Plan régional des milieux humides et hydriques : Une première soirée publique d’information et quelques craintes

Milieux Humides dans le Haut-Saint-François

Le plan régional doit identifier les milieux propices à la conservation sur le territoire.

La MRC du Haut-Saint-François a tenu sa première soirée d’information publique concernant l’éventuel plan régional des milieux humides et hydriques (PRMHH) qui doit identifier les milieux propices à la conservation pour le territoire. Bien que la démarche visait à informer et s’assurer d’une compréhension commune des objectifs et des implications, certains participants éprouvaient des réticences au terme de la soirée, craignant que le plan soit restrictif et mette des bois dans les roues, notamment pour les producteurs forestiers.

L’objectif de la rencontre virtuelle à laquelle participaient une cinquantaine de personnes, producteurs agricoles, propriétaires forestiers, riverains, citoyens et élus municipaux était de transmettre l’information sur les grands principes, la démarche utilisée et les objectifs visés. Les participants ont également été invités, au cours de la soirée, à participer en atelier dans le cadre d’une réflexion collective.

Mandat

Le PRMHH a comme mandat principal d’identifier des milieux humides et hydriques qui représentent un intérêt pour la conservation. Les milieux identifiés le seront pour différentes raisons, par exemple parce qu’ils sont l’hôte d’une biodiversité particulière, ou encore parce qu’ils rendent des services à la collectivité en purifiant l’eau qu’on boit ou en retenant les eaux en période d’inondation.

Le plan doit également fixer des objectifs de conservation quantitatifs et qualitatifs à l’égard des milieux humides et hydriques d’intérêts préalablement identifiés. Finalement, le PRMHH doit établir une stratégie de conservation et proposer des actions concrètes qui permettront d’atteindre les objectifs fixés.

Le plan, d’expliquer Charles Laforest, aménagiste et responsable du plan régional, doit s’appuyer sur trois grands principes : qu’il n’y ait aucune perte nette, c’est-à-dire, garder un équilibre entre les pertes de superficie de milieux humides et hydriques et les gains qui peuvent être faits par la création et la restauration. L’objectif, précise-t-il, est de conserver cette même superficie dans le temps. Le second principe est celui de la gestion cohérente par bassin versant alors que le troisième est la prise en compte des changements climatiques. Le plan doit donc être compatible avec le schéma d’aménagement de la MRC.

M. Laforest ajoute que le plan en est un de conservation de certains milieux humides et hydriques. « Le plan ne vise pas l’ensemble des milieux humides. Il vise certains milieux humides qui auront été jugés d’intérêts pour la conservation. C’est un plan avec des objectifs de conservation et des actions pour les atteindre. Ce n’est pas un règlement qui va protéger tous les milieux humides et hydriques du territoire. Il n’y a pas de contrainte supplémentaire pour les citoyens », précise-t-il.

Démarche
Pour réaliser le plan, la MRC du Haut-Saint-François entend consulter et impliquer des groupes d’acteurs différents de ceux impliqués dans la démarche régionale afin de tenir compte des préoccupations et enjeux bien locaux. Ce processus de concertation, estime-t-on, permettra de déterminer des orientations et objectifs de conservation qui seront plus près des attentes locales.

D’autre part, pour identifier les milieux humides et hydriques, la MRC s’est associée aux autres MRC de l’Estrie ainsi qu’à la ville de Sherbrooke pour faire une démarche de réflexion régionale concertée. Cette initiative permettra de réaliser des économies d’échelle, notamment lors de la production d’un diagnostic régional et de la construction d’une méthode multicritère d’évaluation des milieux humides et hydriques.

Ateliers
Au cours de la soirée d’information, les participants ont contribué à deux ateliers de discussions. Un premier groupe abordait les questions citoyennes, les inquiétudes des propriétaires riverains, les développeurs et les impacts sur les terrains. Un second s’attardait sur les interrogations d’ordre agricole et forestier tandis qu’un dernier groupe se penchait sur l’environnement et les associations de lacs.

Craintes
Pour Jean Tremblay, propriétaire terrien et technicien forestier, est loin d’être convaincu des bienfaits du plan. « Je ne vois rien d’utile au plan sinon que de mettre des enfarges notamment aux propriétaires de forêt privée. Ça fait presque 35 ans que je fais de l’éducation auprès des producteurs, les gens sont prêts à protéger leur boisé et le mettre en valeur. Je n’ai pas rencontré personne intéressée à détruire sa forêt et son boisé, tout massacrer. » Résidante à Hampden, Lisa Irving dit craindre la venue « des nouveaux arrivants qui arrivent de la ville et ne sont pas nécessairement au courant de l’importance de protéger les boisés et milieux humides. Ça sera un challenge dans le futur. »

Préfet
« J’ai entendu beaucoup d’inquiétudes des gens, la méconnaissance d’un milieu humide, comment travailler avec ? Je pense qu’il va avoir beaucoup de travail à faire, l’avantage de tirer d’un milieu humide et le désavantage pour certains. Je pense que ça ne sera pas facile. Ce que je souhaite le plus, c’est de trouver une harmonie avec l’agriculture, la foresterie et nos citoyens littoraux. Je pense qu’on a tous un rôle à jouer. Ce qui est important pour moi, c’est que nous définissions ensemble c’est quoi les milieux humides importants dans notre région », mentionne Robert G. Roy, préfet de la MRC du HSF.

Si tout va comme prévu, les intervenants travailleront au cours des prochaines semaines à l’identification des milieux humides et hydriques ainsi qu’au diagnostic. Les responsables souhaiteraient tenir une première assemblée de consultation publique à l’automne et une seconde à l’hiver 2022. Mentionnons que le plan doit être déposé au plus tard en juin 2022 et qu’il sera préalablement approuvé par le conseil des maires. Il devra également être accepté par le ministère concerné.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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