L’art de bien préparer sa production horticole

Émilie Turcotte-Côté pratique l’horticulture biologique sur la ferme familiale à Bury, depuis à peine trois ans. La jeune femme, agronome de formation, s’est montrée stratégique dans la préparation de son projet de telle sorte que sa production est pratiquement toute vendue avant même de planter les premiers semis.

Mme Turcotte-Côté produit principalement quatre sortes de courges ; spaghetti, butternut, délicata et poivrée. Le gros vendeur, admet-elle, est la courge spaghetti. Mais la production ne se limite pas à ce légume, il y a aussi les fraises d’été et d’automne, les melons d’eau et de miel, les cantaloups, les pommes de terre et sa passion, les fleurs. L’appellation Les Jardins d’etc reflète bien l’esprit dans lequel œuvre cette productrice à temps partiel. Au départ, explique-t-elle « je ne savais pas exactement ce que j’allais faire ; le nom Les Jardins d’etc me donne de la latitude. »

Mme Turcotte-Côté s’est portée acquéreuse de la ferme familiale en 2015. « Chez nous, la ferme familiale c’est de mère en fille », lance-t-elle en souriant. Si Mme Turcotte-Côté ne savait pas quoi produire au départ, elle savait néanmoins comment s’y prendre pour choisir un ou des produits qui trouveraient preneurs. Notre productrice a contacté une coopérative américaine qui vend des produits biologiques Deep Root Organic Co-op, direction Whole Food USA pour vérifier qu’elles étaient leurs besoins. « Je me suis vraiment adaptée selon leur demande et c’était les courges, il n’en avait pas beaucoup. » La productrice entame la production de courges en 2016. À sa deuxième année de production, l’année dernière, Les Jardins d’etc ont vendu 600 boîtes de 40 livres l’unité pour un total de 24 000 livres soit 12 tonnes.

Émilie Turcotte-Côté applique la même approche pour l’ensemble de sa production fort variée. Bien que ça ne soit pas des contrats fermes, explique-t-elle, plusieurs ententes avec des producteurs et distributeurs sont établies. De fait, plusieurs produits des Jardins d’etc peuvent se retrouver dans les paniers biologiques offerts par des producteurs du Haut-Saint-François. « En horticulture, c’est la mise en marché qui est le nerf de la guerre. C’est important de bien se positionner. Les cultures que j’ai développées sont celles qui avaient une place », précise-t-elle.

Fleurs
Passionnée des fleurs, Mme Turcotte-Côté a voulu partager cette passion en développant le concept d’abonnement floral. « Je suis passionnée des fleurs. Ma grand-mère a toujours eu de grands jardins de fleurs et ma mère aussi. » La productrice a trouvé un coin pour développer une quarantaine de variétés de fleurs qu’elle vend en abonnement floral. « J’ai pensé à faire des abonnements pour des entreprises. » Pendant huit semaines consécutives, de la mi-juillet à septembre, elle livre tous les lundis un bouquet de fleurs à l’entreprise qui aura payé son abonnement. « Je vais porter le bouquet de fleurs tout arrangé avec le vase et je reprends l’autre. » À sa première tentative, l’an dernier, la productrice a obtenu une quinzaine d’abonnements soit dans des pharmacies, des bureaux d’avocats, de notaires, principalement des professionnels. « J’ai vendu des fleurs à deux fleuristes », ajoute-t-elle. Cette année, Mme Turcotte-Côté aimerait augmenter le nombre d’abonnements et dénicher un point de chute pour la vente de ses fleurs biologiques. L’ensemble de la production des Jardins d’etc est certifié biologique. Les personnes désireuses d’obtenir un abonnement floral peuvent composer le 819 832-3090.

Aide
Comment cette jeune mère de famille arrive-t-elle à conjuguer son travail d’agronome avec celui de productrice horticole ? Mais avec de l’aide. De son propre avis, elle est chanceuse. Son entourage lui donne un coup de main ; conjoint, père, mère, sœur, beau-père, belle-mère, beau-frère et autres contribuent au succès de l’entreprise. Il y a même quatre élèves de Formation en insertion sociale (FIS) qui mettent la main à la pâte à raison d’un avant-midi semaine en mai-juin et septembre-octobre. Un employé à temps partiel, en saison, contribue également à la bonne marche des opérations.

Tout ce beau monde se partage les tâches que ce soit entre autres les semis, le désherbage, la récolte qui peut se faire quotidiennement ou aux deux jours selon le type de production et bien entendu la grande récolte de courges. À l’aube de sa troisième année de production, Émilie Turcotte-Côté estime que l’entreprise va bien. Présentement en congé de maternité, l’agricultrice ne cache pas qu’elle aimerait, un jour, pouvoir y consacrer tout son temps, mais pour l’instant elle se plait à faire son travail d’agronome.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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