L’inondation des derniers jours a encore une fois affecté le secteur de Weedon, particulièrement les riverains de la rivière Saint-François et ceux du lac Louise. Habitués à ce genre de situation, plusieurs résidants concernés se sont ajustés au fil des années et il n’est pas question pour eux d’abandonner leur résidence. Même si le gouvernement du Québec met une offre sur la table, ils préfèrent affronter la situation, se retrousser les manches, faire un grand ménage et demeurer sur place. C’est leur coin de paradis et ils y tiennent malgré les inondations.
Il existe un programme offert par le ministère de la Sécurité publique pour les riverains en zone inondable qui ressemble aux mesures incitatives qu’aimerait mettre en place le premier ministre du Québec, François Legault. Le programme en vigueur prévoit qu’un riverain ayant subi des dommages supérieurs à 50 % de la valeur de sa résidence peut vendre sa propriété au ministère de la Sécurité publique qui se charge de nettoyer le lot avant de le remettre à la municipalité. À Weedon, précise le maire Richard Tanguay, une seule personne, une dame qui était propriétaire s’est prévalue de cette mesure.
M. Tanguay ne croit pas que les riverains de sa municipalité vont se prévaloir du nouveau programme. Il cite en exemple l’inondation de 2018. « L’an passé, on a eu la pire inondation de toutes. Quand est venu le temps d’aller chercher de l’information sur les programmes, le Centre culturel était plein à craquer. Mais quand est venu le temps de faire les réclamations des programmes, il y avait plus de travailleurs dans la salle qu’il y avait de sinistrés. Il a eu des réclamations, mais pas tant que ça. Ici, les gens sont habitués d’être inondés. Je suis pas sûr qu’ils vont embarquer dans le programme. Ici, les gens ont trouvé le moyen de s’adapter. J’ai du monde qui dise : deux semaines de misère pour un été de bonheur, c’est pas grand-chose. »
Le maire Tanguay ne rejette pas totalement l’idée et soutient que le principe est valable. Toutefois, s’il devait y avoir une loi, « elle ne devrait pas s’appliquer mur à mur. Elle doit faire preuve de discernement et s’appliquer selon les régions », d’insister le maire de Weedon. Ce dernier croit que l’application unilatérale d’une nouvelle mesure forçant les riverains à vendre pourrait priver sa municipalité de revenus considérables en taxes municipales. Les personnes de l’extérieur qui seraient contraintes de vendre leur chalet n’iront pas s’établir dans la municipalité, ils chercheront un autre point d’eau, d’expliquer M. Tanguay. Ce dernier croit que le gouvernement aurait plutôt avantage à assouplir la réglementation au code national du bâtiment. « On pourrait permettre de lever les maisons et les mettre sur pilotis. Moi dans ma tête, je me dis partout sur la planète, ils construisent sur des pilotis ; pourquoi ici on ne l’autorise pas. »
Inondation
Quant à l’inondation, sans minimiser les dégâts, M. Tanguay mentionne que « c’est moins pire que l’année dernière. Finalement, on est dans une crue normale, moyenne. Oui, on a eu une bonne, mais pas si alarmant que ça. » La municipalité considère que sur la totalité des chemins concernés, il y aurait approximativement 500 bâtiments dont la moitié seraient des résidences secondaires et l’autre moitié sont des résidences permanentes. Des avis d’évacuation ont été lancés à tous. Du nombre potentiel de 250 familles, la municipalité a pris en charge 14 et 10 autres ont signifié qu’ils étaient partis chez des parents ou amis. Toutefois, le maire croit qu’il y en aurait eu davantage.
Nouveauté cette année, mentionne le maire, « on est en train de tester un système de communication collectif. On est en train d’installer un système d’appel qui va envoyer des textos, des courriels automatisés, des appels personnalisés. On avait 300 noms d’inscrits pour des envois sur les cellulaires. Un texto entre sur ton cellulaire et dit risque d’inondation. Envoie un courriel à l’adresse courriel et indique risque d’inondation dans ta rue. » Toutefois, la transmission d’avis, dite traditionnelle, est demeurée en force. Au chapitre des nouveautés, le maire indique « sur le site de la régie des incendies, les gars sont en train de développer des cadrans d’alerte en temps réel de l’état de la situation. »
Prise en charge
Contrairement aux années passées, c’est la municipalité qui a pris en charge les sinistrés en les relocalisant à l’hôtel et fournit les repas plutôt que la Croix-Rouge. C’est l’application d’une clause stipulant qu’une entente entre les parties devait être signée préalablement qui a posé problème. Confrontée à la rapidité des événements, la municipalité a convenu d’assumer l’opération quitte à se retourner par la suite pour faire les réclamations à qui de droit. « Au moins, plutôt que d’amener les gens à Sherbrooke et dépenser l’argent là-bas, comme le faisait la Croix-Rouge, on les a relocalisés dans un hôtel d’ici, au Relais des Mésanges. On s’est arrangé avec un restaurant de Weedon pour les repas. On a réinvesti localement », d’expliquer le maire Tanguay.
Barrage
D’autre part, le maire reconnaît que la gestion des barrages a un impact sur les riverains. Il mentionne ne pas comprendre la logique des services hydriques. « Je comprends la notion de sécurité, mais les calculs m’apparaissent bizarres. L’ouverture des barrages, quand on fait ça, l’eau ne baisse pas à Weedon. J’aimerais connaître les règles établies, est-ce toujours d’actualité. Eux de l’autre côté, ils se font jamais inondés. » Une semaine après la levée d’avis d’évacuation à Weedon, les riverains se sont retroussé les manches et repris le cours normal des choses.
Cookshire-Eaton
À Cookshire-Eaton, on a craint que la rivière Eaton sorte de son lit. Un avis de possible évacuation avait été signifié à la trentaine de résidents, mais heureusement, le tout s’est rétabli rapidement. À Ascot Corner, la rivière Saint-François est venue bien près de causer des dommages, mais la situation s’est rétablie.