Projet d’agence de vente et de mise en marché collective du bois de sciage sapin-épinette : Les délégués trancheront ce jeudi

André Roy

Le président du Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec, André Roy, est confiant à la veille du vote concernant le projet d’établissement d’une agence de vente et de mise en marché collective pour le bois de sciage de sapin-épinette.

Le président du Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec, André Roy, est confiant de voir adopter, par les délégués, le projet de modification réglementaire visant à instaurer l’établissement d’une agence de vente, un système de mise en marché collective pour le bois de sciage de sapin-épinette.
M. Roy dégageait cette confiance à l’aube de l’assemblée générale extraordinaire qui se tiendra ce jeudi au Centre de foires de Sherbrooke. Ce projet ne date pas d’hier et remonte au printemps 2017. « Les raisons qui motivent cette décision sont les mêmes qu’à l’époque. C’est d’établir qu’il y a un déséquilibre entre les pouvoirs de négociations des producteurs et celui des acheteurs, transformateurs », précise le président.
L’évolution du marché a changé la donne, estime le syndicat. À l’époque, précise-t-on, on comptait des dizaines de scieries qui étaient en concurrence pour obtenir le bois de sciage de sapin-épinette, ce qui garantissait une certaine équité dans les prix perçus par les propriétaires forestiers. Le syndicat prétend que la consolidation de l’industrie forestière a façonné un tout nouveau marché dans la région, dans lequel à peine cinq scieries se partagent désormais près de 90 % du volume de bois de sciage de sapin-épinette mis en marché. Cette concentration confère aux quelques acheteurs de bois un rapport de force démesuré, estime le syndicat. « Pour nous, la seule façon de rétablir ça, c’est de se donner une agence de vente, un seul agent négociateur pour l’ensemble des producteurs. Ça, ça passe par une agence de vente, un règlement d’exclusivité de la vente du bois comme ça se fait dans la pâte », indique M. Roy. Il ajoute que l’ensemble des producteurs était d’accord en 2017 et ils ont réitéré ce désir à l’assemblée générale annuelle de 2022. Il existe néanmoins un groupe de propriétaires qui n’est pas d’accord avec la mesure proposée.
Devoirs
M. Roy estime que le syndicat a bien fait ses devoirs. L’organisme avait déjà essuyé un refus de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) à l’automne 2021. Elle estimait que le syndicat n’avait pas suffisamment consulté les producteurs. Cette fois, l’organisme a mené une large consultation en mandatant une firme spécialisée (AGÉO) d’effectuer un sondage auprès de ses membres. Des rencontres ont même été organisées, d’insister M. Roy. Près de 500 membres sur 1 500 envois ont répondu au sondage, d’exprimer le président. De ce nombre, 28 % manifestent leur satisfaction du prix obtenu au cours des cinq dernières années pour leur bois de sciage de sapin-épinette. Une portion de 83 % estime que tous les propriétaires forestiers de la région couverte par le syndicat devraient recevoir le même prix pour le bois de sciage sapin-épinette, de qualité équivalente. M. Roy insiste pour dire que 85 % des propriétaires se disent favorables à ce que le syndicat négocie avec les usines le prix selon la qualité pour le bois de sciage sapin-épinette et que 74 % sont favorables à ce que le syndicat négocie le prix de transport du bois de sciage de tous types pour l’ensemble d’entre eux.
M. Roy mentionne que ce sont les délégués qui se prononceront sur le résultat final. « Nous, on est très confiants; on sait depuis le début qu’une très vaste majorité de producteurs qui sont insatisfaits des prix obtenus de l’industrie du bois de sciage et qui veulent que la négociation se fasse collectivement. » Le président soutient être convaincu « qu’une fois le processus mît en branle, non seulement il ne se coupera pas moins de bois dans le territoire, mais il va s’en couper plus parce que les prix vont être meilleurs et les conditions de mise en marché vont être meilleures. »
Si le projet est approuvé par les délégués, le syndicat le transmettra à la Régie des marchés agricoles dès le lendemain matin pour approbation, d’indiquer M. Roy. S’en suivra une invitation à l’ensemble des industriels pour négocier une nouvelle convention. Le président du syndicat s’attend à une contestation des industriels auprès de la régie, ce qui pourrait conduire à un processus de conciliation et d’arbitrage. S’il ne devait pas avoir d’entente, la régie pourrait décréter les conditions de mise en marché qui vont s’appliquer pour l’ensemble des acheteurs. Le président est conscient que l’adoption de la nouvelle réglementation donnera lieu à un long processus et croit que la nouvelle mesure ne pourra être mise en place avant 2024. « On s’attend à ce que les industriels demandent des audiences publiques pour exprimer leurs opinions sur le règlement. »
Les délégués ont déjà une bonne idée de ce qui sera présenté puisqu’une soirée d’information s’est tenue le 19 octobre dans laquelle les responsables ont présenté le projet de règlement ainsi qu’une synthèse de la convention qu’on entend négocier avec les industriels. Les officiers du syndicat attendent près de 80 délégués pour la rencontre de ce jeudi. Le marché du bois de sciage de sapin-épinette représente 60 % du volume de mise en marché. Ce principal produit actuellement, s’élève approximativement à 35 M$ par année, pour 500 000 m3 pour le territoire desservi par le Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec. Ce territoire englobe le Haut-Saint-François, le Granit, une partie de la MRC des Sources ainsi que de la MRC des Appalaches, Coaticook-Memphrémagog, le Val-Saint-François et certains territoires dans la Montérégie.

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Pierre Hébert
Pierre a été le directeur général du Journal pendant plus de 30 ans. Il a pris sa retraite en 2023.
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