de deux jours pour apprendre les systèmes de leur 4×4. « Le truck de guerre », surnommé ainsi par l’équipage, n’avait pas d’air conditionné, les vitres étaient remplacées par du plexiglas et impossible de les ouvrir, à 60 degrés dans le désert, c’était aride. Mais Mme Pratte voulait absolument un Toyota et celui-ci en particulier, car elle savait qu’il avait fait d’autres rallyes. Celui-ci était muni de barre de protection, de pédales et d’un fond complètement en acier, d’une espèce de turbo donnant la force nécessaire en cas de besoin. Problème de batterie, d’alternateur, manque d’huile à power steering, sable, sable et encore du sable, les Intrépides du désert en ont vécu, des péripéties. Les installations, la nourriture, les douches n’avaient rien en commun à nos complexes hôteliers.
Au camp de base, l’eau n’était pas froide, mais plutôt tiède, voire même chaude, explique Mme Pratte. Pour déjeuner, elle s’était apporté des shakes, elle a vite laissé tomber le projet.
L’aventure n’est pas une course, mais une épreuve d’orientation. Chaque jour, compas à la main, elles ralliaient les points de carte établie. Se rendre à l’arrivée, selon le parcours mis en place, le tout en effectuant le moins de kilométrage possible sans négliger de passer au point de contrôle pour rentrer avant la nuit, est le but ultime d’une journée. Pour éviter la noirceur « on se foutait bien des contrôles, on voulait juste arriver pas trop tard », s’exclame en riant, Mme Pratte. « Les filles nous disaient: crime, vous avez roulé », ricane-t-elle. Inutile de vous informer du classement obtenu des Intrépides, elles n’étaient pas là pour les points tant que pour la réalisation de soi.
Ayant déjà beaucoup voyagé, de son expérience comme avocate, recherchiste juridique et coach professionnelle, la doyenne expérimentée a su gérer le stress et les évènements de l’aventure avec positivisme. « Je ne retourne jamais à la même place, mais pour une autre expérience, je le ferais », conclut-elle.