En plus d’être considérée comme milieu dévitalisé, Weedon a subi des pertes d’emploi accompagnées de pertes de services ces dernières années. Le maire Richard Tanguay aimerait au moins combattre à armes égales lorsque vient le temps d’attirer des entreprises créatrices d’emploi sur le territoire.
Entouré de MRC et de municipalités ayant obtenu divers fonds d’aide, le Haut-Saint-François fait figure de parent pauvre en termes d’attractivité entrepreneuriale. Les projets d’entreprises désireuses de s’implanter dans les environs aboutissent souvent sur les autres territoires qui, eux, possèdent les incitatifs financiers. C’est ce que déplore le maire de Weedon, Richard Tanguay, qui se dit désavantagé face à des villes comme Asbestos, dans la MRC des Sources, ou Thetford Mines, dans la MRC des Appalaches.
« C’est tout notre territoire qui écope », se désole le maire Tanguay. Le préfet Robert Roy l’admet lui-même : « À toutes les fois qu’on travaille sur un projet, les gens s’en vont où il y a de l’argent. »
En compétition contre les voisins
La municipalité de Weedon le vit de plein fouet présentement avec les délais d’obtention des licences d’exploitation des serres de cannabis médicinal de MYM. Le mégaprojet était accompagné du développement d’un quartier durable comprenant des maisons écoresponsables fonctionnant à l’énergie solaire. Comme il est toujours indiqué sur le site web de la municipalité, le partenaire de ce projet de quartier était l’entreprise Énergéco, basée dans les Laurentides. Or, celle-ci s’apprête à bâtir une usine de fabrication de maisons à Asbestos, comme le confirmait par téléphone son fondateur, Alain Culis.
Le quartier durable de Weedon est au point mort, alors qu’Asbestos devrait avoir le sien dans un avenir proche. Le tout est d’ailleurs chapeauté par l’entrepreneur Bruno Grenier, derrière Électro Kingsey, à Kingsey Falls. C’est ce genre de situation qui exaspère le maire de Weedon, lui qui avait été le premier à approcher l’entreprise de maisons écologiques il y a quelques années.
De bons coups de pouce
Asbestos et la MRC des Sources bénéficient depuis novembre 2012 du Fonds de diversification économique d’une hauteur de 50 M$. Celui-ci « vise à soutenir les efforts de diversification de cette région durement touchée, notamment, par la fermeture définitive de la mine Jeffrey », indique le communiqué de presse de l’époque.
L’an dernier, c’était au tour de la MRC des Appalaches de recevoir l’enveloppe de 50 M$. Le député de l’époque, Ghislain Bolduc, affirmait alors : « Ce Fonds a son équivalent à Lac-Mégantic. Il est devenu, chez nous, un levier privilégié pour les entreprises qui choisissent notre région en vue d’y prospérer. » Trois types d’aide sont principalement offerts aux entreprises : contribution remboursable, garantie de prêt et contribution non remboursable (subvention).
Le Fonds d’aide à l’économie de Lac-Mégantic, dont avait fait mention le député Bolduc, est doté d’une enveloppe de 10 millions de dollars et a été attribué suite à la tragédie ferroviaire.
Pourquoi pas ici ?
Alors qu’elle était toujours en activité, l’usine Cascades à East Angus avait réussi à s’assurer la collaboration du gouvernement du Québec qui s’était engagé à investir 10,5 millions sous forme de prêts. Quand la fermeture définitive fut annoncée en juin 2014, Robert Roy, alors maire de la ville, avait demandé au Parti libéral « de pouvoir maintenir ce 10 millions-là au niveau de la MRC du Haut-Saint-François pour se créer un fonds de diversification, comme les autres municipalités avoisinantes avaient. »
Il avait alors recensé toutes les fermetures d’usine de la région comme celles de Produits Forestiers Champlain (Bury), Cookshire Tex, Shermag (Dudswell), Placage Lennox, GPM Ripe et Entreprises Martin Lajeunesse. Ses estimations lui indiquaient alors la disparition nette de 1000 emplois dans le Haut-Saint-François. La demande avait alors été refusée. Du moins, c’est ce qu’on lui avait dit à l’époque. Lorsqu’il prit part aux dernières élections provinciales en tant que candidat pour le Parti libéral, on lui confirma plutôt à l’interne que la demande n’avait simplement jamais été acheminée.
M. Roy se dit toutefois confiant face à l’approche du parti actuellement au pouvoir, qui supporte les projets créateurs d’emploi. De son côté, le maire Tanguay dit avoir déjà interpellé le député François Jacques, que ce soit en campagne ou une fois au pouvoir, face à la situation. Qu’à cela ne tienne, le mal est fait. MM. Roy et Tanguay estiment que les libéraux « auraient dû créer une équité entre les MRC » au moment de la création et de la distribution des fonds. À la place, M. Roy se dit satisfait du travail accompli par le Centre local de développement (CLD) du Haut-Saint-François, pour attirer de nouvelles entreprises sur le sol de la MRC, souvent avec des moyens moindres.