Francine Chouinard, éprouvée par la vie

Francine Chouinard était ce genre de femme adepte de la compartimentation. Épreuves après épreuves, elle réussissait, comme elle le dit si bien, à mettre ça dans un tiroir et le refermer. Mais ce qui devait arriver c’est malheureusement produit le jour fatidique où tous les tiroirs ont sauté simultanément, la plongeant dans une sévère dépression. Heureusement, elle a eu de l’aide et les gens de Virage Santé mentale lui ont donné un coup de main à se rebâtir.

Fière du travail accompli, elle racontait son histoire à une vingtaine de personnes réunies au point de service d’East Angus, dans le cadre de la Semaine de la santé mentale. À l’époque, demeurant à la campagne avec son conjoint, le couple avait convenu que ce serait l’homme qui travaillerait et Mme Chouinard demeurerait à la maison. La campagne attire son lot de visiteurs de fait que la maison était à peu près toujours remplie toutes les fins de semaine et même que certains y allaient passer leurs vacances. Francine travaillait fort à bien recevoir son monde, même un peu trop bien, jusqu’au moment d’un épuisement faisant en sorte qu’elle s’est retrouvée à la Maison St-Vincent à Sherbrooke. Tellement fatiguée qu’elle avait interdit son conjoint de dire aux enfants et aux proches où elle était. « J’ai été à l’hôpital pendant 21 jours. J’avais assez de visite chez nous que j’ai dit à mon mari que je n’en voulais pas. Les 11 premiers jours, j’ai mangé et dormi. Le psychiatre m’a dit qu’il fallait que j’apprenne à m’aimer. J’ai appris des affaires qui fallait que j’apprenne à dire non dans la vie. Il fallait que j’apprenne à me donner du temps sans me sentir coupable. »

Préposée aux bénéficiaires, Mme Chouinard a été victime d’un accident de travail qui l’amènera à faire un long combat juridique concernant cet événement. « J’ai perdu à cause d’un retard. Mais j’ai gagné en confiance en moi. J’ai appris à prendre ma place à cause de cette épreuve. J’ai tout été acquérir ça. L’autre partie a peut-être gagné, mais moi j’ai gagné plus. »
Mme Chouinard était du genre à s’occuper de tout le monde. Atteinte d’alzheimer, sa mère se retrouve au foyer à Weedon et au cours de cette période, son père tombe malade et décède. Elle prend les choses en main alors que son conjoint travaillait dans le nord. « Pas le temps de gérer les émotions, je mets ça dans un tiroir. » Quelques années plus tard, sa mère décède. Mme Chouinard l’a accompagnée pendant 10 jours et 9 nuits. « Après le décès de ma mère, mon monde s’est écroulé. Là, j’avais plus de repères. Là, les tiroirs ont sauté. Tout ce que je n’ai pas eu le temps de vivre, de pleurer, c’est sorti. À partir de là, j’ai eu la chance d’avoir Virage Santé mentale. Mon médecin m’a dirigé vers l’organisme faire un suivi de deuil individuel. J’ai eu la chance d’avoir Mme Pauline. J’ai fait le suivi pendant trois ans. Je ne me sentais pas prête à quitter, j’ai continué un petit bout en groupe.

Francine Chouinard a appris à se connaître et à prendre conscience de ses limites à travers plusieurs épreuves. Les gens de Virage Santé mentale lui ont apporté l’aide nécessaire pour en ressortir plus forte.


Virage, c’est des gens accueillants, des gens sensibles, surtout des gens compétents, compatissants. Si je n’avais pas eu Virage Santé mentale, je sais pas où je serais. » La voix étranglée par l’émotion, elle ajoute : «aujourd’hui je suis correcte, Mme Pauline m’a dit n’importe quand, quand tu en sentiras le besoin, ça m’a rassurée. N’hésitez pas à aller chercher de l’aide. En plus, dans le HSF, c’est gratuit. »

Article précédentArticle suivant
Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
©2024 Journal Le Haut-Saint-François