Les enfants du primaire semblent heureux de retrouver leurs amis.
Au début du mois, la nouvelle est tombée : le Québec se reconfine, mais les enfants retournent en classe. Cette décision, le directeur du Centre de services scolaire des Hauts-Cantons (CSSHC), Martial Gaudreau, l’accueille favorablement selon son message distribué aux parents. Toutefois, de nouvelles mesures sont mises en place pour assurer un maximum de sécurité aux élèves.
Nouvelles mesures
Pour les enfants des écoles primaires, le retour s’est fait le 7 janvier de façon virtuelle et le 11 en présentiel comme prévu. Pour les jeunes du secondaire, l’école à distance s’est poursuivie jusqu’au 15 janvier et le retour physique s’effectue cette semaine. Si les jeunes de plus de 10 ans commençaient à s’habituer au port du couvre-visage, ce sont maintenant tous les enfants à partir de la première année qui devront en porter un à l’école. Les élèves ont l’obligation de le porter dans le transport scolaire, les corridors et les aires communes. Les enfants de 5e et 6e année doivent également le porter en tout temps en classe. Pour les jeunes du secondaire, le couvre-visage n’est plus suffisant. C’est pourquoi le gouvernement fournit deux masques de procédure par jour à chaque élève. M. Gaudreau assure que la ventilation des établissements scolaires satisfait les normes pour le dioxyde de carbone (CO2), qui est de 1000 ppm. « Puisque la majorité de nos écoles ne sont pas ventilées mécaniquement, nous continuerons de mettre en application les pratiques recommandées pour assurer une bonne qualité d’air, soit l’ouverture des fenêtres à plusieurs reprises dans la journée pour favoriser l’apport d’air frais ainsi que l’ouverture des portes des salles de classe en cours de journée, lorsque possible », explique-t-il dans son communiqué. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a également annoncé que les épreuves ministérielles, tant pour le primaire que pour le secondaire, seront annulées pour l’année 2020-2021. De plus, la pondération pour les deux bulletins prévus au cours de l’année sera revue afin de permettre d’assurer une importance moins grande au premier bulletin.
Qu’en pensent les jeunes et leurs parents ?
Depuis près d’un an, les familles ont vu leur quotidien changer à divers niveaux. Même si les jeunes ont tendance à bien s’adapter, cette situation impacte leur présent, mais également leur avenir. Les élèves à partir du 3e secondaire doivent maintenant fréquenter l’école une journée sur deux et l’autre journée d’enseignement se passe à distance. C’est une adaptation et la réalité est différente pour chaque enfant et chaque parent, explique Sophie Martineau-Dupont, présidente du comité de parents du CSSHC. Une chose est unanime, le système scolaire a travaillé fort pour adapter le fonctionnement. « L’école à distance, là, c’est mieux qu’au printemps où ils ont été trois mois à ne rien faire », exprime Manon Elisabeth Carrier, mère de Rachel Corbeil, 2e secondaire, fréquentant la Cité-école Louis-Saint-Laurent. Pour Benjamin Bernier, étudiant de 3e secondaire, ce qui est le plus difficile est la gestion du temps. « Il n’y a plus d’encadrement concret. Il y a aussi les travaux et l’aide associée à ceux-ci », exprime-t-il. Maely Phaneuf, étudiante de 5e secondaire, ne trouve pas la situation facile non plus, surtout pour une fille plus timide comme elle qui a du mal à poser les questions lors des rencontres vidéos. « Pour les élèves, qui ont besoin, comme moi, d’être en classe et de voir ce que la prof fait, parce que se distraire, c’est tellement facile. Une auto qui passe dans la rue, un bruit dans la salle de bain, c’est pas facile pour certains, mais on s’adapte », exprime-t-elle. La réaction est semblable pour la plupart des jeunes, l’école à distance est néfaste pour leur apprentissage, et ce, peu importe le niveau académique. « Il y en a tellement qui ont abandonné que ce sera pas drôle. Je pense qu’on va avoir un méga tas de décrocheurs », exprime Mme Carrier.
Les réactions à la nouvelle du ministre Roberge concernant les épreuves ministérielles est mitigée. Pour Mme Carrier, c’est bien parce que ça va permettre aux jeunes de se concentrer sur les apprentissages plutôt que d’angoisser pour les évaluations. Toutefois, les élèves ne le voient pas tous d’un bon œil. « Je pense qu’annuler les épreuves ministérielles n’était pas vraiment nécessaire, car cela peut nuire à notre futur. Je ne crois pas que changer la pondération des bulletins était nécessaire non plus, car le système qui était déjà en place fonctionnait bien », explique Benjamin. Même si pour Maely, cette nouvelle est un poids de moins sur ses épaules, elle a de quoi s’inquiéter, en tant que finissante. « Ça m’inquiète un peu de savoir comment ils vont faire pour savoir comment on va être acceptés au CÉGEP. Ça va vraiment jouer sur notre bulletin de secondaire 5 », exprime-t-elle.
Toutefois, ce qui demeure le plus inquiétant reste la santé mentale de ces jeunes. Ceux-ci, ayant passé beaucoup de temps seuls depuis près d’un an, commencent à ressentir l’effet de l’isolement. L’absence de contact humain est très difficile puisqu’ils sont habitués d’être entourés de leurs amis et leurs professeurs quotidiennement. À l’adolescence, ces contacts sont très importants et les parents s’inquiètent. « Je pense qu’il y a des enfants qui vont être en détresse bientôt. De ne pas voir leurs amis et d’être isolés, comment ils sont dans leur tête ? », se questionne Mme Carrier. Selon elle, il y aura des répercussions à long terme. Pour Maely, ce sujet la rend très émotive puisqu’elle le vit difficilement, mais elle affirme que l’école les encadre bien. « On a eu des cours avec des psychologues qui sont venus nous dire comme gérer ça », explique-t-elle. Mme Martineau-Dupont se dit inquiète de l’impact que cet isolement aura sur les générations à venir. Une rencontre du comité est organisée cette semaine et les sujets du confinement, de l’enseignement à distance et de la santé mentale des jeunes seront discutés.