Pendant que plusieurs fermes du Québec se tournent vers le bio, qu’elles délaissent les engrais chimiques et les pesticides. Pendant que la majorité des citoyens trient leurs déchets et fournissent des efforts de toutes sortes pour l’environnement et diminuent les produits à usage unique, je vois un mouvement opposé d’une minorité de fermes bovines.
Tous les bœufs sont nourris à l’herbe, mais pas de la même façon. On voit souvent des balles de foin rondes, carrées ou en rangées dans une enveloppe blanche (pellicule d’ensilage). Cette méthode est pratique puisqu’elle permet de canner du foin avec un certain taux d’humidité. Je comprends l’utilité de ces balles pour nourrir le bétail en hiver, mais je pense qu’il faut voir le côté sombre de ces pellicules de plastique à usage unique.
Pour les cultivateurs qui ont eu une bonne saison et qu’ils ont de l’over stock de foin et que leur silo est plein, l’option de faire quelques balles rondes est justifiable. Le problème, c’est que certaines fermes utilisent 100 % des balles rondes pour nourrir leur bétail et n’ont pas de silo de foin.
Le plastique utilisé pour enrober une balle de foin est estimé à 1 kg. Une ferme qui compte une cinquantaine de bêtes en consomme quatre par jour pendant 3 saisons et la moitié durant l’été quand les vaches sont au pâturage. Donc, pour cinquante vaches, il y a des fermes qui utilisent 1,5 tonne de plastique par année puisqu’elles n’ont pas de silo à foin.
Mais ce n’est pas tout, il faut penser au carburant pour produire ces balles rondes. L’emballeuse fonctionne sur le tracteur. Pour remplir un silo, il faut aussi un tracteur, mais beaucoup moins de temps. Quand vient le temps de se servir de ces balles, il faut les manipuler et les déballer par un premier tracteur et ensuite les mettre dans un mélangeur agricole (RTM) alimenté par un deuxième tracteur. Ça mélange environ 3 heures par jour, deux tracteurs au diésel, deux employés pour ensuite avoir le résultat équivalent de celui à la sortie d’un silo. Le mélange doit sûrement être inégal et bien différent les jours de pluie puisque tout se fait dehors et souvent le soir, à peine éclairé. Donc 1 silo pendant 45 minutes, un employé fait le même travail que deux tracteurs deux employés pendant trois heures. C’est mon observation depuis plusieurs mois que je constate. Je dois aussi vous parler du bruit de ces tracteurs qui virent 3 heures par jour, je les entends parfaitement dans mon salon ainsi que tout le voisinage.
La ville de Cookshire récupère le plastique agricole une fois par mois, c’est trois poubelles (format bac à recyclage) pleines de plastique (120 kilos) seulement pour 50 vaches. Cette matière semble pour l’instant être difficile à réutiliser.
J’essaie de comprendre pourquoi certains cultivateurs travaillent de cette façon? Le paiement d’un silo devrait être inférieur à celui du plastique et du diésel gaspillés pour le même travail ? En plus, on gagne au moins 2 heures de temps par jour pour faire autre chose et un tracteur et un employé de moins pour le même travail.
Ils choisissent jour après jour de travailler de cette façon, presque bénévolement et mettant de l’argent du côté passif au lieu d’investir dans un équipement qui lui sera du côté des actifs, économique, écologique, rapide, et sans bruit. Le salaire des employés en hausse et le diésel à deux dollars le litre, qu’est-ce que je ne comprends pas ? Déjà que l’élevage du bœuf a mauvaise réputation, il faut en plus rajouter du diésel et du plastique dans l’équation…
Il y a en a combien de fermes désuètes comme celle-là au Québec et quelle priorité devrait être mise sur ce problème de pollution ? Il y a des surtaxes pour les gens qui achètent des véhicules à essence cylindrée de 4 litres et plus. Il y a la taxe du carbone pour les industries. Pourquoi utiliser 25 litres de diésel par jour pour nourrir les vaches au lieu de 8 KW/H d’électricité pour le même travail ? Donc, 50 $ de fossile vs 0,75 $ de vert. (Calcul a 0,09 $ du KW/H pour le silo et 8 L/Heure pour la consommation du tracteur)
J’aimerais quand même souligner que ces personnes sont travaillantes et dévouées, été comme hiver, neige ou pluie, ils sont présents pour nourrir leur bétail. Je sais aussi que la majorité des cultivateurs sont de bons gestionnaires.
Nourri à l’herbe… hahaha
Dominic Fleury, Résident de Johnville