Un débat d’idées

Débat des candidats 2022

Plus d’une soixantaine de personnes ont assisté avec attention et discipline au débat des candidats, présenté par la Chambre de commerce du Haut-Saint-François avec la collaboration de la Corporation de développement communautaire (CDC) du Haut-Saint-François et de la municipalité de East Angus.

Si la soixantaine de personnes ayant participé au débat mettant aux prises les candidats des différentes formations politiques reconnues dans la circonscription de Mégantic s’attendaient à des prises de becs ou des échanges musclés, ils sont demeurés sur leur appétit. Les candidats ont fait preuve de respect mutuel, de civisme et de discipline, préférant livrer leur message en s’appuyant sur leur plateforme politique respective.
L’exercice démocratique également diffusé en direct sur le Web était organisé par la Chambre de commerce du Haut-Saint-François et se déroulait à la salle communautaire des Chevaliers à East Angus. Les candidats François Jacques de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Mathieu Chenard du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éloïse Gagné du Parti libéral du Québec (PLQ), André Duncan du Parti Québécois (PQ) et Marilyn Ouellet de Québec solidaire (QS) étaient bien préparés pour la rencontre.
Le débat n’a pas donné lieu à des échanges corsés. Chaque candidat devait à tour de rôle répondre à une question. Les adversaires disposaient de deux minutes pour répliquer. L’ensemble des participants ont préféré utiliser ce temps pour répondre également à la question et passer leur message. Tout au plus, le député sortant et candidat de la Coalition Avenir Québec (CAQ) s’est permis deux rectifications. Une, envers le candidat péquiste, André Duncan, sur la question de l’accessibilité au logement social avec la préemption des terres et l’autre à la solidaire, Marilyn Ouellet, sur le développement des CPE sur le territoire.
À la question portant sur l’accessibilité au logement social, M. Duncan a rappelé la volonté de son parti de relancer et bonifier le programme AccèsLogis et d’élargir la préemption en dehors de Montréal qui est la seule ville au Québec à pouvoir en bénéficier et recréer un ministère des régions. Mme Ouellet, qui rappelle travailler au Centre des femmes du Haut-Saint-François, La Passerelle, dit vivre ce problème quotidiennement auprès de sa clientèle. Elle mentionne que sa formation politique propose une réforme majeure des logements sociaux et souhaite construire 1 500 logements en Estrie tout en voulant freiner les augmentations abusives de logements. M. Jacques concède qu’il s’agit d’un besoin criant. Il en appelle à la mobilisation des organismes, organismes communautaires et municipalités, qui ont le droit par des programmes, d’investir des sommes importantes dans les logements sociaux. Il rappelle que son gouvernement s’engage à réaliser 11 700 logements supplémentaires et 7 000 logements avec le supplément garanti au loyer. M. Chenard préconise le retour à un marché équilibré et contrôler les prix qui est plus ou moins 3 %. Il rappelle que son parti préfère donner une aide spécifique pour aider les gens à payer leur logement en bonifiant les programmes existants d’aide à l’habitation plutôt qu’en subventionnant la construction de HLM. Pour Mme Gagné, sa formation politique projette d’investir sur une période de 10 ans des projets de construction de 50 000 nouvelles unités locatives au Québec « et je vais m’assurer que Mégantic ait sa part du gâteau. » À la question provenant de l’UPA du Haut-Saint-François et demandant ce que les candidats comptent faire pour assurer la pérennité de l’agriculture et de la foresterie privée, la candidate solidaire, qui est propriétaire d’une ferme maraîchère, mentionne avoir l’occasion de côtoyer le monde du secteur agricole. Elle rappelle que pour sa formation politique « la transition écologique passe nécessairement par l’agriculture. » Il lui apparaît important de développer la souveraineté alimentaire et cela doit passer par une politique d’approvisionnement dans le secteur public qui inclut 70 % des aliments. Elle souligne également la volonté d’aider financièrement les fermes qui souhaiteraient se diversifier ainsi qu’une loi pour contrer la spéculation foncière. Quant au volet forestier, elle rappelle la volonté de créer des centres de distribution locaux. Pour sa part, M. Jacques précise que son gouvernement a investi énormément dans la culture, dans les serres dont les Serres dorées à Saint-Isidore-de-Clifton. Il souligne que l’objectif de sa formation politique est « d’atteindre 100 % des achats gouvernementaux en produit québécois d’ici 2025. » Pour la foresterie, le candidat rappelle le développement de la stratégie de la forêt et l’allongement de la période d’étalement du revenu qui passe de sept à dix ans ou encore un remboursement de la taxe. M. Chenard souligne la volonté de son parti de favoriser la relève apparentée, diminuer la lourdeur administrative, favoriser les initiatives de production et de mise en marché des produits locaux. Il ajoute la nécessité de faire une refonte en profondeur de la loi sur la protection du territoire agricole. Quant à la production forestière, M. Chenard mentionne la possibilité d’instaurer un crédit d’impôt pour favoriser l’exploitation des terrains privés. Mme Gagné propose la mise en place d’incitatifs fiscaux pour la relève, la volonté de réglementer et « restreindre la capacité des personnes d’acheter des terres s’ils ne comptent pas les exploiter. » Pour M. Duncan, il faut favoriser la relève en créant un prêt à long terme. Il souligne que son parti prévoit mettre à jour un programme de bourses qui devrait être mis à jour pour encourager les études au Cégep. Il parle d’un incitatif pour atteindre 70 % de produits locaux dans les écoles et institutions gouvernementales.
Dans un autre ordre d’idée, à la question que préconisez-vous comme solution pour enrayer la violence conjugale et sexuelle pour le Haut-Saint-François, M. Jacques mentionne que son gouvernement a effectué un investissement massif auprès des organismes d’aide au cours des dernières années. Il ajoute qu’il a également instauré des suivis spécialisés pour les cas de violences conjugales et sexuelles. Le projet de bracelet antirapprochement, porté par l’agresseur et la victime, constitue un geste concret qui a été posé. Il ajoute que du travail sera fait en amont avec le nouveau cours de culture et de citoyenneté québécoise qui enseignera aux étudiants comment agir en cas de rupture, la notion d’égalité des hommes et des femmes, le comportement des jeunes sur les réseaux sociaux. M. Chenard soutient que son parti s’engage à investir dans les services pour hommes violents en créant un réseau de centre de thérapie. Il désire également faire un registre public des agresseurs sexuels au Québec en plus d’élargir la loi 24 sur le port des bracelets électroniques à un condamné pour un crime de violence conjugale tout en y incluant les prédateurs sexuels et récidivistes de crimes violents. Mme Gagné réitère sa confiance dans l’éducation. Elle parle d’aide aux victimes en leur octroyant des ressources additionnelles, avocats spécialisés et travailler avec les organismes communautaires. M. Duncan mentionne que son parti s’engage à appliquer le programme, rebâtir la confiance. On entend également modifier la loi sur les normes du travail pour que les victimes puissent bénéficier de jours de congés payés. Le PQ prévoit débloquer 460 M$ dont 370 $ seraient versés au programme de soutien aux organismes communautaires. Mme Ouellet déplore le fait que l’aide financière présentement accordée aux organismes n’est par récurrente et force les intervenantes à consacrer des dizaines d’heures à remplir des formulaires pour obtenir des subventions et faire des redditions de compte alors qu’elles devraient être sur le terrain à aider les femmes. Elle souligne l’importance d’offrir des cours d’éducation à la sexualité donnés par des professionnels. Son parti préconise la création « d’un vrai ministère Femme et Égalité pour qu’on puisse avoir tout le poids nécessaire et le budget du ministère en place et non de simple Secrétariat à la condition féminine. »
À la question provenant de la Chambre de commerce de Mégantic et demandant quelles mesures concrètes comptez-vous mettre en place afin de contrer les effets de l’inflation sur nos PME, M. Chenard mentionne l’intention de sa formation politique de ramener la taxe sur la masse salariale à l’intérieur de la moyenne canadienne. Il ajoute l’importance d’investir dans l’automatisation afin de dégager la main-d’œuvre qui pourrait contribuer à faire croître d’autres secteurs d’activités. Favoriser une baisse d’impôt permettrait aux travailleurs d’absorber la hausse du coût de la vie, ajoute-t-il. Mme Gagné rappelle que son parti favorise l’investissement et l’innovation. Élargir la déduction pour la petite entreprise, diminuer certaines contributions et réduire le fardeau administratif s’inscrivent dans les pistes de solution. M. Duncan est d’accord avec la dernière mesure proposée par la candidate libérale. Son parti, précise-t-il, propose des subventions de départ plus accessibles pour le démarrage d’entreprise. Il ajoute que les entrepreneurs ont besoin d’oxygène et la réduction des taxes serait bienvenue. Pour Québec solidaire, d’expliquer Mme Ouellet, la plateforme est basée sur les commerces de proximité et le développement d’une économie locale. Pour la stimuler, QS mise sur la mise en place d’une politique sociale et circulaire et s’engage à créer une certification fabriquée au Québec. «On désire également développer une politique d’approvisionnement locale qui vise à soutenir les PME par la création de centres de distribution locaux. » De son côté, M. Jacques mentionne que cela ne passe pas des allégements réglementaires, ce qui a déjà été fait et devrait se poursuivre. Il souligne l’importance de stimuler les exportations. Il faut aussi solutionner les difficultés de main-d’œuvre en incitant les retraités à revenir sur le marché du travail, requalifier de la main-d’œuvre dans des secteurs importants.
À la dernière question comment comptez-vous faciliter le recrutement de la main-d’œuvre pour les différents types d’entreprises du territoire, Mme Gagné parle de deux solutions une à court terme en favorisant le retour au travail des retraités avec certains avantages fiscaux, des crédits d’impôt et à long terme en misant sur l’immigration. Dans cet esprit, le PLQ désire collaborer avec les différents ordres professionnels pour faciliter l’intégration des immigrants. M. Duncan parle d’un avantage que 100 % des immigrants possèdent une base suffisante en français pour intégrer rapidement le marché du travail. Il ajoute que sa formation politique souhaite que 50 % des nouveaux arrivants soient dirigés vers les régions en plus de ramener 150 000 retraités sur le marché du travail avec des conditions fiscales intéressantes. Pour Mme Ouellet et sa formation politique, il existe plusieurs solutions à la main-d’œuvre. Une passe par l’augmentation de places en CPE, la rémunération des stages, l’immigration permanente et humaine par la création de carrefour d’immigration régional avec un guichet gouvernemental unique dans chacune des régions et la reconnaissance des diplômes s’inscrivent parmi les solutions. M. Jacques mentionne qu’il y a plusieurs facteurs à considérer. Il note que des entreprises établissent leur façon d’optimiser certains postes. Il cite en exemple Bois Weedon qui a réussi à enlever quatre travailleurs sur une ligne de production pour les affecter à d’autres tâches dans l’usine. « La formation, l’automatisation et les nouvelles façons de faire des programmes de formation sont des pistes de solutions, d’exprimer le candidat caquiste.» Pour M. Chenard, « faut garder nos jeunes. On va ouvrir le secondaire IV en DEP, on veut raccourcir les délais pour les travailleurs étrangers temporaires, on veut rapatrier tous les pouvoirs d’immigration du gouvernement fédéral pour pouvoir mieux cibler les besoins qu’on a en main-d’œuvre.» M. Chenard manifeste également le désir de garder les travailleurs d’expérience en favorisant des allégements fiscaux.
Plusieurs personnes ont profité de la période de questions pour s’adresser aux divers candidats. Révision de la Commission de la protection du territoire agricole (CPTAQ), délais en soins de santé, les médecins de familles pour tous, environnement, surenchère des terres agricoles, protection des données personnelles au niveau bancaire sont les divers sujets qui ont été abordés.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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