Bien que les résultats financiers des deux dernières années soient intéressants, les responsables font preuve de prudence quant à l’avenir de Valoris.
Pour une deuxième année consécutive, la Régie intermunicipale du centre de valorisation des matières résiduelles du Haut-Saint-François et de Sherbrooke (Valoris) affiche un surplus financier positif. Cette fois, l’excédent net s’élève à 2,5 M$ pour l’exercice s’étant terminé le 31 décembre 2020.
Cette performance est attribuable à plusieurs facteurs, mais majoritairement à la réception et du traitement de matières résiduelles générées par des travaux de construction, rénovation et démolition (CRD) réalisés principalement par la Ville de Sherbrooke pour des projets majeurs. Valoris a également reçu davantage de résidus CRD de clients privés et ajoute une bonne vente de matériaux triés grâce au taux élevé de leur valorisation plutôt que leur enfouissement.
D’autres facteurs comme la réduction des dépenses en transportant moins d’eau de lixiviation vers la station d’épuration de Sherbrooke, le fait d’obtenir des frais d’exploitation inférieurs en lien avec son centre de transfert de Sherbrooke, des économies dans divers travaux et en lien avec les services professionnels contribuent au surplus enregistré. Par ailleurs, Valoris a réduit la dette de près de 2,7 M$ au cours de la dernière année, la faisant passer de 37 M$ à 34,3 M$. La valeur comptable est maintenant d’un peu plus de 39,6 M$.
Valoris entame sa troisième année du plan de redressement 2019-21. En 2019, la régie a dégagé un surplus de 870 493 $ et 2,5 M$ pour 2020. Est-ce qu’on peut anticiper un surplus pour l’année en cours ? Il est beaucoup trop tôt pour s’avancer dans ce sens, de mentionner Louis Longchamps, directeur des communications. Denis Gélinas, directeur général, y va de prudence, « il ne faut pas se laisser aveugler par les résultats positifs. Le passé nous a montré que la situation peut changer et se détériorer rapidement si nous ne sommes pas vigilants. Ces résultats confirment les orientations du Plan de redressement et permettront à l’équipe de la régie de se concentrer sur les différents projets sur lesquels elle travaille : agrandissement du LET, optimisation du traitement des eaux de lixiviation, valorisation des biogaz, l’accréditation gouvernementale pour la ligne CRD et l’accroissement des quantités de matières acheminées chez Valoris. »
Selon Robert Roy, vice-président de Valoris et préfet de la MRC du Haut-Saint-François, les résultats obtenus « prouvent que notre plan de redressement fonctionne, mais il ne faut pas crier victoire. On a sorti la tête de l’eau, à nous de voir pour l’an prochain. » Interrogé à savoir si les administrateurs pourraient envisager une réduction du tarif du coût de la tonne auprès des municipalités, M. Roy s’est montré prudent, mentionnant que la régie aurait une meilleure idée de la situation financière vers août et septembre prochains. Pour le vice-président, l’objectif serait surtout d’éviter une augmentation du tarif et de diminuer la dette. Il n’exclut pas une diminution du coût laissant tomber « si on voit qu’on est capable de donner de l’air aux municipalités. » Ce dernier insiste pour dire qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais demeure optimiste. Rappelons que le tarif d’enfouissement pour les municipalités membres est de 241 $ la tonne.
Quant au plan de redressement, M. Longchamps mentionne que plusieurs choses ont été faites, que ce soit sur le plan de gouvernance, les finances « là, on travaille beaucoup plus sur le futur et comment on va fonctionner dans le futur. » Dans cette optique, Valoris a effectué des représentations auprès du BAPE dans le cadre des audiences sur la gestion des déchets ultimes au Québec ainsi que sur le projet d’agrandissement du site d’enfouissement qui devraient permettre de consolider les revenus de la régie, d’expliquer M. Longchamps. D’autre part, les discussions se poursuivent avec le gouvernement et visent à faire reconnaître le processus de Valoris, le tri bio mécanique et le compost extrait des déchets. Cette reconnaissance lui permettrait de repartir la ligne résidentielle ICI. M. Longchamps mentionne que les tests effectués à l’été 2019 démontraient la capacité d’extraire jusqu’à 85 % la matière qui se retrouvait dans la masse de déchets.
Il existerait une autre source de financement possible du côté de Recyc-Québec. L’organisme, explique M. Longchamps, a lancé l’année dernière un processus d’accréditation pour les centres de tri CRD. « Tout ce qui va s’appeler municipal et gouvernemental, quand ils vont avoir des contrats à donner, ils vont devoir passer par des centres de tri accrédités. » Valoris a demandé son accréditation et a bon espoir de l’obtenir, ce qui devrait permettre d’assurer un arrivage, donc des revenus.
Le président de Valoris et maire de Sherbrooke, Steve Lussier, admet que les prochains mois seront bien remplis et que le travail est loin d’être terminé. « L’équipe de Valoris a effectué plusieurs représentations lors des différentes audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Le résultat des audiences et les orientations du ministre de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charrette, influenceront la suite des choses pour Valoris. Nous sentons un véritable engouement de la part de différents acteurs du monde des matières résiduelles à travers la province pour mettre en place des solutions innovatrices qui permettent la réduction significative de l’enfouissement des déchets et respectueuse de l’environnement », conclut M. Lussier.