L’ex-footballeur Étienne Boulay mène un combat de tous les jours

ACTU-Étienne

Se définissant comme un excessif, le footballeur à la retraite et ex-joueur étoile des Alouettes de Montréal, Étienne Boulay, admet que son trait de caractère l’a mené aux plus grands honneurs comme au plus bas fond en raison d’abus de drogues et d’alcool. Aujourd’hui, il admet que son combat pour rester sobre en est un de tous les jours, mais c’est possible d’y arriver lorsqu’on sait bien s’entourer et capable de demander de l’aide.

Celui qui prenait plaisir à rudoyer et projeter ses adversaires au sol a été renversé par son excessivité. L’homme de 34 ans en a surpris plus d’un par son humilité. Celui qui s’était forgé une réputation de dur à cuire a su toucher la soixantaine de personnes réunies au Centre communautaire de Weedon, à l’occasion de la Semaine de la santé mentale. Le conférencier n’a pas hésité à se présenter tel qu’il est, et cela en dépit de moments émouvants lui nouant la gorge par occasion.

Cet exercice auquel se prête l’ex-athlète, il le fait pour aider les autres, mais avant tout parce que ça lui fait du bien. « La première personne que j’aide, c’est niaiseux à dire, mais c’est moi. Ça me rappelle d’où je viens et/ou je ne veux plus retourner », d’exprimer Étienne Boulay.

L’athlète a raconté comment son excessivité lui a permis de gravir les échelons et atteindre des niveaux qui pouvaient sembler inaccessibles compte tenu de sa taille relativement modeste pour un joueur de football. Sa détermination et sa discipline personnelle lui ont permis de faire l’équipe professionnelle des Alouettes de Montréal à sa première tentative, d’obtenir le titre de recrue de l’année et plus tard, joueur canadien de l’année, en plus de remporter trois coupes Grey.

Populaire, adulé de tous, Étienne Boulay est tombé de bien haut. Victime de commotions cérébrales répétées, la consommation abusive de pilules pour calmer le mal, l’ajout sournoisement de drogues et d’alcool a rapidement entraîné l’homme vers le fond. Problème de consommation, performances moins bonnes sur le terrain poussent l’athlète à mettre abruptement, en 2012, un terme à sa carrière. S’enchaînent les problèmes de couple conduisant à un divorce difficile, guerre pour la garde de l’enfant, bref un cocktail qui n’avait rien de bon. Épuisé, conscient qu’il ne tenait pas ses promesses, développant des conflits avec tout le monde et qu’il causait de la peine à ses proches, Étienne Boulay tente en 2014 de mettre fin à ses jours. Ce qu’il s’efforçait à cacher éclate donc au grand jour.

À son réveil, l’homme se rend bien compte qu’il a besoin d’aide. Il s’inscrit dans un centre de thérapie et s’abstient pendant 1 an et demi. Ce processus lui donne confiance et croit être capable de contenir sa dépendance. Il va même à consommer un peu d’alcool, ce qui semble bien aller au début. Mais rapidement, il sombre à nouveau en y ajoutant de la drogue. « Je me sentais imposteur quand j’ai retombé. Je n’étais pas capable d’admettre que j’avais un problème. J’ai finalement dit que j’avais besoin d’aide et je suis rentré à nouveau en thérapie. »

Sorti en février dernier, Étienne Boulay mentionne qu’il apprend à se connaître. « Je vis avec la réalité que je ne peux pas consommer. C’est un combat de tous les jours. Je ne peux pas penser trop loin. Faut que je fasse attention. » L’idée de devoir prendre la route et dormir dans des hôtels effraie le jeune homme, car il sait que ça, fréquemment, était une source de rechute dans le passé. « Quand je dois faire de la route, je ne pars plus seul. Il y a toujours un membre de ma famille, un chum qui m’accompagne. Je vois un thérapeute une fois semaine. Ma maladie me fait peur. Je ne peux pas dire que j’accepte de l’avoir, mais il faut que j’y fasse face. Je me rends compte que ça ne sert à rien de se battre tout seul. C’est important de bien s’entourer et de demander de l’aide. »

Interrogé à savoir pourquoi il avait accepté l’invitation à Weedon, l’athlète de la Montérégie mentionne « parce que c’est un organisme en santé mentale, ce n’est pas trop loin et je n’avais pas à découcher. » Satisfait de l’échange avec le public, Étienne Boulay ajoute « J’ai passé par plein d’émotions ce soir. Il y a des affaires vraiment incroyables qui m’arrivent. Plus que je prends soin de moi, plus la vie me redonne. » Conscient du bien qu’il peut faire par ses conférences, l’homme de 34 ans insiste sur le fait qu’il faut apprendre à s’accepter tel qu’on est.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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