Un grand dérapage qui dérange

UNE-Dérapage

La simulation d’un accident mortel organisé pour les étudiants de 4 et 5e secondaire de la Cité-école Louis-Saint-Laurent, à l’aréna Robert-Fournier d’East Angus, en a ébranlé plus d’un. L’activité présentée pour une troisième fois a pour but de sensibiliser les jeunes sur les réels dangers causés par le textage, l’alcool et la vitesse au volant.

Un court métrage a été projeté sur écran géant où quelques élèves de la Cité-école en étaient les comédiens. On voyait une bande de jeunes fêter et consommer de l’alcool, jusqu’à ce qu’un d’entre eux, Jérémy, décide d’aller prendre une ride d’auto avec ses chums. Bien qu’un ami ait tenté, tant bien que mal, de le résonner de ne pas prendre sa voiture, Jérémy était convaincu être en parfait état.

Décidément, le conducteur avec les facultés affaiblies et trois amis ont pris place dans la voiture; ils ont roulé, de plus en plus vite, le cellulaire à la portée des yeux. Soudain, le son des pneus qui tentent de freiner, un gros bang se fit entendre, klaxon, le noir, le silence total. Jérémy est sorti de sa voiture, ensanglanté, son ami à droite ne répondait pas. Un homme gisait, ayant passé au travers du pare-brise de la voiture impliquée dans la collision. Toute une scène se déroulait sous le regard attentif des élèves.

Les pompiers et la police sont arrivés sur les lieux, Jérémy paniquait; vite fait, ils ont mis une couverture sur le jeune gisant sur le capot de l’autre voiture. Son amie Véronique, la passagère arrière, suppliait son chum de se réveiller. En vain, les ambulanciers l’ont sorti avec les pinces de désincarcération, ils ont tout tenté, mais les signes vitaux était trop faibles, son décès a été constaté. Jérémy a dû souffler dans l’alcooltest et a été mis en état d’arrestation pour avoir conduit avec des facultés affaiblies par l’alcool et ayant causé la mort. Devant un public hypnotisé, la mise en scène a eu l’effet escompté.

Sensibiliser les jeunes des dangers sur la route est l’objectif que s’est donné Renée Montgrain, présidente du conseil d’établissement, avec la collaboration de la Cité-école, le directeur André Lachapelle, les enseignants Jean Lavigne et Rosalie Nadeau, les élèves, les pompiers, ambulanciers et la ville de East Angus. « Si on a sauvé un jeune, ma job est faite, leur vie, j’y tiens », mentionne Mme Montgrain. Elle ajoute « Mon frère avait 30 ans lorsqu’il est décédé parce qu’il était embarqué avec un conducteur qui n’avait pas de permis de conduire. »

La cité-école avait prévu un soutien après la simulation pour ceux qui ont besoin de support. Malheureusement, beaucoup d’écoliers étaient sous le choc.

Devant quelques jeunes émus, larme à l’œil, le directeur dit « il ne faut pas s’empêcher de faire un exercice comme ça, car en même temps, on a tellement d’autres jeunes que ça les fait réfléchir, c’est un mal nécessaire, le prix vaut la peine, le prix pour la vie », témoigne M. Lachapelle. Mme Montgrain, tenant la cause à cœur, a fait une longue route pour aller chercher un témoin vivant d’un accident de voiture causé par un texto en trop au volant. Amélie Croteau, une jeune femme de 26 ans, est aujourd’hui en fauteuil roulant après avoir texté à son conjoint « bonne journée ». En relavant sa tête, elle a fait une collision frontale qui aurait pu lui coûter la vie. Depuis, elle ne peut marcher et elle souffre d’une paralysie du côté droit.

Victime d’une conséquence tragique, elle a livré un touchant témoignage. Aujourd’hui, Amélie se concentre sur sa réhabilitation et offre des conférences. Elle a d’ailleurs écrit un livre Fatal texto, La fin d’un beau rêve, qui est publié aux Éditions La Semaine.

Un agent de la Sûreté du Québec du secteur rappelle que trop souvent les gens ont la pensée magique que ça arrive juste aux autres « Ça ne me tente pas d’aller annoncer le décès de quelqu’un, c’est ma hantise », témoigne le policier qui travaille sur le territoire depuis 15 ans. Daniel Gauthier, pompier volontaire à East Angus depuis 19 ans, fait mention qu’il y a une certaine amélioration pour la consommation de l’alcool. Cependant, le problème, c’est le texte et la drogue, pour la boisson, il semble que les gens ont appris. Sans avoir de statistiques, M. Gauthier mentionne « ça arrive malheureusement que je doive aller chercher des jeunes qui sont décédés sur la route. » Le pompier ajoute « avant y en avait pas de textos, soyez prudent. » Véronique Bibeau, comédienne et étudiante en secondaire 5, mentionne avoir déjà perdu un proche des suites d’un suicide et ne veux pas en perdre un autre, « ça fesse vraiment beaucoup », mentionne-t-elle. « On fait comme si c’était vrai et on essaie de le vivre à fond; en tant que comédien, si on le ressent, on veut que les autres le ressentent aussi », souligne Jérémy, en indiquant avoir son permis et faire très attention.

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