Suite aux deux inondations de la rivière Eaton en janvier et février derniers, la Ville de Cookshire-Eaton avait convoqué la population touchée à une séance d’information la semaine dernière. La municipalité a fait un retour sur les événements de l’hiver et des solutions préventives qui seront mises en place. La trentaine de citoyens présents ont pu s’entretenir et prendre rendez-vous avec des représentants du ministère de la Sécurité publique, qui tenaient un bureau mobile le jour suivant, afin d’obtenir un suivi de leur dossier de réclamation.
D’entrée de jeu, la mairesse Sylvie Lapointe se voulait rassurante envers les résidents touchés. « La Ville est là pour vous seconder dans ce processus. » Éric Cloutier, le directeur de la Sécurité publique au niveau municipal, est ensuite revenu sur les événements de l’hiver dernier et sur les points à améliorer. « La Ville a connu cinq inondations dans les huit dernières années et on s’attend à ce que ça arrive encore. »
Les causes
Sur papier, le secteur de la rue Eaton et des Trembles, qui fut mis à rude épreuve cet hiver, est une zone inondable aux 20 à 100 ans. « Mais ça ne s’applique plus », rétorque M. Cloutier. À son avis, la situation est plus fréquente qu’avant. « On a un gros bassin versant, avec deux affluents qui peuvent faire varier énormément le niveau de la rivière Eaton. Le drainage forestier est beaucoup plus accentué qu’avant. En plus de ça, on a des bancs de gravier à cause de l’érosion qui se fait en amont. La gravelle vient se déposer dans la rivière au niveau du parc des roulottes sur quelques kilomètres parce que ça tombe plat et que l’eau est moins rapide. Toute la gravelle qu’on va chercher dans les montagnes vient se déposer ici, ce qui fait qu’on n’a plus le volume pour laisser passer l’eau qui a à passer soit au printemps ou lors des crues rapides. »
Les solutions
Nouveau de cette année, le code orange à la Ville vise la préparation à l’évacuation 24 h à l’avance pour les résidents. Celui-ci n’avait pas eu le temps d’être appliqué lors de la crue soudaine de janvier. Le code rouge demeure l’ordre d’évacuation immédiate avec l’ouverture d’un centre d’accueil. La localisation de ce centre a dû être déplacée à l’Hôtel de Ville, alors qu’elle était auparavant à la salle Guy-Veilleux, qui a été inondée pour la première fois cette année.
L’équipe municipale a avoué certaines de ses lacunes lors des précédentes interventions et a fait appel aux résidents pour un meilleur respect des consignes. Après les ordres d’évacuation et de fermeture de secteur, « on a vu cette année des gens qui passaient par la piste de skidoo ou par l’entrée de la patinoire », se désole le directeur de la Sécurité publique. « On s’est donc retrouvé avec des véhicules qui sont restés coincés vu qu’ils perdaient la trace du chemin. On est intervenu deux fois pour des gens qui n’avaient soit pas évacué à temps ou ont outrepassé le barrage pour aller récupérer des items. »
Une installation hydrique sera installée au pont de la route 108, tout près de Location Cookshire. « Ça va nous permettre d’avoir une vue d’ensemble continuelle sur la rivière. » Le projet comprendra des sondes reliées à un système de télémétrie qui signalera aux employés municipaux les variations de la rivière par téléphone cellulaire. Le cout total des installations avoisinera les 30 000 $ et est à 100 % subventionné.
La Sécurité publique souhaite également améliorer ses communications aux résidents. Lors des inondations, certains avaient reçu des informations contradictoires. Dans le futur, « on veut une info pareille pour tout le monde sur le site internet et la page Facebook de la Ville. »
Le rôle du gouvernement
David Charest, du ministère de la Sécurité publique du Québec, était sur place en compagnie d’agents pour parler du programme d’aide financière et d’indemnisation des victimes des inondations. Comme de tels événements naturels ne sont généralement pas assurables, c’est le gouvernement qui les prend en charge. Les citoyens avaient la possibilité de prendre rendez-vous avec un agent du ministère pour faire un suivi de leur dossier ou en ouvrir un, le cas échéant.
À la fin de la présentation, les résidents avaient la chance de s’exprimer et de poser leurs questions aux représentants municipaux et provinciaux. Plusieurs d’entre eux ont souhaité revenir sur le point soulevé par Éric Cloutier lors de son intervention, à savoir les bancs de gravier qui s’accumulent dans la rivière Eaton. On retrouvait parmi eux, Pierre Dionne, de la Ferme J. Omer Dionne, qui avait fait l’objet d’un article dans nos pages en décembre dernier suite à l’élargissement de la rivière et à l’érosion de ses terres.
M. Cloutier a avoué qu’il y avait des choses à faire, « mais que c’était de longue haleine. Ceux qui habitent près de la rivière depuis 40 ans l’ont vu être creusée, mais le problème revient. Donc, il y a d’autres options qu’il faut adopter pour que ce soit plus permanent. » Suite à une question sur le sujet de la part de la citoyenne Gisèle Turcotte, Martin Tremblay, directeur général de la Ville, est intervenu. « On doit regarder avec le ministère de l’Environnement parce qu’il nous faut leur permission. On est en train de monter un dossier pour démontrer qu’on a plus de problèmes liés à ça que d’avantages à ne pas creuser. »