Comme projet de retraite, Mario Langevin et Brigitte Robert se lancent dans la culture viticole sur leur terre à Cookshire-Eaton.
Démarrer une culture viticole comme projet de retraite, c’est l’idée qu’ont eue Mario Langevin et Brigitte Robert en installant des vignes sur leur terrain à Cookshire-Eaton, il y a quelques années. Bien qu’étant une culture peu propice au climat du Haut-Saint-François, le couple s’est lancé le défi, malgré les doutes de plusieurs agronomes. Les résultats semblent prometteurs.
M. Langevin tient à préciser qu’il s’agit d’une culture viticole et non d’un vignoble puisque la fabrication de vin n’y est pas créée sur place. Le couple cultive les vignes et achemine les raisins au vignoble le Cep d’Argent à Magog. Présentement, ils cultivent des variétés non-rustiques, soit le Vidal blanc et le Seyval blanc qui sont des variétés plus complexes à faire pousser. « Nous, c’est des semi à non-rustique, c’est-à-dire que ce n’est pas partout que ça pousse. C’est plus capricieux, ça prend une terre plus spéciale, plus chaude, un microclimat », explique M. Langevin. Entrepreneur en aménagement paysager, la qualité des sols, il s’y connaît. Sa terre à Cookshire-Eaton a un sol sablonneux qui, selon lui, se prête parfaitement à la culture de la vigne puisqu’elle est bien drainée.
Bien que cette variété de raisins se retrouve généralement dans les régions plus chaudes telles que la Montérégie, M. Langevin et Mme Robert ont décidé de tenter leur chance puisqu’ils croyaient à la qualité de leur sol et à leur projet. « Étant donné que le Haut-Saint-François c’est un petit peu plus frais, ils (les agronomes) s’attendaient à ce qu’on soit en retard par rapport au reste du Québec. L’année passée, on était au même stade, sinon à l’avance, que la Montérégie. Les agronomes étaient très surpris », lance fièrement Mme Robert. Débutant il y a deux ans, le couple a présentement 5000 plants de vigne sur un hectare. « On a déjà eu une petite production l’année passée. Cette année, on s’attend normalement, selon les règles la troisième année, ça devrait produire 50 % de sa capacité », poursuit la propriétaire.
Avoir une culture viticole demande beaucoup de travail puisque ça ne pousse pas tout seul, affirme Mme Robert. Au printemps, chaque vigne doit être taillée une à une manuellement. Le processus ne se fait pas mécaniquement. Un désherbage fréquent est également nécessaire pour permettre aux plantes de recueillir le maximum de minéraux possibles. De plus, le couple doit assurer un suivi strict pour éviter les maladies et les insectes nuisibles. « On n’a pas besoin de mettre d’insecticide vu que c’est un vignoble isolé. Vu qu’on est plus loin des autres, je crois que c’est vraiment un avantage », explique M. Langevin. Visant une culture biologique éventuellement, les viticulteurs pratiquent présentement une culture dite raisonnée. « On y va vraiment avec le biologique autant qu’on peut. Si un moment donné, ça ne marche vraiment plus, la santé de la vigne est en péril et bien on va y aller avec de quoi d’un peu plus fort », explique Mme Robert.
Natifs de Coaticook et présentement citoyens de Sherbrooke, le couple a décidé d’acheter un terrain dans le HSF, notamment pour la qualité de son sol. Aimant la nature et travailler la terre, pour eux, avoir une terre agricole était important. « On faisait de la grande culture avant, du maïs et du soya. Comme projet de retraite, on produit des grappes de raisins », exprime M. Langevin. Possédant la terre depuis une dizaine d’années, l’entrepreneur trouvait que la qualité du sol était trop importante pour n’y faire que de la grande culture. « J’ai suivi des cours à Saint-Paul-d’Abbotsford et je me suis dit que ce serait parfait pour un projet de retraite. J’ai rencontré le Cep et d’autres vignobles aussi », exprime-t-il.
Si pour l’instant le couple cultive des raisins pour d’autres, l’idée de produire eux-mêmes leur vin n’est pas écartée pour autant. D’ici deux ou trois ans, ils prévoient prendre leur retraite et pourront ainsi se consacrer à leur culture.