Steve Nadeau, vétéran souffrant du syndrome post-traumatique, considère le parc des Deux Rivières à East Angus comme un lieu l’aidant à trouver un bien-être mental.
La forêt peut avoir différentes fonctions selon la vision qu’une personne en a. Pour certains, c’est un lieu qui doit rester naturel et préservé, pour d’autres, il est important de l’aménager pour la rentabiliser. Toutefois, qu’elle soit privée ou publique, la forêt peut avoir des vertus spirituelles et thérapeutiques. À travers le monde, les gens l’utilisent en complément aux psychothérapies ou encore pour les vétérans souffrant du trouble du syndrome post-traumatique (TSPT).
Inspiré du Shinrin Yoku, au Japon, la sylvothérapie est une approche thérapeutique basée sur les séjours dans le bois. Cette pratique se caractérise souvent par une promenade en forêt ou en milieu urbain dit naturel. Selon Shinrin Yoku Québec, ces différentes invitations à relaxer et à retrouver un bien-être physique et psychologique sont proposées par le biais d’un guide certifié. Le silence est de mise afin d’initier les participants à une immersion dans la nature, leurs sens étant alors sollicités entièrement par le milieu sylvestre. « C’est des forêts aménagées pour un espèce de réconfort, de guérison mentale », exprime Jean-Paul Gendron, président de l’Agence de mise en valeur de la forêt privée de l’Estrie (AMFE). Cette technique japonnaise se pratique depuis 1980 et gagne maintenant en popularité en Amérique du Nord. Le site de Shinrin Yoku Québec explique que l’immersion en forêt permet entre autres au lobe cervical frontal de diminuer ses activités, au taux de cortisol prélevé dans la salive de baisser (hormone du stress), à la tension artérielle et au nombre de battements cardiaques de diminuer eux aussi, voire même se réguler.
Aux États-Unis, certains thérapeutes prescrivent cette méthode en parallèle à leur propre pratique, notamment auprès des personnes souffrant de TSPT. « Les gens qui souffrent de stress post-traumatique et toute sorte de problèmes reliés au mental, encadrés par des psychologues et travailleurs sociaux vont dans les forêts guérisseuses du Maine », explique M. Gendron pour qui, cette pratique a tout son sens. Pour Steve Nadeau, connu sous le surnom de Pee-Wee, membre de la Légion royale de East Angus, filiale 025 et vice-président national de UN NATO, les marches en forêt sont bénéfiques. « Moi et plusieurs de mes chums qui ont le TSPT, on est porté à s’isoler un peu dans le bois justement. Ça nous enlève le stress de tous les jours », explique-t-il. Luke, citoyen de Bury et vétéran souffrant de TSPT, estime que cette pratique peut être une arme à double tranchant. Certains soldats ont un TSPT en raison de leurs missions en forêts, il peut donc être difficile pour eux de se sentir bien en ces lieux, explique-t-il. Toutefois, bien accompagné, il croit qu’il est possible de retrouver une certaine sérénité en forêt. « Quand on est dans le bois, on écoute les oiseaux, on sent la chaleur du soleil sur notre peau, le vent quand c’est froid. Bien souvent, il y en a qui mettent des ipods, se mettent de la musique et s’en vont tranquillement dans le bois. Ils n’ont pas à penser à se faire frapper ou se faire déranger par quelqu’un », explique Steve Nadeau.
Dans le Haut-Saint-François, plusieurs vétérans profitent du parc des Deux Rivières à East Angus afin d’y retrouver ce bien-être. Selon le Dr Qing Li, auteur, président de la Japanese Society of Forest Medicine et professeur associé à la Nippon Medical School de Tokyo, il faut que la canopée d’une forêt thérapeutique ait une superficie d’au moins 10 000 mètres carrés de couvert forestier. En général, une plantation d’au moins 50 ans et ayant comme espèces les pins, les chênes, les érables et les bouleaux sont les critères les plus recherchés. Si un point d’eau s’y trouve, l’effet est encore mieux selon les spécialistes. « Le but de la chose, c’est de s’occuper à quelque chose pour ne pas penser à ce qui dérange », mentionne M. Nadeau.
Le Canada compte officiellement huit forêts thérapeutiques dont une se trouve à Fitch Bay au Québec. La MRC du Haut-Saint-François possède plusieurs forêts et parcs qui, sans avoir la nomenclature officielle, peut apporter les bienfaits recherchés. Outre le parc des Deux Rivières, il y a le parc écoforestier de Johnville, la forêt habitée de Dudswell et le parc national du Mont-Mégantic, secteur de Franceville, à Hampden. Si une forêt thérapeutique était aménagée dans le HSF, M. Nadeau est persuadé qu’elle serait bien utilisée par ses compères