Un débat sans gagnant mais animé par moment

Même si le débat s’est déroulé dans le respect mutuel, il a donné lieu à quelques échanges animés.

Le débat auquel participaient six des sept candidats de la circonscription de Compton-Stanstead n’a pas permis d’établir de vainqueur. Sans surprise, la députée sortante, Marie-Claude Bibeau du Parti libéral, a été la cible des participants, mais il n’y a pas eu de K.O. Le débat s’est même animé lors- que les thématiques du développement économique et de l’agriculture ont été abordées.

Plus d’une cinquantaine de personnes s’étaient déplacées à la salle Jean-Hardy d’Ascot Corner pour assister au traditionnel débat organisé par la Chambre de commerce du Haut-Saint-François. Les candidats Marie-Claude Bibeau du Parti libéral, David Benoit du Bloc Québécois, Jessy Mc Neil du Parti conservateur, Paul Reed du Parti populaire du Canada, Jean Rousseau du Parti vert et Jonathan Therrien du Parti Rhinocéros participaient au débat. La candidate Naomie Mathieu Charette du Nouveau Parti démocratique était retenue à l’extérieur pour ses études.

Cinq thèmes ont été abordés au cours du débat soit les enjeux sociaux, le développement économique, l’agriculture, la mobilité et l’environnement. Après un temps de réponse minuté, les candidats pouvaient débattre sur chacun des thèmes abordés.

Le développement économique et l’agriculture ont donné lieu aux échanges les plus intenses de la soirée. En débat, c’est la députée sortante qui a lancé les hostilités en interpellant son opposant conservateur pour lui demander s’il était au fait que c’était son gouvernement, conservateur, en 2013, qui avait refusé les services de sécurité aéroportuaire à l’aéroport de Sherbrooke alors que la ville de Sherbrooke avait signé une entente avec une compagnie aérienne. « Je suis désolé de vous dire qu’on ne peut pas compter sur le Parti conservateur pour nous aider avec l’aéroport de Sherbrooke. » « Apparamment, on peut pas compter sur les libéraux non plus », de lancer du tac au tac, Jessy Mc Neil. « Vous avez eu 4 ans pour perdre votre temps. Je prends le dossier en main et je peux vous assurer que les choses vont aboutir. » La clé pour voir enfin les vols, c’est la signature d’une entente entre le propriétaire soit la corporation de l’aéroport de Sherbrooke et la ville de Sherbrooke avec une compagnie aérienne, de préciser Mme Bibeau alors que M. Mc  Neil rétorque que « la clé est 500 000 $ pour que le dossier aboutisse. » Le candidat Rousseau ajoute « la clé c’est pas ça du tout, c’est que la ville de Sherbrooke cède l’aéroport à la MRC du Haut-Saint-François et qu’elle développe elle-même son expertise. Les vols, ça ne marchera pas ça. Ça fait 35 ans qu’on travaille là-dessus et il y a rien qui se fait. » M. Benoit soutient que « ça prend une ville d’un certain format comme Sherbrooke qui soit capable de supporter l’évolution du projet jusqu’à ce qu’il soit rentable. » Dans un autre ordre d’idée, le candidat du Bloc s’est adressé à son opposant conservateur en lui reprochant que sa formation politique voulait mettre sur pied un ministère des régions rurales. « Vous êtes en train d’implanter une nouvelle patente au Québec alors qu’il en existe déjà. Vous allez décider d’une autre structure pour nous dire comment gérer notre propre argent. »

« On va aider les régions à mieux se développer, on donne des outils supplémentaires. On est pas là pour s’immiscer, mais pour appuyer les provinces », d’expliquer Jessy Mc Neil.

Au secteur agricole et à la question de savoir si les partis vont bonifier les programmes de gestion des risques d’entreprise (GRE) et indexer les budgets en fonction de la hausse des recettes monétaires, Marie-Claude Bibeau rappelle qu’en juillet dernier il a été convenu avec tous les ministres de l’Agriculture que le programme agri-stabilité notamment devait être une priorité et qu’il en serait question lors d’une rencontre d’ici les fêtes. Le Bloc propose de mousser la bonification de l’ensemble des programmes du secteur agricole, alors que le candidat conservateur adhère à la bonification des programmes GRE en soutenant que les producteurs agricoles ont besoin de stabilité. Le candidat du PPC est en faveur de l’abolition de toutes formes de subvention qui ont pour effet d’éliminer la possibilité que de meilleures solutions soient créées en provenance du privé. En débat, le ton a rapidement monté autour de la question de la gestion de l’offre, les candidats reprochant à Mme Bibeau et son gouvernement d’avoir abandonné les producteurs agricoles. Elle reconnaît que ça été difficile, mais rappelle l’engagement du gouvernement à payer des compensations aux producteurs de lait, volaille, oeuf et aux transformateurs. Les candidats Benoit et Mc Neil reprochent au gouvernement de se traîner les pieds pour payer les producteurs. « Vous n’avez même pas été capable de faire les chèques en quatre ans », de lancer Jessy Mc Neil. Le candidat bloquiste ajoute que sa formation travaillerait à faire adopter une loi qui protégerait davantage l’agriculteur « pour qu’il n’y ait plus de brèche dans la gestion de l’offre. » Paul Reed rappelle que son parti préconise l’abolition à la gestion de l’offre considérant qu’il s’agit d’un système injuste envers les autres producteurs et l’ensemble de contribuables.

À la question portant sur la mobilité en milieu rural pour faciliter l’accès au travail et la façon de lutter contre la pauvreté et la précarité des femmes, les réponses sont variées. Le candidat conservateur propose l’internet haute vitesse partout sur le territoire et des programmes d’aide aux activités et à l’apprentissage. Le rôle de député, de mentionner Mme Bibeau, est d’accompagner les municipalités et organismes lorsqu’ils ont des projets. Elle rappelle que son gouvernement a mis en place un programme de 500 M$ pour les femmes entrepreneurs en plus d’avoir mis de l’avant plusieurs mesures sociales en leur faveur. Pour David Benoit, une façon de régler les écarts socio-économiques passe par le travail, le développement du transport en commun sur le territoire et l’internet accessible pour tous.

Au chapitre de l’environnement, les candidats ont été invités à proposer les mesures qu’ils entendent mettre de l’avant pour favoriser le recyclage, mais également la transformation des matières récupérées. Mme Bibeau rappelle que son gouvernement a investi dans la transition énergétique. Elle souligne que pour l’oléoduc, chaque dollar investi, le gouvernement en injecte 15 $ pour la transition énergétique. Elle ajoute que des investissements ont été effectués dans la science, la recherche, l’innovation et le développement. Jean Rousseau dit trouver aberrant qu’on parle d’investissement en environnement alors que l’on continue d’aider les compagnies pétrolières. » Pour le bloquiste, la production de l’hydro-électricité et le développement du transport en commun constituent des éléments importants pour un avenir vert. M. Mc Neil propose de prendre l’électricité du Québec et la traverser pancanadien tout en favorisant l’électrification des transports.

Au domaine des enjeux sociaux, il était demandé aux candidats leur stratégie pour consolider le logement social, communautaire et privé dans le comté. M. Rousseau précise que le programme de revenu minimum garanti pour un certain seuil pourra aider à défrayer le coût des logements ainsi qu’un programme pan canadien pour mettre à niveau les logements.

Pour sa part, M. Benoit soutient que les programmes du gouvernement en matière de logements sociaux ne tiennent pas compte de la réalité québécoise comme le programme déjà en place Accès logis. M. Mc Neil parle du programme d’accès à la propriété que son parti souhaite mettre en place par le biais de la SCHL ainsi qu’un programme de rénovation écoresponsable pour améliorer la qualité des logements et l’intention de nommer un ministre des Affaires rurales qui aura pour effet de rendre meilleur le développement des régions. M. Reed parle de réduction d’impôt et l’élimination de la gestion de l’offre qui apporteront plus d’argent dans les poches des contribuables. Mme Bibeau rappelle les allocations canadiennes aux enfants a permis de sortir 300 000 enfants de la pauvreté, a également bonifié le supplément de revenu garanti et toutes les mesures sociales ont permis de sortir plus de 900 000 personnes de la pauvreté. En termes de stratégie du logement social, la candidate libérale parle de 55 G$ investis sur un horizon de six ans. Enfin, mentionnons que le candidat Rhinocéros en a faire rire plus d’un avec des réponses loufoques selon les différents thèmes abordés au cours de la soirée.

Questions
Parmi les questions posées, Monique Scholz fait part de son cynisme envers la chose politique alors que les libéraux avaient promis la réforme électorale qui a été abandonnée en cours de route. Elle ajoute qu’il en est de même pour l’ensemble des partis politiques qui formulent « un paquet de promesses. On se demande si ça peut être vrai ou non », souligne-t-elle. Des producteurs agricoles ont demandé qu’elles étaient les mesures d’aide pour l’agriculture biologique et les formes d’aide pour les producteurs de lait de brebis, chèvre et autres aux prises avec les conflits commerciaux. Un citoyen, Jacques Gourde, a demandé pourquoi le gouvernement avait payé pratiquement le maximum pour l’achat de l’oléoduc.

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