Fermeture de la Résidence Sawyerville

À moins d’un rebondissement de dernière minute, lorsque vous lirez ces lignes (ce mercredi), la résidence privée pour aînés, Résidence Sawyerville, où demeuraient 23 aînés, devrait être vidée de ses occupants et sur le point de fermer ses portes, si ce n’est déjà fait.

Cette fermeture qui apparaît soudaine fait suite à la décision, annoncée la semaine dernière, par les dirigeants du CIUSSS de l’Estrie – CHUS de révoquer la certification de cette résidence privée pour aînés. Les résidents disposaient de 9 jours pour trouver un nouvel endroit. La fermeture était prévue pour ce mercredi à midi. La raison évoquée est que des critères sociosanitaires en lien avec la sécurité des résidents sont jugés non conformes. « Notre établissement a une responsabilité envers les résidents des RPA de son territoire ; celle d’assurer un processus de certification rigoureux et transparent afin que les lieux physiques de leur chez-soi et les services qu’ils y reçoivent soient conformes et sécuritaires », de mentionner dans un communiqué de presse, Joanne Roberts, directrice de la qualité, de l’éthique, de la performance et du partenariat (DQEPP). Lors d’une conversation téléphonique, tenue vendredi dernier, Mme Roberts précisait : « Je vous assure que la décision n’a pas été prise à la légère. Cette décision a été prise en pensant au bien-être de nos résidents. Nous, on a l’obligation de vérifier que chacune des résidences de personnes âgées rencontre les règlements et les critères de la loi. On avait noté à quelques reprises lors des inspections qu’il y avait des non-conformités avec des articles dans la loi. On prend très au sérieux la sécurité de nos usagers. » Sans entrer dans les détails, Mme Roberts soulève quelques-uns des articles comme la déclaration d’incident ou accident, l’administration des médicaments et le suivi de santé des résidents. Mme Roberts estime que les intervenants ont apporté tout l’appui nécessaire avec quatre visites depuis juillet dernier et une cinquantaine de communications au téléphone et par courriel.

Délai
La directrice mentionne qu’il est très rare d’enlever une accréditation. La Résidence Sawyerville serait la deuxième à se voir enlever son accréditation depuis 2016. Quant au délai de 9 jours, l’intervenante précise qu’étant donné la rareté de ce geste, il n’y a pas de standard défini. « Nous, on pensait aux usagers et on avait des craintes. » Mme Roberts admet que les intervenants ont exploré d’autres options au cours de la semaine dernière, mais avoir convenu de maintenir la décision. Le journal a appris qu’une personne, Fernand Jalbert, un ancien employé du réseau de la santé aurait effectué une tentative auprès d’autres instances du CIUSSS de l’Estrie – CHUS pour proposer de prendre la gestion en main. Il appert également que Sylvie Lapointe, directrice générale du Manoir de l’Eau-Vive, aurait demandé un délai permettant la réouverture de la Résidence Camélia pour personnes âgées située à Cookshire. Mme Roberts dit avoir entendu parlé de certaines choses, mais qu’aucune demande officielle n’avait été déposée.

Propriétaires
Rencontré la semaine dernière, l’un des trois propriétaires, Alain Parenteau, n’en revenait tout simplement pas et disait ne pas comprendre. Faisant référence au délai de 9 jours, il précisait « c’est un cas de maltraitance envers les résidents. On ne fait pas ça. C’est les gens qui sont supposés de protéger les aînés contre la maltraitance qui font ça, ça ne marche pas. » Ce dernier mentionnait avoir reçu un préavis de révocation de la résidence avec un rapport d’évaluation sur la non-conformité. « On a rempli tout ce qu’on croyait, on a rempli le document. On a demandé si ça éliminait la non-conformité et on n’a pas eu de réponse. » M. Parenteau estime que les points de non-conformité n’étaient pas clairs. Il ajoute que ce qui lui est reproché pourrait facilement être corrigé, que ça ne justifie pas le retrait de la certification. Le copropriétaire admet qu’il y avait une non-conformité pour les baux. « On les a refaits et fait signer à tout le monde pour le reste de l’année en présence d’un représentant de la famille, du travailleur social. » Quant au volet incident ou accident, M. Parenteau mentionne que cet aspect peut laisser place à de l’interprétation dans certains cas. « Un moment donné dans un cas, on a mis une note au dossier et on nous a dit que cela était un incident-accident. On aurait dû faire un rapport et selon l’intervenante, ça mettait en danger la santé-sécurité de la personne. » Quant au volet évoquant des conditions sociosanitaires, M. Parenteau admet « on ne sait pas ce que c’est. » Un autre aspect touche également les gestions des petites caisses des résidents. Pour M. Parenteau, les reproches se limitent à plusieurs petites choses qui pourraient se régler et ne méritent pas une fermeture.

Faible espoir
M. Parenteau nourrissait vendredi passé un espoir pour garder la résidence ouverte. Cette option consistait à confier à un organisme indépendant le mandat de donner les soins de santé aux résidents. De cette façon, la Résidence Sawyerville offrirait le gite et le couvert, explique-t-il. Des discussions à cet effet étaient en cours au moment d’écrire ces lignes. Évidemment déçu de la situation, M. Parenteau n’a pas l’intention de baisser les bras et assure qu’il se battra jusqu’à la dernière minute. Le gestionnaire de la résidence dit avoir un bon appui de sympathie de ses collègues propriétaires de résidences privées en région et de la population. La mairesse de Cookshire-Eaton, Sylvie Lapointe, déplore la situation, mais avoue que la municipalité a les mains liées dans ce genre de dossier et ne peut rien faire. Elle mentionne avoir avisé le député de Mégantic, François Jacques.

Accompagnement
Évidemment, l’annonce de la nouvelle a soulevé une onde de choc auprès des résidents et des cinq employés de la résidence. Angoisse, peur et pleurs ont envahi certains résidents. Mme Sylvie Quenneville, directrice adjointe au programme d’autonomie des personnes aînées, mentionne que l’intervention auprès des résidents visait à jouer un rôle clinique pour assurer la coordination de ce qui se passe. « C’est vraiment de l’accompagnement, voir s’il y a des particularités à tenir en lien avec la santé. On est vraiment dans le clinique, on est là pour s’assurer que ça se passe bien. On s’assure s’ils ont un besoin psychosocial, on va pouvoir leur offrir. On a mobilisé dans les derniers jours des gestionnaires, des chefs de service impliqués dans la démarche. On a eu aussi des intervenants sociaux qui se sont impliqués pour s’assurer que ça se passe bien. » Mme Quenneville précise : « les résidents qui avaient une famille, on laisse la place à la famille, mais on va les orienter pour dire tel endroit pourrait répondre à vos besoins. Les personnes démunies, on va les prendre en charge, mais avec leur accord. On ne peut pas décider où est-ce que les gens vont se relocaliser. On les accompagne, on fait quand même un inventaire des places disponibles, les plus rapprochées. On comprend que dans le Haut-Saint-François, on était limité dans le nombre de places disponibles, mais il y a eu un effort de fait à ce niveau-là. » Cinq personnes auraient été relocalisées sur le territoire soit à l’intérieur de résidences pour personnes âgées ou dans leur famille. Pour les autres, une forte proportion se retrouverait dans Sherbrooke, laisse-t-on entendre.

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