À l’instar des 36 autres Tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (TGIRT) au Québec, celle de l’Estrie a pour but d’assurer la prise en compte, dans la planification forestière, des intérêts et des préoccupations des personnes et organismes touchés par les activités d’aménagement forestier, ce qui n’est pas toujours évident.
En Estrie, 91 % des forêts sont privées 730 000 ha, pour 9 200 propriétaires. Or, 9 % de la superficie forestière soit 80 000 ha appartient à l’état donc public. « Compte tenu de l’accessibilité relative des forêts privées, les territoires forestiers publics sont très sollicités », de mentionner Jean-Paul Gendron, président de TGIRT Estrie. L’organisme doit donc coordonner et gérer « dans le meilleur intérêt des utilisateurs du territoire public, et surtout dans une optique de durabilité écosystémique, les visées de tout un chacun groupes et entreprises manifestant des prétentions d’usage de cette forêt publique certes très petite en superficie, mais riche de potentiels », d’ajouter M. Gendron.
Au-delà de la stricte récolte de bois, l’ensemble des usages, selon la loi, doit être coordonné par une table régionale mettant à contribution les porte-paroles des principaux organismes et structures régionales ainsi que les représentants du MFFP interpelés par la vocation de ce territoire. La TGIRT Estrie est une table de concertation régionale à laquelle siègent plus d’une douzaine de personnes incluant également des représentants des MRC du Granit, des Sources et du Haut-Saint-François, dont une représentante des Premières Nations Abénakis.
La coordination au sein de l’organisme se fait entre autres à partir de valeurs bien établies comme l’approvisionnement en matière ligneuse, la cohabitation harmonieuse des usagers, la production acéricole, le patrimoine paysager, les retombées régionales de la mise en valeur du territoire public, l’accès routier aux territoires publics, la biodiversité des milieux naturels, l’acquisition et l’intégration des connaissances.
« La concertation s’impose et chaque usager doit apprendre à partager le territoire en fonction des valeurs adoptées par l’ensemble. Foresterie durable, faune, activités de plein air, biodiversité, régime hydrique, paysages, accessibilité, droits ancestraux des Premières Nations sont autant de valeurs qui doivent animer la Table en fonction de la durabilité de l’écosystème et de son apport significatif aux dimensions économiques, sociales, culturelles et environnementales de l’Estrie », d’insister M. Gendron. Cela amène donc la TGIRT à composer avec les entreprises forestières, acériculteurs, chasseurs, randonneurs, écologistes, municipalités et la Sépaq qui se partagent un territoire fragmenté inégalement réparti dans la partie est de la région.
Le territoire public est donc fragmenté entre la Sépaq (parc Orford, parc du Mont-Mégantic, parc Frontenac), deux réserves écologiques (Samuel-Brisson et Gosford), la Forêt habitée Gosford (géré par la municipalité de Woburn), la Zec Louise-Gosford, la Zec Saint-Romain, des acériculteurs en location (1 200 000 entailles) et les parcs régionaux du Mont-Ham (MRC des Sources) et du Marécage des Scots (MRC du Haut-Saint-François). Les superficies accessibles aux forestiers pour la récolte de produits ligneux est de 37 500 ha couvrant surtout la zone frontalière de la MRC du Granit et quelques étendues dans les MRC voisines. La partie Louise (Zec Louise-Gosford), la Zec Saint-Romain et les deux parcs régionaux sont sujets à la récolte de bois par les bénéficiaires de garanties d’approvisionnement (BGA).
Soulignons que la possibilité forestière, donc de récolte, de l’UA 051-51 est établie par le Forestier en chef du Québec. Pour la période (2014-2017), sur une possibilité moyenne annuelle de 60 400 m3s, la récolte effective oscille autour de 74 % de ce volume, soit quelque 1 200 camions-remorques.