Nous apercevons une partie de la délégation béninoise en compagnie des intervenants régionaux et d’élus dont la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, et le préfet de la MRC du Haut-Saint-François, Robert G. Roy.
Une délégation du Bénin, diplomates et cadres supérieurs ont récemment débarqué à l’aéroport de Sherbrooke afin de constater sur place les installations. La rencontre qui se voulait exploratoire pourrait déboucher sur un partenariat avec l’aéroport et notamment avec l’entreprise Altitude Centre de l’Aviation afin de former de futurs pilotes.
Chantal Ramsay, conseillère aux entreprises au CLD du Haut-Saint-François, a initié la démarche et a bon espoir qu’elle s’avère positive. Un de ses mandats, explique-t-elle, est de trouver de nouvelles sources de revenus et alternatives aux vols commerciaux à l’aéroport de Sherbrooke. « Je mets donc mon réseau de contacts à profit pour trouver de nouveaux partenaires d’affaires et ainsi faire rayonner notre belle région. »
Yves Legault, consul de la République du Bénin à Toronto et premier conseiller à l’ambassade du Bénin pour les questions d’aviation civile, veille à faire l’interface entre le pays et l’Organisation de l’aviation civile internationale dont le siège est à Montréal. Les représentants du Bénin ont profité de la récente assemblée générale de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OAC) qui se tenait à Montréal pour faire un saut à l’aéroport de Sherbrooke, situé sur le territoire de la municipalité de Cookshire-Eaton.
Le choix de Sherbrooke n’est pas un hasard. M. Legault précise qu’il y a déjà une importante présence de Béninois à l’Université de Sherbrooke. « On a déjà, comme pays, une expérience avec la région et la ville de Sherbrooke, puisque depuis des années, on envoie des étudiants à l’Université de Sherbrooke. C’est une région que l’on connaissait. Pour nous, penser à Sherbrooke pour établir une autre composante de notre dispositif de formation académique, c’était une évidence. L’autre élément, c’est le dynamisme du CLD et des acteurs locaux qui nous ont dit : on serait prêt à vous accueillir, on a des infrastructures qui sont disponibles et on a un intérêt pour travailler avec vous à un projet de coopération académique qui pourrait regrouper le Bénin et la MRC. »
M. Legault mentionne que le Bénin a un besoin au niveau de la formation des pilotes. L’objectif de la journée, explique-t-il, visait pour le Bénin à faire part de leurs besoins en formation des pilotes et des métiers de l’aéronautique et de voir si la MRC du Haut-Saint-François et l’aéroport de Sherbrooke sont en mesure de répondre à cette demande. Si les parties se rejoignent, on tentera de déterminer un cadre de coopération qui sera l’amorce d’un processus de négociations visant à déboucher sur un accord multipartie entre le gouvernement du Bénin, du Canada et des intervenants de la région sur l’installation d’un centre de formation en pilotage. Dans un premier temps, on regarde pour former des pilotes, mais s’ajoutera en cours de route de la formation pour tous les secteurs liés à l’aviation comme le service clients en cabine, les agents de bord, le directeur de vol, le service au sol, les chefs d’escale, toute la gestion des aéroports, les bagagistes, les aiguilleurs du ciel et météo. Tous les métiers qui sont périphériques à l’aviation, nécessaires pour exploiter des aéroports et routes aériennes seront considérés dans l’entente à développer. « Toutes les formations pourraient se faire à partir de l’aéroport de Sherbrooke », d’exprimer M. Legault. Ce dernier ajoute que le site pourrait être considéré « comme un aéroport-école et c’est comme ça qu’on le perçoit. » D’autre part, le consul mentionne que, selon les projections, le transport aérien pour la zone africaine devrait doubler au cours des prochaines années impliquant l’ajout d’avions long-courrier. « On aura des connexions transatlantiques. Donc, on va avoir besoin d’un pilote qui va pouvoir décoller dans un environnement africain et atterrir sous la neige à New York. Dans cette optique, Sherbrooke est un très bon centre de formation pour donner l’expérience de l’hémisphère nord à nos pilotes. Si tout va comme prévu, la première cohorte pourrait regrouper 20 à 25 élèves, mais on songe à déléguer une centaine d’étudiants par année. » La formation pourrait débuter d’ici un an. L’ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire auprès du Canada et représentant permanent auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale, son excellence Jean Claude Félix Do Rego, était confiant d’en arriver à une éventuelle entente de coopération.
Formation
Alexis Etienne, propriétaire et chef gestionnaire d’Altitude Centre de l’Aviation, établi à l’aéroport de Sherbrooke, entend bien saisir cette opportunité. Il est confiant d’être en mesure d’offrir toute la formation nécessaire avec le concours de l’aéroport. Ce dernier a fait une courte présentation de son entreprise tout en expliquant pourquoi il avait choisi Sherbrooke et les avantages qu’offraient le Canada pour faire des formations en aviation et ce tant pour du personnel volant que non volant.
L’entreprise offre déjà la formation de pilote, mais développera également les programmes pour les formations de tout le personnel naviguant que non naviguant. M. Etienne mentionne avoir proposé au Bénin de bâtir ensemble les formations spécifiques dont ils ont besoin sur une période donnée de mois et d’années. Le propriétaire de l’entreprise locale mentionne être en voie de déposer un dossier pour devenir un collège qui permettra d’établir et de bâtir des formations de type AEC (Attestation d’études collégiales).
Selon M. Etienne, les besoins manifestés par le Bénin correspondent au plan de match prévu par son entreprise. Il précise que le nom de cette dernière n’est pas Altitude Centre de Pilotage, mais bien Altitude Centre de l’Aviation. « Par le nom, j’avais déjà fait le choix de vouloir former plus que des pilotes. »
Participant à la rencontre, la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, mentionne que l’activité lui a permis de voir « d’autres horizons pour le développement de l’aéroport. On entend parler beaucoup du vol commercial, c’est une des avenues potentielles, mais il y a plein d’autres avenues. Ça a vraiment ouvert sur d’autres possibilités et un potentiel de rapprochement politique, économique avec le Bénin et la sous-région africaine, l’Estrie, le Haut-Saint-François et Sherbrooke. » Mme Beaudin dit constater que l’aspect formation à l’aéroport attire des gens de l’international. Elle fait un parallèle avec l’Université de Sherbrooke en ajoutant que « Sherbrooke étant une ville universitaire qui a un rayonnement régional important, il y a quelque chose là de très naturel de miser sur nos institutions d’enseignement, la formation. Il y a un filon pour moi qui sent bon, qui est très intéressant. »
Pour sa part, le préfet Robert G. Roy mentionne ne pas être contre le développement de vols commerciaux, mais souhaite d’abord bien structurer l’aéroport, ses acquis en développant la formation. « Consolidons nos forces et je pense que la formation, c’est notre filon. »