Malgré le fait d’être éloignés de leur famille, les travailleurs étrangers Abderrahne Ouahmane, Zouhair Alipane, Samir Okba, en compagnie de leur superviseur Gino Chouinard, sont heureux de travailler au Québec.
La pénurie de main-d’œuvre se fait sentir dans tous les domaines économiques au Québec et l’entreprise de Cookshire-Eaton, Moulinage 3A, ne fait pas exception. Ayant de la difficulté à recruter dans la province pour ses quarts de soir et de nuit, l’entreprise basée sur la rue Principale Est s’est tournée vers l’Afrique du Nord, plus précisément au Maroc, pour combler les postes vacants.
Cette problématique ne date pas d’hier puisque la compagnie avait aussi fait appel à six travailleurs marocains, il y a quelques années. « C’est très difficile de trouver des travailleurs d’ici, qui veulent venir faire les quarts de soirs et de nuits. À l’étranger, cette main-d’œuvre est disponible et disposée à travailler pour nous », d’exprimer Isabelle Primeau, responsable des ressources humaines et de la STT (Syndicat des travailleurs en télécommunications) chez Moulinage 3A.
Prochainement, l’entreprise prévoit accueillir encore huit travailleurs étrangers qui viendront renforcer leur équipe et permettre une production continue. Deux arriveront dès ce mois-ci alors que les six autres viendront en 2023. Moulinage 3A prend en charge les nouveaux arrivants et les aident dès leur arrivée au pays. « On les aide pour l’intégration. On les a aidés à se loger, on les a aidés avec tout le processus de création d’un compte bancaire et on les a accompagnés pour aller se chercher des vêtements plus adaptés aux hivers québécois », d’exprimer Mme Primeau.
Question logement, l’entreprise avait à cœur d’aider les nouveaux travailleurs, mais elle n’a pas été en mesure de dénicher des logements adéquats et abordables. Elle a donc dû trouver une autre alternative. « On a tout simplement aménagé un logement directement dans l’usine. Tous les travailleurs vivant à cet endroit sont logés gratuitement », de dire Isabelle Primeau.
Côté rentabilité, il serait tout à fait normal de penser qu’il est moins rentable pour une entreprise d’engager outre-mer plutôt que de faire travailler des gens localement. Mais ce n’est pas le cas selon la responsable des ressources humaines. « Oui, effectivement, ça peut sembler plus cher de prime abord, mais finalement, c’est plus rentable pour la compagnie de faire venir des travailleurs étrangers parce que si on se fiait uniquement à la main-d’œuvre québécoise, plusieurs de nos quarts de travail ne seraient pas comblés et ça représenterait une perte en bénéfice plus grand que le coût attaché à tout ça. » En plus, les travailleurs étrangers signent des contrats de travail qui les lient à l’entreprise pour une période déterminée. « Finalement, notre main-d’œuvre est plus stable de cette façon et ce sont d’excellents travailleurs », de conclure Isabelle Primeau.
Les six premiers travailleurs sont présentement en pleines démarches pour obtenir la résidence canadienne permanente et selon Moulinage 3A, les huit prochains arrivants aimeraient aussi obtenir la résidence et peut-être un jour, la citoyenneté.
Le journal a rencontré trois des six travailleurs œuvrant au sein de l’entreprise de Cookshire-Eaton, établis au Québec depuis 2020. Le choix de la province francophone s’est imposé de lui-même puisqu’au Maroc, le français est une des langues les plus répandues. L’accès au travail est plus facile ici que dans leur pays d’origine. « Le Québec était un choix intéressant puisque la première langue est le français et trouver un travail est plus facile ici qu’au Maroc », de nous dire Abderrahne Ouahmane. Depuis leur arrivée, beaucoup de choses ont évolué. Ils ne vivent plus dans l’appartement mis à leur disposition par Moulinage 3A et sont maintenant locataires à part entière. « Notre adaptation s’est très bien passée, la compagnie nous a vraiment aidés au niveau de l’intégration, autant travail que dans les autres sphères de la vie », d’exprimer Samir Okba. « L’accueil a été vraiment bien. L’entreprise a été là pour nous, ainsi que les employés avec lesquels nous travaillons. La partie la moins évidente, c’est d’être loin de nos amis et familles. Mais en arrivant ici, on s’est découvert une autre forme de famille », d’expliquer Zouhair Alipane. La seule chose qu’ils déplorent est la lourdeur et le prix exorbitant pour l’obtention de la résidence permanente canadienne.