Un cinéaste dans le Haut !

Les choses changent avec le temps, elles évoluent, les perceptions se transforment, de part et d’autre, ce qui était inintéressant devient magnifique, ce qui était impensable, il y a à peine dix ans, devient un terreau d’opportunité.

C’est dans cet état d’esprit que s’inscrit le cheminement professionnel du cinéaste Sébastien Croteau. Après plusieurs années passées à Montréal, l’homme dans la trentaine, originaire de Weedon, revient en région pour y réaliser son rêve : partir sa maison de production cinéma et vidéo. Depuis mai dernier, Les Productions de L’inconnu dans le noir a pignon sur rue à Cookshire-Eaton.

De retour de la grande ville, Sébastien a redécouvert son lieu d’origine. Il avait comme oublié comment c’était beau en région, comment les choses pouvaient être plus simples, en plus de découvrir les opportunités d’affaires.

Sébastien admet que son projet mijotait dans sa tête depuis plusieurs années déjà. Le moment déclencheur, pour ainsi dire, c’est passé dans le Haut-Saint-François. En arrêt de travail, le cinéaste a répondu à l’invitation de son ami Michel Vézina. Il lui offrait de passer l’hiver chez lui Le Buvard, à Gould, pour tenir le fort pendant que le poète faisait un saut en France.

Cette période s’est avérée bénéfique pour notre cinéaste qui, dit-il, en a profité pour faire une rétrospective de sa vie professionnelle. C’est l’hiver dernier à Gould que la lumière fut. « Ça m’a apparu comme une évidence. Après avoir contribué au succès d’autres artistes en participant à divers projets, j’en suis arrivé à la conclusion. J’ai le goût de générer du succès pour moi. C’est le temps que je parte ma maison de production à moi. Ça fait des années que j’y pense. » Pour l’artiste, Les Productions de l’inconnu dans le noir définissent bien son métier soit « la personne derrière la caméra, derrière le spotlight, la personne qui observe », explique-t-il.

Le cinéaste est convaincu que son entreprise a un avenir dans le Haut-Saint-François. « Il y a à peine 10 ans, cela aurait été impensable. Maintenant, c’est possible. L’hiver passé, j’étais en train de finir mon court métrage à Gould. Ma monteuse était à Toronto, on se parlait tous les jours. Mon preneur de son était à Rimouski. C’est possible en région. Tout ce que ça prend, c’est une bonne connexion internet. Ça aurait pas été plus facile à Montréal. Ça serait la même chose. » Sébastien voit plusieurs avantages et d’opportunités à s’installer en région. D’abord, explique-t-il, « les coûts de production sont moins chers ici, la qualité de vie est meilleure. Il y a pas d’offre cinématographique dans le Haut-Saint-François et très peu en Estrie. » Pour l’artiste, il s’agit d’une opportunité. Convaincu, Sébastien ajoute que certains organismes comme la SODEC et Téléfilm Canada, entre autres, disposent d’enveloppes budgétaires pour les régions éloignées. « Donc, moins de gens dans les régions éloignées qui appliquent. Statistiquement, ça donne plus de chance d’obtenir du financement », précise-t-il.

Déterminé, l’artiste a réussi à bien vendre son projet auprès des organismes susceptibles de l’aider à le réaliser. « Ici, on m’a écouté, on m’a appuyé. J’ai suivi la formation Lancement d’entreprise. J’ai eu l’aide du CLD et CLE pour un STA et un prêt de la SADC et du CLD. Je dois mentionner Gilles Denis, c’est lui qui m’a écrit pour me dire de venir ici. Il m’a mentoré. Je suis l’artiste en résidence pour l’année à la Maison de la culture John-Henry-Pope. J’ai accès à un local pour l’année gratuitement. C’est un genre de soutien important dans un démarrage. »

Production
Sébastien vient de produire un court documentaire pour le Centre des arts et de la scène Jean Besré de Sherbrooke, à l’occasion de leur 10e anniversaire. « Je suis en train de terminer un court métrage et j’espère le compléter en novembre. J’ai aussi fait des microdocumentaires corporatifs et des vidéos que j’appelle microdocumentaires. Je suis sur une création avec le Petit Théâtre de Sherbrooke. La première du spectacle est prévue en 2023. » Notre cinéaste travaille aussi avec le Théâtre du Double Signe sur une production intitulée Stalone qui sera présentée en février prochain.

Quant à son véritable objectif, il est clair. « Je veux d’abord et avant tout réaliser des films. Je suis un cinéaste. Je pense à une idée et tu portes un projet du début à la fin. Que ce soit l’étape de l’écriture, du financement, tournage, montage. Le but est de faire une boîte de production qui a du financement pour produire et faire des films à projeter en salle. » Sébastien ne se met aucune barrière, au contraire. « Avec ma boîte, j’aimerais attirer d’autres talents, d’autres réalisateurs, attirer des productions à venir dans le Haut-Saint-François. Je voudrais être un genre de régie du cinéma du Haut-Saint-François. Il y a un paquet de gens qui écrivent des films qui se passent en région. Ici, on a les ressources, du paysage en masse, du patrimoine et ça coûte moins cher. On peut les accueillir. Ç’a été fait ailleurs. Il y a plein de boîtes de production à l’extérieur de Montréal; pourquoi pas le Haut-Saint-François. »
Mine de rien, Sébastien a parcouru du chemin depuis l’âge de 8 ans où il empruntait la caméra VHS de son père pour filmer diverses scènes. Ou du moment qu’il assistait à toutes les représentations du Cochon Souriant à Gould pour finalement faire partie de la troupe. Il a également participé à la Course du Haut-Saint-François. Sa passion l’a conduit à l’Institut national d’images et de son à Montréal, ce qui lui a valu de remporter un concours lui donnant accès à un stage documentaire en Belgique. Sébastien a développé divers projets qui l’ont amené à faire des tournages en France, Italie et Haïti. Il a également collaboré avec le réalisateur Martin Laroche pour le long métrage Manège humain. L’expertise de notre artiste local est reconnue puisqu’il a fait des vidéos avec le célèbre auteur Dany Laferrière. Tout ça pour dire que Sébastien Croteau est loin d’être dénué d’expérience et qu’il entend s’en servir pour lui, pour les autres et pour le Haut-Saint-François.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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