Vaste campagne pour sauver les étoiles

La MRC du Haut-Saint-François lance une vaste campagne de sensibilisation sous le thème On préserve la réserve. L’initiative, une primeur, vise à informer et sensibiliser les gens à se conformer au règlement d’éclairage extérieur tout en préservant et développant le sentiment d’appartenance envers la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic.

Élus municipaux, représentants des députés, du parc national et de l’Observatoire du Mont-Mégantic, participaient au lancement, soulignant chacun l’importance de préserver cette richesse naturelle, la première à avoir obtenu le statut de Réserve internationale de ciel étoilé au monde. La MRC a prévu diverses actions de communication auprès des écoles primaire, secondaire, du grand public ainsi que des entreprises agricoles, commerciales et industrielles.

Lise Got, responsable de la campagne, rappelle que l’objectif est d’informer la population de façon générale, mais également sur les produits d’éclairage extérieur conformes au règlement. Parmi les actions qui sont déjà posées et qui le seront, on retrouve la transmission d’informations auprès des quincailleries du territoire. « On a identifié pour chaque bannière du territoire et même certaines à l’extérieur, les lumières qui sont conformes à notre règlement et on va soutenir les quincaillers dans l’amélioration de leur offre », d’exprimer Mme Got. Les agriculteurs sont également dans la mire. On distribuera de l’information pour mettre en évidence les avantages d’un éclairage approprié en plus de mettre en valeur les fermes qui auront effectué des améliorations, précise-t-elle. Mme Got ajoute que les entreprises et commerces du Haut-Saint-François seront informés par le truchement de l’Info-Bulletin de la Chambre de commerce et qu’on souhaite mettre en valeur les conversions par des publireportages. Un autocollant pourrait être remis aux commerçants qui se seront conformés. Ils pourront l’afficher bien en vue, comme sur la porte du commerce. Il y a également un volet grand public, précise Mme Got, où l’information sera diffusée par le journal régional et le canal municipal ou communautaire. On propose également de faire la promotion d’activités qui touchent l’astronomie que ce soit dans les écoles ou dans les camps de jour pendant la saison estivale. La campagne est appuyée de deux outils de communication qui ont été développés, soit un dépliant qui sera distribué dans les municipalités, les quincailleries et lieux publics. Il présente la Réserve internationale de ciel étoilé et donne les grands principes de l’éclairage soit de bien évaluer le besoin, contrôler l’orientation, l’intensité, la période et d’éviter la lumière bleue nocturne. Cette dernière a un impact sur la santé et le voilement des étoiles, précise-t-on sur le document. Le deuxième outil, une feuille où l’on retrouve l’inventaire des luminaires conformes par bannière de quincaillerie. On projette aussi en produire un autre qui toucherait le secteur commercial et agricole. L’inventaire est également disponible sur le site de la MRC.

Nathalie Laberge, directrice aménagement et urbanisme à la MRC, précise que les élus adopteront une nouvelle réglementation, plus simple quant à son application, sur la pollution lumineuse. « Il s’agit d’un règlement qui va diriger les gens vers les bonnes façons de faire comme diriger l’éclairage vers le bas, la quantité de lumière émise et autres. » Évidemment, la tâche d’appliquer la réglementation reviendra aux municipalités. Mme Laberge ajoute « nous, on ne s’est jamais approprié cette richesse de ciel étoilé. Donc, les élus ont décidé de lancer une campagne en mettant des moyens en place de faire en sorte de sensibiliser les citoyens, sensibiliser les commerces pour que les gens voient le potentiel de cette réserve-là. En fait, on souhaite en faire un développement économique à vocation », complète-t-elle. Tout en soulignant l’implication des divers intervenants au fil des années pour créer et préserver la réserve de ciel étoilé, le préfet suppléant, Richard Tanguay, souligne que « c’est une fierté locale. C’est quelque chose qui nous rend uniques et il faut savoir en profiter. »
Sébastien Giguère, responsable de l’éducation au parc national du Mont-Mégantic et coordonnateur scientifique à l’ASTROLab du Mont-Mégantic, précise que c’est l’engagement de toute une population qui va permettre de perdurer la réserve internationale de ciel étoilé. « Regarder les étoiles, c’est une des activités les plus anciennes de l’humanité. Je pense une des plus belles et des plus inspirantes aussi. » Il ajoute que « ce beau spectacle est en voie de disparition puisque 99 % des habitants en Amérique du Nord vivent sous un ciel pollué par la lumière et plus de 80 % des gens ne voient plus le spectacle de la Voie lactée. Les enfants qui grandissent dans les grandes villes ou les banlieues n’ont jamais vu c’est quoi un ciel étoilé. L’existence de la réserve est super importante pour l’avenir de notre observatoire qui est le plus performant dans l’est de l’Amérique du Nord, le plus grand en sol canadien. Le ciel étoilé, ce n’est pas vrai que c’est juste pour les astronomes ; c’est pour tout le monde », complète-t-il.

L’Observatoire du Mont-Mégantic est également fier de s’associer à la campagne de sensibilisation. Mathieu Ouellet, directeur des opérations de l’Observatoire, mentionne que des avancées technologiques ont été rendues possibles grâce à l’Observatoire. « On a développé ici, des grands instruments qui vont dans les plus grands télescopes du monde. » M. Ouellet ajoute « que la pollution lumineuse c’est pas juste pour les astronomes, que c’est un problème, les biologistes sont préoccupés, ça a un impact sur les animaux, les plantes réagissent à la lumière bleue. » Dans le même esprit, Martin Aubé, professeur de physique au Cégep de Sherbrooke, mentionne selon une étude internationale à laquelle il a participé que l’exposition nocturne à la lumière bleue pourrait être associée à un risque accru de souffrir d’un cancer du sein ou de la prostate.

La MRC du Haut-Saint-François a investi quelque 15 000 $ dans la campagne plus le temps en ressources humaines. Une évaluation de la situation sera effectuée plus tard.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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