En apparence, Patricia Blais est comme les autres. Cette jeune grand-maman d’une quarantaine d’années se bat quotidiennement avec sa maladie mentale pour avoir, comme les autres, une vie dite normale.
Aux prises avec de sérieux problèmes d’anxiété, elle a surmonté cet obstacle pour livrer, sous forme d’entrevue, un émouvant témoignage à l’occasion de la Semaine de la santé mentale.
Mme Blais est sur la bonne voie, mais rien n’est gagné. Son premier diagnostic de dépression est tombé à l’âge de 17 ans. Quelques années plus tard s’en sont suivi des dépressions à répétition, une tentative de suicide en 2006 et d’autres diagnostics pas plus rigolos. Parmi la kyrielle de diagnostics, on retrouve trouble d’anxiété généralisé, phobie sociale, trait de personnalité ambivalent, dépressions récurrentes, trouble panique, trouble obsessif compulsif. « J’ai travaillé sur plusieurs de ces diagnostics. Je travaille encore sur tout ça et quelques-uns de ces diagnostics ne me nuisent plus », mentionne Mme Blais.
Celle qui a grandi chez sa mamie et qui rendait visite à ses parents mentionne avoir vécu une enfance qu’elle estimait normale jusqu’au moment de se comparer avec ses amis. « Adolescente, j’ai vécu un traumatisme. Je ne veux pas en parler parce que je ressens encore de la colère, de la honte, de la culpabilité et du regret. J’arrive à le surmonter, je suis devant vous, je chemine. »
Mme Blais est partie vivre en logement, à l’âge de 18 ans, avec celui qui allait être le père de ses deux enfants. « Avec ma maladie mentale, je crois avoir causé de l’insécurité à mes deux filles. » Mme Blais s’est installée à Scotstown en 2011. Elle se trouve un travail chez Guitabec en plus d’être pompière volontaire. En 2013 survient le divorce, seule avec deux filles, les choses se mettent à déraper. « J’ai recommencé à être plus émotive, fatiguée, je recommençais à descendre la pente. Je suis retombée dans une dépression. Je suis revenue à East Angus et j’ai commencé à m’automutiler. J’ai commencé des troubles obsessifs. Ma fuite à moi c’est l’automutilation. J’appelle ça moi, changer le mal de place. Mes brûlures sur les cuisses ont été pour moi une façon pendant longtemps d’arrêter mes pensées. Lorsque j’ai une douleur physique, je focus sur la douleur et non sur le mental. Le fait de ne plus penser me fait un immense bien. Dernièrement, j’ai commencé à me gratter. Ce n’est pas quelque chose que j’ai choisi. »
Toutefois, Mme Blais est allée chercher de l’aide au fil des années. Psychiatre, psychologue, intervenante du CLSC et Virage Santé mentale ont contribué au cheminement de cette dernière. La conférencière mentionne éprouver une très faible estime d’elle-même, à un point qu’elle éprouvait un sentiment de honte à côtoyer les gens qu’elle aime, de crainte de ne pas être à la hauteur, de les décevoir. Il arrivait qu’elle fuyait les photos de famille, croyant ne pas être digne d’y figurer.
Même si ce n’est pas toujours facile d’accepter de l’aide, Mme Blais y arrive et constate les progrès. De Virage Santé mentale, elle mentionne « que c’est un endroit où on te tend la main, où on a droit à l’erreur et on ne te juge pas, en tout cas ça ne paraît pas », lance-t-elle en riant. Mme Blais y a même fait la rencontre de son nouveau copain de cœur parmi les usagers.
Elle avoue travailler fort, prendre sa médication et regarde l’avenir avec optimisme. « Dernièrement, j’ai fait quelque chose que je n’aurais pas cru possible. J’ai participé à un dîner spaghetti pour amasser des fonds pour un voyage scolaire et j’ai même parlé en avant pour des remerciements. J’ai été au Centre Bell voir un match de hockey avec mon chum. » Mme Blais a des plans d’avenir, ce qu’elle ne croyait pas possible. « Mes projets d’avenir, c’est d’être heureuse, avoir une vie simple, me bercer dehors dans le calme et avoir un travail à temps partiel. »