Jacinthe Roger de Finition Jaro

Pendant ses études en chant classique, Jacinthe Roger se voyait vivre la vie d’artiste intello une fois arrivée à l’âge adulte. Elle ne se doutait pas que, à peine quelques années plus tard, elle serait une femme manuelle à la tête d’une entreprise de finition intérieure.

On peut tout de même dire que celle qui est à la tête de Finition Jaro a réalisé son rêve de carrière. Elle a quotidiennement recours à sa créativité pour compléter les divers mandats qui lui sont confiés. Elle doit également faire preuve d’une grande rationalité en tant que gestionnaire et propriétaire d’une entreprise qui emploie jusqu’à six personnes en haute saison. La seule chose qui diffère de son objectif initial, c’est que Jacinthe Roger n’a pas le temps de chômer !

Son initiation au monde de la peinture s’est faite un été en tant que peintre étudiante pour Collège Pro. Mme Roger a par la suite travaillé chez Décoration King à Sherbrooke. « Ça a été une véritable école. » De la peinture résidentielle et commerciale, la propriétaire de Jaro migre lentement vers l’industriel. « Rendus là, on ne calcule plus en gallons de peinture. On compte l’inventaire en poids. »

Les astres s’alignent
Après cinq années, n’étant plus certaine de vouloir poursuivre, Jacinthe Roger quitte Décoration King. « Ça a été le seul moment de ma vie où j’ai été au chômage. » La pause ne durera pas longtemps puisque le téléphone se mit à sonner. Encore aujourd’hui, la principale intéressée n’est pas certaine de qui l’aurait référée. « On me demandait “Ça a l’air que tu fais telle affaire ? ” Sans trop savoir, je répondais “Oui ! ” C’est comme ça que je me suis mise à faire des sidelines pour d’autres peintres. »

Avec l’argent des premiers contrats, Jacinthe Roger en profite pour s’acheter du matériel. Au même moment, son frère Marco démarre Vitrerie Miroplex à Ascot Corner. Il a un peu d’espace inutilisé. La sœur s’y installe un premier atelier démontable.

Les mois se succèdent sans que le téléphone ne cesse de sonner. Jacinthe Roger fait bâtir une rallonge, comme ses affaires et celle de son frère vont bien. Après trois années à être de plus en plus à l’étroit, la peintre acquiert une maison sur le chemin Bélanger à Ascot Corner dans le but d’y bâtir un garage servant d’atelier à son entreprise. Elle n’en a plus vraiment le choix comme ses activités sont plus ou moins compatibles avec celles de la vitrerie. Mme Roger passe 80 heures par semaine à pulvériser de la peinture au fusil alors que, tout près, des pièces de verre devant être exemptes de poussière sont en cours d’élaboration.

C’est vers cette même période qu’un premier employé intègre l’équipe de Finition Jaro. Aujourd’hui, sa main-d’œuvre varie entre 5 et 6 membres, au gré des contrats. « Je trouve que c’est une bonne taille. D’autres entrepreneurs m’ont dit qu’à partir de 7-8 dans l’équipe, tu perds un peu de contrôle sur la qualité par exemple. » Bien qu’elle n’ait pas exclusivement eu des employées, Jacinthe Roger considère la finition comme un domaine féminin. « Je le vois dans les détails, la minutie. Les employées que j’ai eues étaient en général plus perfectionnistes que les hommes. Les hommes de l’équipe font généralement la job de bras. Ils font la préparation des commandes et l’installation à domicile. »

Le service à domicile est d’ailleurs la spécialité de Finition Jaro. « On installe une tente de pulvérisation en plastique, puis on peinture au pistolet. Ça peut être pour des escaliers, des caissons d’armoires, des murs de lambris. C’est un service rapide qui peut prendre de deux à trois jours », indique Jacinthe Roger. « Ça fait aussi que c’est plus compliqué quand je recherche des employés, comme en ce moment. C’est des postes peu connus. Aussi, le peinturage se fait dans un environnement difficile. Il peut y avoir un stress de prestation lorsqu’on travaille chez les gens. Sinon, de manière générale, il y a le fait que tu es exposée à des produits chimiques. C’est souvent des femmes de plus de 45 ans avec beaucoup d’expérience qui ont travaillé ici. »

Malgré son parcours, Jacinthe Roger ne se considère pas comme une femme d’affaires. « J’aime ce que je fais, puis, en plus, ça rend les gens heureux ! » Celle qui n’a pratiquement jamais fait de publicité en 14 années d’existence bénéficie d’un bon réseau de contacts. « Je n’ai pas le sens du marketing développé. Je vais beaucoup fonctionner par référencement, auprès de collaborateurs. J’envoie même des clients à des compétiteurs des fois ! Ça va arriver que le téléphone ne sonne pas et je vais paniquer, puis, tout d’un coup, on aura trop de contrats et je vais souhaiter ralentir. Je crois que rien n’arrive pour rien et que la pensée crée. Il y a beaucoup de synchronicités dans ma vie. »

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Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
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