Mme Bernadette Carrier-Brault, qui célébrera ses 100 ans le 11 novembre prochain, a réalisé un vieux rêve : celui de vendre des fleurs qu’elle a elle-même cultivées.
Le Jardin Communautaire de Sawyerville n’avait pas vu une tenancière de kiosque d’un âge aussi avancé depuis belle lurette. C’est l’organisation, chapeautée par Chantal Bolduc, qui a approché Mme Carrier-Brault afin de lui proposer l’opportunité d’avoir sa propre rangée de terre pour l’été. Celle qui a grandi dans le secteur Island Brook du canton de Newport a toujours voulu être fleuriste. Sur le coup, les circonstances de la vie en ont décidé autrement, mais voilà que, aujourd’hui, les astres s’alignent.
« J’aime les fleurs, puis j’ai toujours cultivé des fleurs. C’est dans moi », témoigne avec aplomb la nonagénaire. Il faut dire que, bien qu’elle n’ait pas gagné sa vie grâce à l’horticulture, la dame au pouce vert s’est toujours entourée de fleurs à la maison. Elle a d’ailleurs remporté la troisième place du concours Maison et balcon fleuris, organisé par le Cœur Villageois de Cookshire-Eaton, depuis le balcon de sa chambre de la Résidence Camélia. Maintenant déménagée au Manoir de l’EAU VIVE, Mme Carrier-Brault a de nouveau soumis sa candidature cette année et attend les résultats du concours qui seront dévoilés d’ici quelques jours.
L’apprentie fleuriste a reçu l’aide de son entourage pour entamer la saison du bon pied. Des membres de sa famille directe ont ensemencé sa rangée de terre au retour du beau temps. Ils ont toutefois laissé le soin à leur aïeule d’effecteur l’entretien et les soins hebdomadaires des plants. Le jour du marché public, elle avait elle-même empoté les fleurs qui étaient en vente à son kiosque dans des contenants qui lui avaient été prêtés par le Jardin.
Après ce premier essai, Mme Carrier-Brault ne sait pas si elle répétera l’expérience l’année prochaine. Elle confie ne pas faire de plans trop à l’avance. Elle s’étonne même de l’arrivée de son centenaire dans quelques semaines. « J’y pense pas ! Je sais pas comment ça se fait que j’ai vécu longtemps de même. » Elle avoue, après coup, consommer beaucoup de légumes et manger peu de viande. Ce qui la préoccupe ces temps-ci est plutôt la préservation de sa mémoire. « J’ai peur de la perdre », dira-t-elle, avant de partager quelques souvenirs.
Sylvie Dodier, filleule et petite-fille de Mme Carrier-Brault, sait déjà qu’elle conservera de bons souvenirs en compagnie de sa mamie. Plus jeune, Mme Dodier lui rendait visite les jours d’école alors qu’elle fréquentait l’établissement Saint-Camille. Déjà, les végétaux faisaient partie du paysage. « Elle a toujours adoré les fleurs », se rappelle la petite-fille. « Dans sa maison, elle a des plantes, des plantes, des plantes ! »
Bernadette Carrier-Brault n’était pas la seule à franchir la barre du siècle. Elle a, à vrai dire, été devancée par le Dr Curtis Lowry, lui qui avait fait don des terrains où est actuellement implanté le Jardin Communautaire de Sawyerville. Au moment du legs, il avait mentionné sa volonté que « le terrain serve un bien communautaire. » On peut dire que c’est mission doublement accomplie avec le rayonnement du Jardin qui grandit d’année en année et la concrétisation du rêve de Mme Carrier-Brault.