Karine et Gabryel Bouchard souhaitent que leurs livres puissent venir en aide aux enfants, parents, intervenants et enseignants.
Fort du succès obtenu avec le premier livre L’autisme raconté aux enfants, le duo composé de la mère Karine et de son fils Gabryel Bouchard, de Dudswell, revient à la charge avec un second livre La dyspraxie (trouble développemental de la coordination) racontée aux enfants.
La dyspraxie est un handicap physique qui se manifeste, entre autres, par une maladresse. Avoir de la difficulté à lacer ses souliers, boutonner sa chemise, tenir adéquatement son crayon à presser suffisamment puis le déplacer avec les doigts et écrire, à courir, attraper et lancer un ballon, découper une feuille sont autant de défis que doivent relever les quelque 6 % des enfants aux prises avec ce handicap. Chez les autistes, le pourcentage varie de 50 % à 60 %, d’ajouter Mme Bouchard.
La particularité des deux livres est qu’ils sont authentiques, dénués de formulation inutile et encombrante. Ce que l’on retrouve, c’est un vocabulaire simple, sans être simpliste, clair qui va droit au but ! Gabryel est autiste et dyspraxique, la maman, Karine, est éducatrice spécialisée. Ils savent de quoi ils parlent puisqu’ils vivent la situation au quotidien. En outre, le contenu du livre est approuvé par une professionnelle reconnue, France Léger, ergothérapeute.
Tout comme pour le premier, le livre s’adresse aux enfants, parents, intervenants et enseignants. L’ouvrage, agréablement illustré, se divise en diverses parties à commencer par l’histoire, l’auto-observation avec des trucs et astuces, inspirés de faits vécus, le volet pour les parents et les ressources utiles. Gabryel a rédigé l’histoire, la maman, le volet pour les parents et les ressources utiles alors que la partie auto-observation a été écrite en collaboration mère-fils.
« L’histoire est inspirée de faits vécus. Ce qu’on voulait est que les gens comprennent c’est quoi une journée pour un enfant avec la dyspraxie. Comment chaque matière est un défi. En art plastique pour la majorité des enfants, c’est une période de plaisir, pour un enfant dyspraxique, c’est un défi, découper, colorer, coller toutes sortes de choses qui sont un énorme défi pour lui. Ce n’est pas une partie de plaisir pour lui, l’éducation physique, non plus, parce qu’il est toujours confronté à ses difficultés. Ces enfants-là rushent toute la journée, moi je les considère des superhéros, c’est des enfants qui vont travailler quatre fois plus fort que d’autres enfants pour atteindre le même objectif. Faut reconnaître les efforts que ces enfants-là font pour réussir à suivre un groupe en régulier. » Mme Bouchard considère que la dyspraxie est un handicap invisible. « Si l’enfant était en chaise roulante, on ne lui demanderait pas de faire la même affaire dans le cours d’éducation physique que les autres. Parce que lui c’est un handicap invisible, on lui demande de faire la même chose et sera évalué sur les mêmes objectifs que les autres qui n’ont pas de handicap. » Il n’a pas eu d’adaptation, donc l’enfant se trouve en situation d’échec en art plastique et éducation physique, déplore la maman.
Gabryel ajoute un exemple qui peut sembler banal, mais compliqué pour un dyspraxique. « Pour une personne normale, ouvrir une porte, c’est juste ouvrir une porte, tu n’es pas obligé d’apprendre ça de 45 façons. Un dyspraxique pour ouvrir la porte, il doit se concentrer à lever la main, prendre ses doigts, les mettre autour de la poignée, mettre la force pour tourner la poignée, tirer la porte et après ça, pouvoir sortir ». Comprendre comment tenir le crayon est un autre défi. Gabryel prend ses notes en classe à l’aide d’un clavier, ce qui facilite son apprentissage.
« Quand j’ai écrit mon premier livre, moi, mon but était de toucher le plus de personnes pour que le monde ne vive pas ce que moi j’ai vécu, de se sentir incompris dans leur école, de pas avoir les moyens. Moi, je ne voulais vraiment pas ça. Quand j’ai vu l’impact que ça a fait avec le premier livre, j’ai voulu faire un deuxième pour aider d’autres personnes qui avaient la dyspraxie. » Gabryel et sa mère sont conscients de l’impact du premier livre. Certains ont signifié sur leur Facebook de 4 860 abonnés que cela avait changé leur vie.
Lorsque l’enfant est bien entouré, il peut s’épanouir et atteindre son plein potentiel, assure Mme Bouchard. Gabryel est étudiant au collège privé Clarétain à Victoriaville et bénéficie de toute l’attention et l’appui nécessaire, précise-t-elle. C’est d’ailleurs avec un large sourire rempli de fierté que la maman parle de son fils qui affiche une moyenne académique de 90 %. « Quand on adapte, c’est ça que ça fait, d’exprimer Mme Bouchard, en ajoutant que l’école était extraordinaire. Souvent, les enfants dyspraxiques sont très intelligents, mais s’ils sont trop fatigués, ils ne peuvent pas réussir, mais quand tu enlèves tous les stresseurs au niveau sensoriel pour l’autisme et cognitif pour le dyspraxique, l’enfant obtient des moyennes comme ça. » Au moment de l’entrevue, Gabryel était en nomination pour un gala dans deux catégories soit français et improvisation. L’école a même organisé une activité marquant le lancement du livre de leur jeune étudiant.
Mme Bouchard estime que Gabryel a fait d’énormes progrès au cours des dernières années. La rédaction des livres l’a forcé à faire de la recherche et par la même occasion comprendre et accepter sa maladie et son handicap. « J’ai remarqué qu’il a beaucoup pris confiance en lui incroyable. »
Le premier livre L’autisme raconté aux enfants s’est vendu à plus de 8 000 exemplaires. Le duo souhaite un succès comparable pour le deuxième. Sans le dire trop fort, Gabryel laisse tomber qu’il prépare un troisième ouvrage, mais attend l’autorisation de son éditeur, les Éditions de Mortagne avant de développer davantage.