Annoncée en janvier dernier, la construction de la microbrasserie à Cookshire-Eaton tarde à se concrétiser. La réalisation du projet évalué à 3,4 M$ n’est pas encore certaine. Le conseil municipal a adopté à la majorité de 4 contre 2 d’autoriser le cautionnement pour un montant de 1,4 M$ pour la Corporation de développement Cookshire-Eaton Innovation, chargée de construire et louer le bâtiment. Toutefois, la procédure exige la tenue d’une signature de registre. La population risque donc d’avoir le dernier mot. Trois séances publiques d’information sont prévues les 8, 9 et 10 août à compter de 19 h 30 aux centres communautaires de Sawyerville, de Johnville et à la salle Guy-Veilleurx de Cookshire.
C’est lors d’une séance spéciale qui a duré plus d’une heure et demie et à laquelle participaient les membres de la Corporation de développement Cookshire-Eaton Innovation, une représentante de Cœur Villageois, des gens d’affaires et les promoteurs que les élus ont pris le vote. Le conseil municipal avait déjà adopté une résolution cautionnant le projet en mai dernier. Toutefois, il a dû reprendre l’exercice selon la Loi sur les immeubles industriels municipaux puisque le montant prévu dépasse 1 % des dépenses du budget municipal qui s’élève à près de 8,5 M$. En fait, le montant de la caution représente 16 % du budget annuel d’où le processus en cours.
La majorité des intervenants ont manifesté leur appui au projet en précisant les retombées économiques et autres. Céline Blais, présidente du comité Coeur Villageois, a rappelé l’importance de la microbrasserie comme produit d’appel au niveau touristique et le lien avec le Coeur Villageois. Elle ajoute que Tourisme Cantons-de-l’Est prévoit déjà un circuit Le tour des brasseurs des cantons dans lequel pourrait s’inscrire la future brasserie des 11 comtés. « Ça nous amène des gens ici », lance-t-elle. Homme d’affaires impliqué dans son milieu, Gilles Denis soutient le projet. « Je ne sais pas comment ils ont fait. Ça prend des gens solides pour convaincre tous les intervenants économiques qui appuient le projet. Je suis impressionné. C’est le plus beau projet que j’ai vu. La microbrasserie s’accroche bien à la locomotive de Coeur Villageois. »
Un des quatre promoteurs, Sébastien Authier, a fait lecture d’une lettre d’appui de l’UPA Estrie qui souligne l’apport de l’entreprise pour les producteurs agricoles de l’Estrie et du Haut-Saint-François. M. Authier mentionne qu’un agriculteur du territoire fait déjà pousser des herbes en prévision de la microbrasserie. Tourisme Haut-Saint-François appuie également le projet en soulignant que l’agroalimentaire, notamment le plaisir de la table, est un des créneaux porteurs en matière touristique. En réponse à la conseillère Sylvie Lapointe, le promoteur mentionne que des efforts sont déployés afin d’assurer un maximum de retombées avec les entreprises locales au moment de la construction. L’entrepreneur Gératek aurait déjà contacté un entrepreneur local, de mentionner M. Authier.
Soirée d’information
L’idée de tenir des soirées d’information sur la nature du projet a semblé rallier la majorité. M. Authier de concert avec la Corporation de développement Cookshire-Eaton Innovation, qui est chargée de livrer le bâtiment, s’engage à tenir des séances publiques d’information sur le projet. « Les promoteurs, on sera sur place pour répondre aux questions. Comme est-ce qu’on est capable d’affronter ce risque ? Le but est de convaincre les gens que le risque financier est raisonnable », d’exprimer M. Authier. Marc Turcotte, membre de la corporation de développement, souligne l’importance de tenir cet exercice. « L’impact économique est intéressant. Par contre, il est important de donner l’information pour que les gens s’accaparent le projet. Il y a une crainte face au registre, mais si on donne l’information, ça va faire vivre le projet », précise-t-il. Le conseiller Pierre «Pete» Lachance en a fait une condition pour voter en faveur de la caution. D’ailleurs, chaque conseiller s’est exprimé sur le projet avant le vote. Les élus Amanda Hamel et Yvan Tremblay ont mentionné les raisons motivant leur désaccord. Mme Hamel croit que le développement doit incomber à la corporation de développement sans impliquer financièrement la ville. M. Tremblay mentionne qu’il est d’accord avec le projet, mais que le montage financier impliquant la municipalité à la hauteur de 1,4 M$ pour 100 % du volet bâtiment ne lui convenait pas. Les autres conseillers ont tous souligné l’importance et l’apport du projet pour la communauté. Précédent le vote, Vincent Cloutier, consultant senior à la Corporation de développement Cookshire-Eaton Innovation, a rappelé que les élus étaient déjà au fait du dossier et des ajustements effectués en cours de route. Mentionnons que les termes du bail prévoient notamment une location pour une période de cinq ans à raison de 8 000 $ par mois avec option d’achat.
Au terme de la rencontre, le maire de Cookshire-Eaton Noël Landry s’est montré satisfait, mais n’a pas été tendre envers les élus qui ont manifesté leur opposition. « Je ne comprends pas que les gens ne fassent pas tout ce qui est à faire pour sauvegarder le projet de 3,5 M$. On ne peut pas balayer ça pour une question de caution. La ville cautionne la corpo qui est propriétaire du terrain et du bâtiment. La corpo n’ayant pas d’actif, l’institution financière lui demande une caution de la ville. »
Registre
Mentionnons que la signature du registre se tiendra le 14 août de 9 h à 19 h à l’hôtel de ville de Cookshire-Eaton. Seulement les personnes s’opposant à la résolution de cautionnement doivent signer le registre. Si le nombre de 416 opposants est atteint, le conseil municipal devra trancher s’il va en référendum sur la question ou abandonne. Le maire Landry a laissé entendre que l’organisation d’un référendum engendrait des coûts de 10 000 $. « La municipalité n’embarquera pas là-dedans », complète-t-il.
Promoteurs
Entouré des autres promoteurs, Martin St-Pierre, Mathieu Garceau-Tremblay, Émilie Fontaine, M. Authier se dit satisfait de la rencontre même si le processus entraîne des délais, du stress et de l’anxiété additionnelle. Pour M. Authier, il est important que la population soit informée. « C’est une bonne occasion pour présenter le projet et en parler avec la population. » Le groupe semble confiant quant à la réaction de la population. Dans l’hypothèse que le projet soit accepté, la construction pourrait débuter vers septembre. Cela aura pour impact de retarder la production et de rater la période lucrative des fêtes. Un des membres mentionne qu’il existerait 170 microbrasseries au Québec, un marché en pleine expansion et seulement quelques-unes auraient fermées pour des raisons financières. Les promoteurs insistent pour dire que leur intention n’est pas que de produire, mais de s’établir dans le Haut-Saint-François. « Nous, on veut être là pour les 50 prochaines années et plus. » Mentionnons que le couple de Mme Fontaine et M. Authier demeure à Weedon.
Caution de 1,4 M$ de la ville pour le bâtiment de la microbrasserie
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