Un club de chasse et pêche qui prend soin de sa forêt depuis 40 ans

Le Club de chasse et pêche du comté de Compton, situé à Newport, subit ces temps-ci sa quatrième coupe d’éclaircie en 40 ans, un cas rarissime dans le domaine sylvicole régional. Depuis 1978, Aménagement forestier et agricole (AFA) des Sommets s’occupe de l’immense domaine naturel du club, l’un de ses employés suivant même l’évolution des peuplements depuis 20 ans.

Lorsque le club de chasse et pêche centenaire a contacté l’AFA des Sommets en 1978, l’organisation sylvicole venait tout juste d’être fondée. Depuis ce moment, environ une fois aux dix ans, l’AFA se rend sur le territoire qui rejoint les routes 212, 210 et 257 pour effectuer des coupes d’éclaircie. Lors de ces interventions, de 25 à 30 % des arbres d’une zone identifiée sont sélectionnés puis récoltés.

Du jardinage bénéfique
En prenant en compte cette quatrième coupe en cours depuis début janvier, on en arrive à avoir exploité plus de 100 % de la forêt. Pourtant, sur place, rien ne laisse présager que l’entièreté du boisé a pu être prélevée. Des arbres de différentes tailles et essences s’étendent à perte de vue.
C’est là le but de l’aménagement forestier, nous explique Sylvain Rajotte, ingénieur forestier et directeur de l’AFA des Sommets. Selon les gouts du propriétaire terrien, la nature des travaux sylvicoles variera, mais la qualité des arbres demeure l’ultime objectif.
Dans les années 70, la première intervention au Club de chasse et pêche du comté de Compton visait un nettoyage. À la fin des années 80, le bois de qualité commençait déjà à se faire présent. La troisième coupe dans les années 90 a permis d’en sortir une bonne quantité, alors que l’éclaircie actuelle confirme le travail fait antérieurement. Ces neuf semaines de labeur produiront 5000 mètres cubes apparents dont près de 50 % destinés au sciage.

Des gens d’ici
S’il en est un qui est bien au fait du dossier, c’est le gestionnaire du projet, Jean Tremblay. Le technicien forestier en est à sa troisième présence sur les lieux en 20 ans. Comme il s’agit d’un travail sur le long terme, M. Tremblay parle déjà de la cinquième coupe qui devrait aller vers 2030. Il ne penserait pas être de la partie cette fois-là, comme il songe à la retraite éventuellement.

Il y a dix ans, Jean Tremblay avait fait appel à un jeune sous-traitant pour la troisième coupe. Il s’agissait de Philippe Vallée, petit-fils du fondateur de la Scierie Paul Vallée à Saint-Isidore-de-Clifton, qui opérait l’abatteuse lors de notre passage. « C’était dans nos tout débuts. Quand on a commencé, Jean m’avait appelé pour faire le chantier ici. C’était dans les premiers temps qu’il y avait de la mécanisation. »

Le nerf de la guerre
La machinerie est désormais un incontournable dans le milieu forestier. Elle permet à la fois la production en volume et de qualité. Sylvain Rajotte, le directeur de l’AFA, a vu un changement pour le mieux avec l’arrivée de celle-ci. Auparavant, la récolte manuelle était l’affaire d’hommes de 55 ans et plus. Maintenant, la technologie a réintéressé les jeunes au domaine. De là à ramener la moyenne d’âge sous les 40 ans, à l’instar de Philippe Vallée.
Cette technologie couplée à l’informatique permet des avenues nouvelles. « Ça aide à faire de meilleures opérations et de moins faire d’erreurs », explique M. Vallée. C’est ainsi que de son bureau, Jean Tremblay peut suivre l’évolution du travail de Philippe en temps réel et ainsi mieux planifier la suite des opérations. Un avantage indéniable quand on gère simultanément d’autres équipes situées sur d’autres chantiers.

De plus, la technologie GPS fournit aux opérateurs de machinerie des cartes géographiques des environs qui recensent les ruisseaux à contourner ou les sentiers déjà tracés, ce qui limite les impacts sur la forêt.

Des avantages à long terme
Une fois le bois coupé, celui-ci est acheminé à l’usine Champeau de Saint-Malo ou à la Domtar. Le site éclairci du club de chasse et pêche s’en trouve alors dans un meilleur état. « Les travaux qu’on fait améliorent la qualité de la chasse », résume Jean Tremblay. Dans le cas du club de Newport, l’objectif était de favoriser la présence de gibier en lui offrant un environnement propice. Bien sûr, les travaux d’aménagement varient au gré des objectifs des propriétaires.

La relation qui perdure depuis 40 ans entre l’AFA des Sommets et le Club de chasse et pêche du comté de Compton constitue l’exception à l’heure actuelle. Toutefois, selon le directeur Sylvain Rajotte, de telles habitudes d’entretien forestier deviendront coutume, voire la norme, dans le futur.

Article précédentArticle suivant
Jean-Marc Brais
Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
©2024 Journal Le Haut-Saint-François