La rivière Eaton gruge les terres de la Ferme J. Omer Dionne de Cookshire-Eaton

Riviere Eaton

Pierre Dionne, propriétaire de la ferme J. Omer Dionne, lance un cri d’alarme à la municipalité de Cookshire-Eaton ainsi qu’à la MRC du Haut-Saint-François. La rivière Eaton, qui longe ses terres du chemin du Bassin, présente des problèmes d’érosion des berges et d’inondations. « J’ai dû perdre 4 ou 5 acres à date », estime le producteur de pommes de terre.

Le Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF) a publié en 2006 une analyse stipulant que « des inondations répétitives se sont produites à Cookshire, sur la rivière Eaton. On y associe également un risque d’embâcles au même endroit. » Les problèmes qui en découlent incluent l’érosion des berges.

C’est ce que M. Dionne a constaté ces dernières années. « Il y a eu de grosses inondations au printemps, il y a trois ans. J’ai eu des tas de 30 pieds de haut de débris et de blocs de glace qui se sont ramassés sur un de mes champs. Ça a arraché 2 pieds de topsoil. Les arbres étaient plumés sur 7-8 pieds. »

Pierre Dionne a grandi sur les terres de la ferme familiale. Il a pu constater les changements au fil des décennies. « Avant, c’était du terrain planche ici. » On constate aujourd’hui des dénivellations qui s’accentuent en approchant de la rivière Eaton. Des cratères seraient même apparus, l’un d’eux ayant plus de deux mètres de profondeur et cinq de diamètre.

L’environnement avant le rendement
Charles Laforest est aménagiste à la MRC du Haut-Saint-François et l’une des personnes-ressources de la politique de gestion des cours d’eau. Celui-ci confirme que l’érosion est un phénomène naturel normal et que la MRC n’est pas tenue de l’enrayer.
« La rivière Eaton est particulière vu son fond de cailloux. Elle est très dynamique et c’est vrai qu’elle tend à se déplacer. On le voit avec des photos aériennes prises au fil des années. »

Le fond rocailleux de la rivière entraine la formation de berges ou plages de galets au gré des changements de saison. Par le passé, Pierre Dionne enlevait lui-même le gravier du cours d’eau pour le garder creux et étroit. « Aujourd’hui, ça prendrait 3000 à 4000 charges pour enlever ce gravier-là », déplore-t-il. « La rivière élargit et dévie de son parcours à cause de ça. Il faut creuser pour ôter les bancs. Il est temps que le gouvernement fasse quelque chose. »

Charles Laforest confirme qu’il s’agit là d’une ancienne méthode de faire. « Avant, le gouvernement faisait creuser des cours d’eau pour favoriser l’écoulement et le drainage. Pour les agriculteurs de l’époque, ça a donné l’impression qu’il s’agissait de la chose à faire. Mais maintenant, il y a des considérations environnementales. On évite le creusage et les interventions parce que c’est nocif. On privilégie l’environnement avant le rendement des terres. »

Stabiliser les rives
Lors de notre visite des terres de Pierre Dionne, il était possible de voir des arbres pencher au-dessus de la rivière Eaton, alors que leurs racines étaient à demi exposées à l’eau. « C’est dommage parce qu’on perd des terres productives près de la rivière. C’est pollué de gravier ici », conclut l’agriculteur.

Charles Laforest rappelle que des options s’offrent aux riverains qui voient leur terrain modifié par un cours d’eau. Dans un premier temps, il y a l’option végétale qui consiste à planter des arbustes et de la végétation qui viendront renforcer la rive avec leur réseau de racines. « Mais parfois, il faut pas juste des plantes pour régler le problème. Il y a toujours la solution de l’enrochement. » Lorsqu’il s’agit d’une petite intervention, le citoyen est invité à contacter sa municipalité qui procédera alors elle-même aux travaux ou recommandera les services d’un entrepreneur. Dans les cas de plus grande ampleur, la MRC est la seule à pouvoir déposer une demande d’autorisation au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

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Jean-Marc Brais
Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
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