Dix-huit mois après son adoption, le Plan de développement de la zone agricole (PDZA) vient de compléter sa première phase d’une série de trois. D’ici 2021, le plan d’action en prévoit deux autres qui engloberont, par exemple, le soutien aux marchés publics et aux abattoirs régionaux. Marc-Sylvain Pouliot, qui est responsable de la mise en œuvre du Plan, nous éclaire sur ce qui a été accompli et ce qui reste à faire.
Phase 1
Une des premières actions complétées fut la mise en place du comité de suivi du PDZA, qui veille à son application. En bonne partie, ceux qui se retrouvent aujourd’hui à siéger sur ce comité furent les mêmes qui ont veillé à son élaboration pendant plus de 18 mois, en 2015-2016. M. Pouliot se réjouit de cette continuité. « Ils veulent que ça avance. C’est un comité qui est impliqué et qui amène des bonnes idées. Ils n’ont pas peur de discuter. »
Dans un désir de développer les capacités entrepreneuriales, le PDZA a tenu le Forum agricole et forestier du Haut-Saint-François. L’événement avait réuni une centaine de personnes à East Angus au début du mois de février. La formule du forum, plus conviviale, avait été privilégiée à celle des formations régulières.
C’est également au cours de la phase 1 que le site internet du CLD fut mis à jour pour inclure un nouvel onglet Agriculture et foresterie, le tout dans le but d’avoir un guichet unique d’accompagnement. Cette ressource en ligne répertorie par exemple les programmes de subventions ou, encore, des cartes de potentiel agricole des sols de la région.
Nouveauté
Le lancement officiel de la plate-forme L’ARTERRE a eu lieu le 9 mars dernier dans le cadre du congrès de la Fédération de la relève agricole (FRAQ). Il s’agit d’un service de maillage axé sur l’accompagnement et le jumelage entre aspirants-agriculteurs et propriétaires. Le service privilégie l’établissement de la relève par la reprise de fermes, l’acquisition ou la location d’actifs. Le conseiller en développement agroforestier au CLD donne un exemple. « Il peut y avoir des jeunes qui aimeraient se lancer en production laitière, mais qui ne veulent pas acheter tout de suite. Ils pourraient alors être partenaires sur une ferme, le temps d’acquérir l’expérience. »
Une visite sur le site permet, entre autres, de visualiser une banque de terres disponibles présentées sous forme de fiches. Le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) assume la coordination provinciale du service, auquel la MRC adhère. Un agent de maillage local devrait d’ailleurs être en fonction dès le mois d’avril.
« Ça, je pense que ça répond à un besoin », admet Marc-Sylvain Pouliot. « Depuis que je suis là, j’ai répondu tant bien que mal aux demandes que j’ai eues. J’étais un peu mal pris parce que je n’avais pas nécessairement de choix d’un bord [producteurs] ou de l’autre [relève]. Plus la banque sera bien garnie, plus ça va être facile de faire des jumelages. Beaucoup de gens attendaient après ça. Ça va être une bonne chose. »
Complémentaire à L’ARTERRE, sera la banque d’opportunités. « Ça va être un peu un gros Kijiji, mais spécifique à l’agricole en Estrie. Ça aussi ça va être intéressant » complète le conseiller.
Une aide commune
Le Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR) vient d’annoncer la quinzaine de projets retenus pour la région de l’Estrie. Comme les différentes MRC estriennes ont également eu à développer un PDZA qui leur était propre, celles-ci ont mis en commun leurs ressources financières et techniques pour former une entente sectorielle de développement (ESD) bioalimentaire. Les signataires de cette entente comprennent les MRC de Coaticook, Memphrémagog, des Sources, du Granit, du Haut-Saint-François et du Val-Saint-François, en plus de la Ville de Sherbrooke, du MAPAQ et de l’UPA Estrie. L’aide financière accordée est de 673 907 $ jusqu’en 2021.
Prochains dossiers
Ce jeudi 22 mars, le Syndicat des Producteurs forestiers du Québec présentera les résultats du potentiel économique de récolte et de culture de produits forestiers non ligneux (PFNL) sur le territoire du Haut-Saint-François. L’inventaire terrain a été réalisé à l’été 2017 par la coopérative de solidarité Cultur’Innov. Marc-Sylvain Pouliot précise « qu’il y avait déjà des cartes théoriques des endroits où il pouvait y avoir des PFNL. Cultur’Innov est allé sur le terrain faire des virées pour valider concrètement les croisements avec les banques de données. »
Dans sa mission de soutenir les marchés publics locaux, le PDZA a organisé une rencontre des quatre marchés de la MRC, soit ceux de Lingwick, Westbury, Sawyerville et Scotstown. L’expérience sera répétée à la fin de la saison 2018. « On est quand même chanceux d’avoir quatre marchés publics », estime M. Pouliot. « Ils sont aussi bien répartis sur le territoire. Un producteur local a accès à un marché proche. Ça reste des jeunes marchés, donc c’est normal qu’il y ait moins d’affluence pour le moment. »
Le soutien du développement et de la diversification des abattoirs régionaux demeure un dossier prioritaire, particulièrement suite à l’incendie de l’Abattoir Rousseau à Lingwick. « Disons que ça a accéléré le processus », admet le conseiller en développement agroforestier. « On continue d’étudier différentes options et de mettre beaucoup d’énergie là-dessus. » L’Abattoir boucherie Desmarais à Weedon demeure le site le plus intéressant et celui avec le plus de potentiel dans la région pour une conversion d’abattoir de proximité en un de certification A1. « Ça mérite plus d’analyse approfondie. C’est des gros sous tout ça », résume M. Pouliot.
Dans la foulée du projet de cannabis médical et de chanvre industriel à Weedon, le PDZA souhaite voir le développement de la filière des productions émergentes. Celui qui est responsable de la mise en œuvre du Plan termine en disant que « beaucoup de choses ont été entamées et ont mijoté en 2017. Ça va venir à aboutir cette année. 2018 sera une bonne année de réalisation. »