Formation préparatoire à l’emploi : Du concret pour de futurs travailleurs

Formation préparatoire à l,emploi

Les élèves ont participé avec fougue et dans la bonne humeur au projet.

En ce temps de pénurie de main-d’œuvre, toute la force de travail disponible est la bienvenue pour les entreprises. Les gens d’affaires attendent impatiemment les finissants scolaires provenant de tout azimut. À la Cité-école Louis-Saint-Laurent, le programme Formation préparatoire au travail (FPT) prépare les jeunes de 14 à 16 ans à jouer un rôle efficace sur le marché du travail. Dans cet esprit, la classe de Caroline Ruel s’est affiliée, dans le cadre d’un stage, avec l’entreprise Écoferme Tribu à Dudswell, pour réaliser le projet de fabrication d’huile de tournesol.
Le FPT est une formation de trois ans en alternance travail-études visant à permettre le plus possible les apprentissages de la formation générale auxquels s’ajoutent des stages en milieu de travail. L’objectif est de permettre aux jeunes de développer les compétences professionnelles essentielles à une insertion en milieu de travail. L’élève recevra un certificat en formation préparatoire au travail décerné par le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR) après avoir réussi 2 700 heures de formation et l’insertion professionnelle de 900 heures.
Projet
« Le but, explique l’enseignante, est qu’ils (étudiants) apprennent à se connaître, à voir, c’est quoi leur intérêt, qu’ils se découvrent des forces. En les mettant en action comme ça, ils peuvent se découvrir eux-mêmes de l’intérêt ou des forces qu’ils ne pensaient même pas ». Mme Ruel mentionne que le projet a reçu un bon accueil par les élèves. « C’est sûr, au départ, quand je leur expliquais qu’on allait faire des travaux pratiques, plus se mettre dans l’ambiance d’être en travaux et non tout le temps à l’école assis en classe, sur le coup, ça leur tentait. » L’enseignante ajoute avoir observé des changements rapides chez certains participants dès la première journée de travail. « Il y en a qui sont plus réservés en classe, on voit qu’ils s’extériorisent un petit peu plus pendant le projet. Il y en a qui ne parle pas beaucoup, ils ne vont pas beaucoup donner leur opinion en classe, mais aujourd’hui, moi, j’ai déjà vu de très belles forces qui sont ressorties. »
Le projet consiste à participer à toutes les étapes de production qui mènera à la vente de bouteilles d’huile à massage à base de tournesol. Au moment de la rencontre, les participants effectuaient la coupe des tournesols et la récolte des graines. Ultérieurement, ils devaient participer au pressage des grains, faire les recettes, les étiquettes qui seront apposées sur les 650 bouteilles de 120 ml d’huile et faire la vente dans les divers marchés de Noël de la région.
Au terme du projet, l’enseignante effectuera un retour en posant des questions qui forceront les jeunes participants à réfléchir à leur démarche. Ils seront invités à dévoiler les compétences acquises. Mme Blais comprend que le travail effectué au cours de la démarche ne sera pas nécessairement celui qui sera exercé dans l’avenir. « L’important, c’est qu’ils apprennent à se connaître à travers ça. Qu’ils apprennent différentes taches, qu’ils explorent le métier d’agriculteur parce qu’il y a une partie agriculture, une partie vente, fabrication. Il y a plusieurs volets différents. »
Réactions
Calixe Blais, Marek Phaneuf et Amélia Langlois sont trois participants qui ont bien voulu commenter leur expérience. Au moment de la présentation du projet : « moi, je me suis dit, on va passer des journées dans le bois style, on va avoir chaud comme pas possible, on ne sera pas capable d’abattre le travail comme on dit. » Mais avec une fierté évidente, Marek ajoute « mais nous autres, on regarde ce qu’on a fait toute la gang, on se rend compte qu’on a fait quand même une bonne job. » Son collègue, Calixe, poursuit : « ça fait du bien de bouger, c’est beaucoup différent, c’est de la préparation, mais c’est le fun », exprime-t-il sous le regard approbateur d’Amélia. Unanimement, ils ont apprécié l’expérience d’être à l’extérieur. Un peu moins celle d’extirper les grains des tournesols, mais aimé couper les plants. Tous trois mentionnent apprécier le travail d’équipe et manifestaient leur hâte de passer aux autres étapes de la production. Marek était prêt à faire de la vente : « moi, je ne suis pas gêné. Si j’avais pu faire de la vente aujourd’hui, j’en aurais fait. »
Collaboration
Marie-Ève Gagnon, copropriétaire avec Daniel Lemire de l’entreprise Écoferme Tribu, un incubateur agroalimentaire, a permis la réalisation du projet. Propriétaires d’une terre de 650 acres, dont 40 en prairie, ils consacrent de 15 à 20 acres dédiés à des projets du genre, dit Mme Gagnon à l’échelle humaine. Le projet en cours, ce sont les propriétaires qui l’ont mis de l’avant. « On a voulu amener des tournesols pour faire de l’huile de tournesol. On a développé une collaboration avec la ferme Champie qui ont fourni les graines de tournesol biologique. » Elle ajoute du même souffle, que l’entreprise Écoferme Tribu n’a pas la certification biologique et ne peut dire qu’il s’agit d’huile biologique, « mais, il n’y a pas eu de produits chimiques qui ont été mis sur nos tournesols », précise-t-elle.
Outre la cueillette et le décorticage des tournesols qui s’effectuent sur le terrain, Mme Gagnon a apporté l’équipement à l’école afin d’effectuer le pressage. « Ils vont faire les recettes ensemble. Ils m’ont donné des idées sur les odeurs qu’on pourrait sélectionner et les étiquettes à faire. » Mme Gagnon a présenté les différentes étapes du projet en classe. « J’ai tout montré ça aux étudiants, le seuil de rentabilité, on a tout regardé ça ensemble, monté le projet pour qu’il soit viable en tenant compte de la rentabilité, comment on détermine le prix de notre bouteille, le coût du marché, etc. On a fait cette réflexion ensemble pour montrer que ce n’est pas parce que tu as une entreprise à but lucratif que tu n’es pas obligé d’avoir un volet humain et avoir le goût d’être impliqué dans notre communauté. » D’ailleurs, une partie des profits découlant de la vente des bouteilles sera remise à la polyvalente.
Mère de quatre enfants, Mme Gagnon dit savoir que les adolescents ont besoin d’expérience. « Pour moi, c’est vraiment pour leur faire vivre toutes sortes d’expérience. Qu’ils aiment ça, qu’ils n’aiment pas ça, ce n’est pas ça l’objectif. C’est qu’ils se découvrent à travers ça. »

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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