Le Centre local de développement (CLD) du Haut-Saint-François en est à développer un projet de mise en valeur des paysages et de la culture. À terme, Espace Sheds constituera un circuit d’une douzaine de sheds construites et éparpillées à travers la MRC.
La shed de Hampden
La première de ces sheds vient tout juste d’être terminée à Hampden. Celle-ci est située face à l’entrée du secteur Franceville du parc national du Mont-Mégantic. Elle constitue également une des haltes de la piste multifonctionnelle du Parc du marécage des Scots. Deux thèmes y sont abordés: les premiers colons établis dans le secteur, duquel tire son nom le chemin de Franceville, et l’ancienne mine du mont Mégantic.
Entre 1929 et 1955, plusieurs petites ouvertures de carrière ont été pratiquées à flanc de coteau sur le versant nord-ouest du mont. De la syénite, roche semblable au granite, y a été extraite. Celle-ci a été utilisée pour certaines pierres tombales du cimetière de Scotstown et sur les chantiers de construction de la région.
Suite à l’exode d’une importante partie de sa population vers les États-Unis, la province du Québec tente d’attirer des immigrants français. Une quinzaine de familles s’établissent dans les environs du chemin de Franceville entre 1870 et 1914. Parmi elles, les Constant, Fongellaz, Gabert, Oisel, Laumaillier, Pinoteau.
Un projet en deux phases
Par le biais d’Espace Sheds, le CLD poursuit des objectifs de mise en valeur et de protection du patrimoine, en plus de favoriser la rurbanisation, soit l’attraction et la rétention de la population. L’organisme souhaite aussi bonifier l’expérience des visiteurs empruntant le Chemin des Cantons et la Route des Sommets.
La préparation du projet a débuté en octobre 2014. Pour ce faire, le CLD est aidé financièrement par le ministère de la Culture et des Communications et la MRC. Après quatre années de repérage de lieux, de recherche documentaire et de représentation auprès des municipalités, la première phase sera inaugurée vers le milieu de l’année 2018. La seconde et dernière devrait suivre l’année suivante.
Dans un premier temps, le CLD vise dévoiler un total de 7 ou 8 sheds. Celles-ci se retrouveront entre autres à Weedon, East Angus, La Patrie et Cookshire. Un coup le projet complété, l’objectif sera d’avoir une shed par municipalité ou canton. Julie Pomerleau est l’agente de développement culturel derrière Espace Sheds: « Nous avons une bonne collaboration municipale. Les maires sont emballés et très participatifs. C’est un projet rassembleur. »
« À Weedon, la shed se retrouvera au Parc du barrage. À La Patrie, le site devrait être à la halte routière située au milieu de la ville. La poétesse Éva Senécal [native de l’endroit] y sera à l’honneur », détaille Mme Pomerleau.
Entre le cabanon et la grange
L’agente de développement culturel avoue que le choix du terme shed a été un enjeu lors de l’élaboration du projet. On aurait préféré lui trouver un équivalent français, mais, au final, aucun ne venait se substituer parfaitement à l’anglicisme. « Une shed, c’est plus gros qu’un cabanon, mais plus petit qu’une grange. On ne fait pas non plus un circuit touristique de cabanes ou de hangars. Finalement, ça désigne une réalité régionale qui nous est propre. C’était exactement le mot qu’il nous fallait. » C’est ainsi qu’Espace Sheds a été présenté puis accepté.
En se promenant en campagne, on voit encore beaucoup de ces petits bâtiments agricoles en bois. Les sheds modernes construites dans le cadre du projet en sont donc un rappel. « Elles auront toutes en commun d’être faites en bois et d’avoir un toit de tôle. Le bois vient ici rappeler la ruralité en même temps que la forêt, très présente dans la région. »
À terme, deux modèles de sheds modernes seront accessibles pour le public. Les permanentes offriront points de vue et contenu informatif, alors que les petites ne mettront qu’en valeur le paysage, mais seront mobiles. Dans tous les cas, chaque shed sera unique et inspirée du lieu.
« Dans nos sheds, on veut créer une bulle temporelle où il fait bon relaxer et s’imprégner du moment », explique Julie Pomerleau. Par exemple, la shed de Hampden comprend un double banc allongé sur lequel on peut s’installer pour lire ou regarder le ciel.
L’agente du CLD n’hésite d’ailleurs pas à comparer chaque shed à un objet d’art. La firme Pittoresco s’occupe de la conception de ces bâtiments remis au goût du jour. L’entreprise avait réalisé les installations de la Voie des pionniers, un circuit à saveur historique dans la Vallée de la Coaticook.