Nous apercevons les lignes de tri CRD et RÉS/ICI du centre de tri multimatières de Valoris.
La Régie intermunicipale du centre de valorisation des matières résiduelles du Haut-Saint-François et de Sherbrooke (Valoris) demande au gouvernement du Québec la reconnaissance du procédé de tri mécano-biologique (TMB), dont elle dispose la technologie, et désire une aide financière pour faire la démonstration de son efficacité dans le cadre d’un projet de trois à cinq ans. À cela, elle souhaite devenir une vitrine technologique de démonstration pour le TMB.
Convaincus de l’efficacité du TMB pour réduire l’enfouissement des déchets ultimes, les représentants de Valoris ne demandent qu’à en faire la démonstration à grande échelle et pour y arriver la participation financière de l’État est nécessaire.
Voilà ce qui se dégage du mémoire présenté par le président de Valoris et maire de Sherbrooke, Steve Lussier, et le directeur général, Denis Gélinas, dans le cadre des audiences publiques du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur l’état des lieux et la gestion des résidus ultimes.
D’entrée de jeu, M. Lussier y est allé d’une mise au point visant le gouvernement du Québec. « Depuis sa création, Valoris a mis de l’avant des initiatives favorisant le maximum de valorisation et le minimum d’enfouissements et il semble que Valoris est toujours en avance et que les reconnaissances en lien avec ses innovations ne sont pas au rendez-vous », précise-t-il.
M. Gélinas a enchaîné en résumant le contenu du mémoire de 54 pages tout en précisant comment l’approche de Valoris permet une réduction significative de l’enfouissement. Il a rappelé que « l’approche gouvernementale n’a pas su démontrer toute l’ouverture, ni une réelle volonté pour favoriser tous les moyens qui pouvaient et prouvaient efficacement à atteindre lesdits objectifs de réduction d’ICI. La participation volontaire citoyenne et l’implantation d’une économie circulaire représentent des approches logiques, mais ne permettent pas à elles seules, ni à court terme ni à moyen terme, de réduire significativement l’enfouissement des déchets au Québec. »
Le dg de Valoris précise que le TMB constitue une belle alternative et qu’il est mis à contribution dans les pays européens depuis les années 1960. Le mémoire indique qu’il était utilisé dans 15 pays européens en 2010. En 2017, on comptait quelque 570 unités de TMB pouvant traiter 55 millions de tonnes de déchets annuellement. Le procédé n’a cessé de se peaufiner au fil des années et il en serait à sa 3e génération. Le traitement mécano-biologique peut permettre d’atteindre divers objectifs. L’un d’entre eux est de fabriquer du compost qui est toutefois interdit dans l’industrie agroalimentaire. Valoris a tenté l’expérience du compost au cours de 2019. « Les résultats de la caractérisation du compost fait avec des matières organiques extraites du TMB de Valoris, lors des essais de l’été 2019, ont affiché des valeurs d’un compost de qualité AA par rapport à la norme BNQ pour tous les métaux », peut-on lire dans le mémoire. « Malgré ses très bons résultats de caractérisation de compost issu du TMB, Valoris est d’avis que ces composts devraient être valorisés dans des applications autres qu’agricoles, comme la réhabilitation des sites miniers, le recouvrement final des LET ou encore en aménagement routier. »
« Cependant, d’ajouter M. Gélinas, la reconnaissance gouvernementale face à cette approche tarde à se concrétiser, et ce malgré des résultats probants. Nous considérons que la table est mise pour permettre de bénéficier efficacement des impacts positifs de ce procédé TMB dans la gestion des matières résiduelles générées au Québec. » M. Gélinas rappelle que Valoris utilise déjà le procédé TMB depuis sa création en 2015 pour deux de ses trois lignes. Dans une recommandation s’appuyant sur 35 considérants de différents ordres, Valoris propose l’utilisation du TMB adapté au Québec comme un outil efficace et performant pour atteindre la cible gouvernementale de l’enfouissement du résidu ultime seulement. Dans le contexte actuel, explique-t-on, la recommandation porte sur trois démarches. La première, en reconnaissance du TMB adapté au contexte québécois, comme une approche réelle et pertinente pouvant immédiatement contribuer à la réduction significative des déchets enfouis. La seconde vise l’implantation d’une vitrine de démonstration technologique, pour assurer un encadrement strict de toutes les étapes mis en œuvre de cette démarche tant du procédé de tri proprement dit, du conditionnement des matières organiques extraites des déchets et un suivi sur le terrain des utilisations des extrants en partie le compost. Troisièmement, l’obligation de la disponibilité publique des résultats découlant du projet de vitrine de démonstration pour en assurer une appropriation de tous les intervenants sur le territoire québécois autant privé que public. On demande que la vitrine soit implantée pour une période de trois à cinq ans afin de valider le processus et les résultats obtenus.
Rappelons que le rapport du BAPE sur les résidus ultimes doit être déposé au ministre de l’Environnement au plus tard le 22 décembre 2021.