Depuis 2018, Tourisme Cantons-de-l’Est et Vision Attractivité s’unissent pour « créer des ponts entre les citoyens et les divers acteurs socio-économiques de l’Estrie […] pour qu’encore plus de gens s’installent en Estrie et choisissent d’y rester », prononçait Steve Lussier, ancien maire de Sherbrooke, lors du discours d’ouverture du Sommet Vision Attractivité Cantons-de-l’Est/Estrie, en avril 2019. C’est ainsi qu’a été lancée la révision du nom de la région administrative de l’Estrie, provoquant le choc des idées duquel peut jaillir la lumière.
Tous les changements onomastiques de cette ampleur se font en heurtant des susceptibilités, l’histoire en témoigne. Au sein des MRC, autre nom d’une subdivision qui a supplanté les Conseils de comtés en 1979, les opinions sur ces modifications semblent arrêtées. Bien que la majorité s’entende sur les effets positifs d’un tel changement, Luc Cayer, préfet de la MRC du Val-Saint-François, s’y oppose tout en reconnaissant que la venue de Brome-Missisquoi et Haute-Yamaska sera bénéfique. Dans le Haut-Saint-François, le conseil des maires affiche sa prudence. Les élus seront favorables s’il est démontré par « une analyse complète des impacts, notamment pour les secteurs agroalimentaire et forestier », que cette initiative sera profitable.
Tourisme Cantons-de-l’Est et Vision Attractivité se sont lancés dans le processus menant à ce nouveau toponyme en s’appuyant sur l’étude qu’a effectuée la firme Dialogue en 2019. Une conclusion éloquente et simple en jaillit : « le nom Estrie réfère à la richesse économique alors que le nom Cantons-de-l’Est génère plus d’émotions et est davantage associé au style de vie et à la qualité de vie. » Il faut se rappeler toutefois que l’espace territorial occupé par l’Estrie et les Cantons-de-l’Est n’a jamais coïncidé, même au fil des ans.
La conclusion peut sembler réductrice. Cependant, l’objectif de trouver un nom rassembleur, qui peut attirer plus de gens en région n’a rien de tel dans sa concision, défend Vanessa Cournoyer-Cyr, directrice générale de Vision Attractivité. L’efficacité était en fonction de ce besoin de poursuivre les efforts d’attraction pour compenser le manque de main-d’œuvre tout en assurant et en renforçant la vitalité du territoire auquel se sont annexés Brome-Missisquoi et la Haute-Yamaska comme l’entendait le ministre Bonnardel, responsable de l’Estrie, entre autres, dans son programme électoral. Favoriser les visites des touristes en promouvant les spécificités régionales a son importance quand on sait les retombées économiques que laissent quelque 10 millions d’entre eux en une année.
Dans un article de Claude Plante, de La Tribune du 14 décembre dernier, intitulé La révision du nom de la région administrative de l’Estrie est lancée, on apprend qu’Estrie et Cantons-de-l’Est rendent fiers ceux qui y demeurent. Par contre, les « Cantons » refléteraient mieux la qualité de vie. Même une partie des gens d’affaires s’y reconnaîtraient tout aussi bien.
Pour des opposants, deux principaux irritants se dégagent. Le coût économique qu’une telle modification de nomination pourrait engendrer semble le plus important. Il faudrait en vérifier la pertinence, ce qu’il m’a été impossible d’effectuer auprès de Vision Attractivité à cause de la date de tombée de l’article. L’autre facteur se décline sous toutes les formes de résistance au changement, qu’il s’agisse d’une partie de l’histoire de cette région à différentes époques à protéger, ou encore la crainte que celui-ci fasse perdre des repères nominatifs.
Jusqu’au 4 février dernier, des intervenants de tous les secteurs d’activités socio-économiques ont pu se prononcer sur la question. Le 14 mars prochain, la Commission municipale du Québec tiendra de nouvelles consultations pour statuer sur le changement de nom de la région de l’Estrie en celui des Cantons-de-l’Est.
Politique, économie et tourisme s’entrechoquent : Cantons-de-l’Est ou Estrie ?
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