Carolyne Boutin, directrice générale de La Méridienne, et Annie Pilon, directrice adjointe, s’assurent d’offrir un maximum de support et de sécurité aux femmes et leurs enfants qui fréquentent la maison d’hébergement.
Les gouvernements fédéral et provincial s’unissent et investissent des centaines de milliers de dollars pour soutenir les organismes venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale. Annoncées dans leurs budgets respectifs, ces subventions ravissent les responsables des maisons d’hébergement et autres organismes d’aide.
Le budget fédéral 2021 propose d’investir 601,3 M$ afin de faire progresser le plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le genre. De ce montant, 200 M$ seront versés sur deux ans pour permettre d’améliorer les refuges, centres d’aide et autres organismes de soutien auprès des femmes victimes de violence. La somme de 400 M$ financera d’autres initiatives telles que l’augmentation des ressources aux lignes d’assistance en cas de crise face à la hausse de volumes d’appels reçue. « Nous sommes très heureuses de voir que la problématique de la violence fondée sur le sexe est au cœur du budget fédéral 2021. Ce sont des investissements que nous réclamions depuis longtemps. Pour soutenir et accompagner adéquatement toutes ces femmes, il faut des réponses plurielles à la violence et des actions concertées. En ce sens, ce budget fédéral représente un très bon premier pas », exprime Mathilde Trou, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Les députées des circonscriptions de Compton-Stanstead, Marie-Claude Bibeau, de Brome-Missisquoi, Lyne Bessette, et de Sherbrooke, Élisabeth Brière, ont annoncé cet investissement lors d’une rencontre virtuelle avec les organismes dédiés aux femmes. « Pour que la violence faite aux femmes cesse, tout le monde doit ouvrir les yeux, les oreilles et la bouche. Il faut s’en parler, s’entraider et c’est pourquoi il était important pour moi d’avoir cette autre discussion avec ces femmes incroyables qui œuvrent tous les jours auprès des victimes et des survivantes de violence conjugale et sexuelle. Je tiens à ce que les fonds fédéraux soient dirigés là où ils auront le plus d’impacts positifs et durables », déclarait Mme Bibeau. Depuis un an, le gouvernement du Canada a transféré plus de 17 M$ au gouvernement provincial pour soutenir plus de 200 organismes et refuges venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale, mentionnait le communiqué de presse.
Lors de la présentation de son budget 2021, le gouvernement provincial proposait 22 M$ sur cinq ans, explique Annie Pilon, directrice adjointe de la maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, La Méridienne, à Weedon. Selon elle, ce montant correspondait à environ 10 % de leur demande de base pour améliorer les services des maisons. Après avoir reçu les désaccords des différents organismes, le gouvernement a rencontré la Fédération et le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale pour réévaluer les besoins. Il en a été conclu qu’un financement additionnel de 92 M$ sur cinq ans sera versé pour les maisons d’aide et d’hébergement de première étape. « Les sommes que nous annonçons s’ajoutent aux investissements sans précédent de notre gouvernement pour lutter contre la violence conjugale. Cette annonce est possible grâce à l’excellente collaboration que nous avons développée avec les maisons d’aide et d’hébergement. Nous partageons la même volonté de sécuriser les femmes pour éviter que leur quotidien et celui de leurs enfants soient bouleversés par la violence », exprime Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine. Mme Pilon affirme que cette décision a été bien reçue de la part du Regroupement. Elle y voit une belle ouverture à la réalité des maisons d’hébergement. À La Méridienne, ces subventions permettront d’augmenter leur capacité officielle d’hébergement. « Le problème de certaines maisons dans toutes les régions du Québec, présentement, on est pleine tout le temps », mentionne la directrice adjointe. La maison de Weedon compte officiellement 10 places pour femmes et enfants, mais pourrait en accueillir 12, ce qu’elles font la plupart du temps tout en étant subventionnées que pour 10. En somme, le gouvernement provincial prévoit un investissement de près de 223 M$ sur cinq ans pour mieux protéger les femmes. Les différentes mesures prioritaires viennent bonifier celles qui sont déjà en place et seront déployées partout au Québec, y compris auprès des Premières Nations et des Inuits.
Depuis le début de l’année 2021, une dizaine de féminicides ont eu lieu au Québec et avec la pandémie, les organismes notent une hausse inquiétante de cas de violence conjugale. Les gouvernements ont mis en place diverses campagnes de sensibilisation et les maisons d’hébergement sentent qu’elles sont écoutées. « Les cas de violence conjugale se multiplient et les dix féminicides que compte le Québec cette année dépassent l’entendement. Il faut que ça cesse. Aujourd’hui, nous annonçons notre plan pour faire face à l’urgence : une série de mesures qui reflètent les multiples facettes de la lutte contre la violence dont sont victimes les femmes et les enfants. Mes collègues et moi sommes déterminées, avec la mobilisation de tous nos citoyens, à enrayer le fléau de la violence par la sensibilisation, l’action et la dénonciation. Restons attentifs aux signaux, sauvons les femmes », lance Geneviève Guilbault, vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale. De son côté, Mme Pilon note une différence par une hausse des demandes d’aide téléphonique directe. Selon elle, des proches des victimes, les pères, sœurs, tantes, cousines, appellent et cherchent à savoir comment s’y prendre pour aider. « Je pense qu’il y a une réceptivité du message qui a fait qu’ils vont vouloir comprendre et s’informer plus rapidement », mentionne-t-elle. Le gouvernement ne prévoit pas en rester là puisque Isabelle Lecours, députée de Lotbinière-Frontenac et adjointe parlementaire de la ministre de la Sécurité publique, gardera contact avec les maisons d’hébergement afin d’assurer un suivi. « C’est de façon proactive que je compte participer à l’effort collectif pour endiguer la violence faite aux femmes. Je me sens privilégiée d’avoir eu le mandat d’établir une relation étroite avec les maisons d’aide et d’hébergement d’urgence du Québec et les principaux intervenants du milieu. Il faut que les choses changent. Je suis solidaire des femmes et je souhaite qu’elles trouvent plus aisément, par l’annonce que nous faisons, le chemin et les moyens de s’en sortir », exprime-t-elle.
En plus d’agrandir la capacité d’accueil de la maison avec ces subventions, les responsables de La Méridienne aimeraient embaucher plus d’intervenantes pour doubler les quarts de soir ainsi qu’améliorer l’accessibilité aux femmes immigrantes, notamment avec un service de traduction.
Pour toutes demandes d’aide, l’organisme SOS violence conjugale est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1 800 363-9010 pour un service gratuit et confidentiel.