Bâtir la capitale canadienne du cannabis à Weedon

Le jour même où le Sénat a voté en faveur du projet de loi C-45 visant à légaliser la marijuana, la firme MYM Nutraceuticals procédait à la première pelletée de terre de son projet de serres de cannabis médicinal à Weedon. La première phase comprendra deux bâtiments, soit une serre modèle de 3900 m2 et un entrepôt de 9300 m2 pour la transformation et le stockage. Les travaux seront achevés d’ici la fin novembre 2018.

Un maire fier
Au moment de l’annonce, on ne retrouvait que de la machinerie lourde sur le site de l’ancienne gravière Boisvert, au bout du 2e Rang Sud. L’emplacement était toutefois déjà clôturé et surveillé par des gardiens de sécurité. Le maire de Weedon, Richard Tanguay, ouvrait la conférence de presse. « Je suis très heureux de me trouver ici puisque c’est la vraie pelletée de terre. Aujourd’hui, on est ici pour se réjouir du début des serres. Pour les gens de Weedon, on commence une grande aventure, qui va se traduire par des investissements dans notre communauté et au niveau des routes. On espère bien, un jour, asphalter le rang 2 et voir la 257 dans un meilleur état. »
L’actuel maire de Weedon n’a pas manqué de rappeler le lot de scepticisme auquel a fait face le projet depuis ses débuts. « Ce matin, je suis content de dire que les pelles sont là, tout le monde est là et le travail est déjà commencé. Et ça va se poursuivre pour les deux prochaines années et pour longtemps. Donc, pauvres sceptiques, vous serez tous confondus ! J’espère que, demain, vous serez tous avec nous. »
« Je pense que le projet de Weedon, il dérange au niveau de la place, qu’il occupe dans le marché potentiel au niveau du Canada [et par] le fait qu’il se déroule dans un petit village, dans une communauté dévitalisée qui tente de se reprendre en main. Travaillons ensemble, solidairement, et nous réussirons à faire de ce projet un vrai exemple pour toute la province de Québec. »

Un travail d’équipe
Parmi les critiques du projet, on en retrouvait certains qui craignaient les répercussions négatives envers les autres entreprises locales dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre. M. Tanguay s’est montré rassurant. « On est conscients du problème et avec les organismes du milieu, je pense au CLD, à la SADC, à Emploi-Québec, aux commissions scolaires — on travaille déjà de concert pour essayer de trouver des moyens pour rendre notre territoire encore plus attractif et s’assurer que personne ne va avoir d’impacts négatifs des retombées de ce projet. »
MYM tend également la main aux institutions de la région. Rob Gietl, chef de la direction de MYM, a annoncé l’embauche de la Société d’histoire de Sherbrooke pour développer le concept de musée du cannabis, prévu dans les phases futures.

Fabian Garcia, directeur de Projet Weedon et ancien conseiller en développement économique de la municipalité, était ému au moment de prendre la parole. « Nous y sommes. On peut tous s’applaudir parce qu’on a tous eu une partie à faire là-dedans. C’est un beau projet. On a travaillé très fort pour le réaliser. »

Des citoyens curieux
La journée se terminait avec une rencontre d’information à laquelle était conviée la population. Ils ont été près de 200 citoyens à s’entasser dans le sous-sol du Centre communautaire de Weedon pour pouvoir s’adresser directement à l’équipe derrière le projet. En majorité, ceux qui prenaient la parole débutaient leur intervention en félicitant l’administration municipale et de MYM.
Diane Jalbert admet avoir été surprise du dénouement. « J’aimerais féliciter le maire. J’ai eu des doutes jusqu’à ce soir, jusqu’à la dernière seconde, que ce serait officialisé. » Gaston Brochu s’est adressé dans sa langue maternelle, l’anglais, aux trois représentants présents de MYM, en se disant fier du travail accompli jusqu’ici. Erick Factor, président exécutif de la firme, a été chaudement applaudi lorsqu’il affirma vouloir faire de Weedon la capitale canadienne du cannabis.

Certains citoyens ont tout de même exprimé leurs craintes de voir leur compte de taxes exploser avec la ruée vers l’or annoncée. Le maire Tanguay a rappelé que le projet de serres contribue déjà aux recettes de la municipalité et continuera de le faire. L’entreprise a dépensé 3 M$ à ce jour, entre autres pour l’achat de deux bâtisses logeant maintenant ses bureaux, sur une enveloppe totale de 200 M$.
La conseillère Maylis Toulouse, dont les photos illustrent la pochette de presse de Projet Weedon, était touchée de voir autant de gens se déplacer pour l’occasion. « Je trouve ça beau de voir un projet rassembleur. » Elle était également contente de voir que MYM prenait le temps de répondre aux questions des citoyens.

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Jean-Marc Brais
Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
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