Retour des retraités dans le réseau de la santé : Flexibilité, plaisir et stress en moins

CIUSS

Jacinthe Cadorette, au centre, veille à bien préparer les doses qui sont administrées aux patients.

L’arrivée de retraités, en renfort, au CIUSSS de l’Estrie – CHUS, semble faire une différence du moins à la clinique de vaccination locale pour la COVID-19 à East Angus. Le personnel sur place est tous des retraités. Jacinthe Cadorette fait partie des 1 000 retraités à avoir effectué un retour dans le réseau de la santé. Satisfaite et heureuse dans son travail, la retraite ne figure pas dans ses plans à court terme.
Retraitée depuis 2017, Mme Cadorette, qui occupait un poste d’infirmière aux urgences dans un centre hospitalier de la Montérégie, s’est sentie interpellée par l’appel aux retraités au tout début de la pandémie. « En 2020, j’ai été sur Je contribue et ça tout déboulé. » Originaires de l’Estrie, elle et son conjoint étaient revenus à leurs racines en région et demeurent à Chartierville.
Mme Cadorette est en charge de la gestion des produits immunitaires (GPI) soit la réception et préparation des vaccins à la clinique de vaccination locale à East Angus trois jours semaine et ce depuis le tout début de la pandémie. « Je gère le début du vaccin quand il arrive dans mes frigos jusqu’à tant qu’on l’ait administré aux citoyens. » Mme Cadorette a une drôle de conception de la retraite puisqu’elle fait trois jours à East Angus et deux jours à Sherbrooke, soit l’équivalent d’un temps plein.
Elle ne regrette pas son choix. Les conditions de travail sont différentes, les retraités ne sont pas tenus de faire du temps plein, ils peuvent choisir les journées, s’absenter au besoin sans problème. « Tu es maître de ton temps, donc tu es plus relax quand tu viens travailler », d’expliquer Luce Cardinal, chef de service du site de vaccination pour le Haut-Saint-François à East Angus. Mme Cadorette ne semble pas abuser de cette flexibilité. Elle a pris un seul congé depuis son retour et c’est pour le mariage de sa fille l’été dernier. « La grosse différence d’avant est que je ne sens pas la pression, c’est deux mondes différents. C’est un domaine que j’ai toujours aimé, pis elle met du bonheur dans l’équipe », d’ajouter Mme Cardinal.
« Ici, toutes les vaccinatrices sont formidables. Elles sont toutes retraitées, sont toutes de bonne humeur, on arrive reposé, on fait de petits jeux le matin, on a chanté Bonne fête. Ça donne un petit plus pour revenir. J’ai toujours été heureuse d’aller travailler, mais c’est sûr, ce n’est pas la même dynamique », d’exprimer Mme Cadorette.
Elle affirme avoir également une belle collaboration lorsqu’elle est à Sherbrooke. « Quand j’arrive le matin, les filles sont tellement contentes, elles disent yes, on a de l’aide aujourd’hui. Moi, je suis une fille très dynamique. Je leur prépare toutes les petites choses. Moi, quand je pars le soir, le lendemain, leur journée, tout est programmé, tout est fait. Je suis très bien accueillie. »
L’heure de la retraite ne semble pas avoir sonné pour cette infirmière de profession. Visiblement pleine d’énergie, enthousiaste et dynamique, la retraite ne semble pas figurer dans les plans de Mme Cadorette. « Moi, j’ai pour mon dire que chaque personne retraitée qui est revenue travailler, c’est qu’ils ont encore le goût et ils ont le meilleur à apporter. Moi, je viens travailler pis j’en apprends encore et c’est ce que je veux, apprendre. C’est toujours du renouveau et c’est ce que j’aime. C’est enrichissant. Les retraités, on est très bien entourés, on a toujours de la documentation, on a des sondages. Chaque personne peut trouver son point d’ancrage où elle va être susceptible d’être bien. J’ai le privilège de dire que je viens trois jours, deux jours ou cinq jours. Je me dis, la journée où ça diminuera avec la vaccination, je vais demeurer au CLSC encore un petit deux, trois jours. Aussi longtemps que je vais pouvoir avoir du fun et la capacité de le faire. »
Pour Mme Cardinal, de pouvoir compter sur l’apport des retraités est différent. Les gens proviennent de divers champs d’action que ce soit « de la santé mentale, néonatalité, urgence, soins intensifs, préposés aux bénéficiaires, anciens gestionnaires, psychologues scolaires, ça fait en sorte qu’on a une équipe super riche en expérience, c’est incroyable. Les gens viennent avec plaisir. Ils arrivent tôt, ils partent plus tard des fois, ils donnent du temps, ils sont généreux. Ils sont fiables. » Un des avantages à gérer des retraités, d’ajouter Mme Cardinal « c’est que ce sont des gens d’expérience, ils nous amènent des suggestions, ça nous permet d’améliorer notre offre de service. Ça demande moins de travail d’accompagnement et d’intégration comparativement à un finissant. »
Sylvain Binette, chef de service en lien avec la vaccination Estrie et responsable du programme d’accompagnement des retraités, mentionne que 1 000 retraités ont rejoint le réseau de la santé. Environ 675 proviennent du CIUSSS, 219 retraités d’ailleurs du réseau et une centaine provenant de l’externe du réseau de la santé. De ce nombre, on en retrouve évidemment du secteur clinique, mais également des agents administratifs. En fait, tout retraité peut, s’il le désire, donner un coup de main. Ça peut être préposé à l’accueil ou autre. On trouvera une tâche correspondant à l’expérience ou aptitudes des personnes », de préciser M. Binette.
Le programme accompagnement des retraités a pris forme l’été dernier. L’initiative consiste à accompagner les personnes qui font un retour au travail. « Les gens ne reviennent pas à n’importe quelles conditions. Ces gens-là veulent de la flexibilité, certaines facilitées du côté du travail. Ils ne veulent pas retrouver leurs conditions d’avant, pis en même temps, ils veulent travailler, mais des choses qu’ils aiment. » Le programme d’accompagnement des retraités a débuté avec le service COVID par des enquêtes, du dépistage et vaccination, mais on désire étendre cette expertise au service régulier. « Ces ressources-là qui sont revenues ont une grande valeur ajoutée, ça peut servir et leur expérience professionnelle vient soutenir l’équipe en place. Le personnel en place peut en bénéficier et ça enlève de la pression sur l’équipe », d’exprimer M. Binette. Les retraités intéressés à tenter l’expérience peuvent se rendre sur le site besoindevous.ca.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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