Annie Dupuis, gestionnaire responsable du CHSLD d’East Angus, Robert Beaunoyer et Sophie Rodrique, chef de l’unité protégée devant une murale.
Le CHSLD d’East Angus innove et fait preuve de modèle dans le réseau. Les équipes de soins et techniques avec les acteurs de la communauté se sont donné les moyens financiers et le temps pour réaliser un projet : celui d’aménager l’unité protégée pour lui donner, à l’aide de grandes murales, des allures de petit village. Complétée en janvier dernier, l’initiative n’a pas tardé à donner des effets bénéfiques, estiment les responsables, que ce soit pour les résidents, les membres de leur famille et le personnel.
À l’aide de grandes murales, on a reproduit diverses scènes de la vie quotidienne que ce soit par des paysages, des animaux de ferme, un marché de légumes, un garage avec des véhicules, un salon de coiffure et une boutique de vêtements. On y a également aménagé un petit coin outils que les résidents peuvent toucher en toute sécurité, une chambre de bébé avec couchette et poupée ainsi qu’une chaise berçante. Certains résidentes et résidents s’y arrêtent pour prendre le temps de bercer la poupée ou même la changer. En plus, une murale reconstituant le coin bistro est aménagée dans la salle à manger. En outre, toutes les portes des chambres sont reconverties en différents styles d’entrées de maison de couleurs variées, faisant en sorte que chaque résident reconnaisse sa propre maison. L’uniformité des chambres par la couleur, explique Annie Dupuis, gestionnaire responsable du CHSLD d’East Angus, faisait en sorte que les résidents se trompaient fréquemment de chambre et s’installaient dans celle d’un autre. L’initiative n’a pas réglé le problème au complet, mais plusieurs, soit 25 % d’entre eux, reconnaissent maintenant leur chambre, ce qui est considéré comme étant efficace dans le domaine.
Mme Dupuis explique, « on s’est rendu compte que les gens atteints d’Alzheimer circulent beaucoup, certains font de l’errance et avaient plus ou moins d’occupationnel, des choses qui pouvaient les tenir occupés, ce qui pouvait amener des comportements d’agressivité, des troubles de comportement. L’idée a germé qu’on pouvait créer un village qui les tiendrait occupés avec des souvenirs qui leur rappelleraient des choses qui se sont passées dans leur vie active. L’idée est d’avoir un côté rural et urbain pour toucher le plus de gens possible. » Elle souligne que les résidents sont d’anciens agriculteurs et citadins. « On voulait vraiment qu’ils aient un sentiment d’appartenance à l’unité. On voulait recréer un village dans lequel ils ont vécu autrefois », d’ajouter Sophie Rodrigue, chef de l’unité protégée du CHSLD.
Pascale Rodrigue, préposée aux bénéficiaires, remarque des améliorations. « Il y a moins d’erreurs de chambre, le visuel et la couleur aident à se repérer. Les murales suscitent des souvenirs et les résidents s’y arrêtent et racontent des histoires. D’autres regardent et sourient. » Le trompe-l’œil à la porte, qui est barrée, permet d’éviter l’attroupement de résidents et diminue le bruit, ajoute Pascale Rodrigue. Tout le concept, d’expliquer les responsables, apporte des bienfaits tant sur le plan moteur qu’intellectuel. On remarque une diminution de l’agitation et même de l’agressivité chez certains résidents.
Fière de cette réalisation, Mme Dupuis souligne l’implication de la communauté, notamment pour la recherche de contributions financières. À ce chapitre, Desjardins du Haut-Saint-François, la Fondation des CLSC et CHSLD du Haut-Saint-François, les municipalités d’East Angus et Westbury ainsi que le Club des amis du domaine ont contribué à la démarche. Une partie provenant du fonds de l’ex-ministre des Aînés, Marguerite Blais, a permis d’amorcer l’initiative. Le coût du projet s’élève à 20 000 $. À cela, il faut ajouter l’implication du personnel du CHSLD.
Phase II
Fort satisfaites des résultats, les intervenantes travaillent sur une phase II qui s’appliquera à l’ensemble des résidents du CHSLD. Sans en dévoiler la teneur, Mme Dupuis parle d’une idée principale en développement. Il y aura des murales, mais l’objectif sera différent. Elle ajoute que les résidents seront consultés pour développer quelque chose qui répondra à leur désir et besoin.
Mentionnons que plusieurs intervenants du réseau ont fait un passage au CHSLD d’East Angus afin de voir l’application du concept pour l’aile protégée. Il existe certaines murales dans d’autres CHSLD, mais pas de concept du genre village, d’expliquer Mme Dupuis. Mmes Rodrigue et Dupuis ne cachent pas leur fierté de cette belle réalisation, précisant au passage que l’initiative n’était pas d’embellir l’aile concernée, mais bien d’améliorer la qualité de vie des résidents.