Près d’une cinquantaine de personnes ont participé à la réunion spéciale tenue à l’église Saint-Adolphe, à Dudswell secteur Marbleton, afin de statuer sur l’avenir de ce bâtiment, dont la situation financière se révélait alarmante.
C’est avec une certaine résignation que les citoyens de Dudswell, secteur de Marbleton, ont pris la décision d’accepter que leur église Saint-Adolphe cesse son existence de temple catholique, voué au culte, dès la fin de décembre prochain. Une rencontre, tenue en soirée du jeudi 5 octobre, visait à trouver une solution à la situation très précaire où se trouve la fabrique de la paroisse, reliée à l’Unité pastorale Saint-François-de-Laval, qui comprenait aussi Bury, fermée dernièrement.
Cette décision difficile a été confirmée à la fin de la rencontre, émotive pour certains, où près d’une cinquantaine de personnes ont assisté, dont un certain nombre figurent parmi ceux qui fréquentent encore cette église, au moins à la messe les dimanches. Mais la baisse d’achalandage représente une des raisons pour la situation inéluctable expliquant la décision issue d’un verdict désolant.
Un commentaire du curé Pierre Célestin Ona Zué, en début de réunion, en dit long : « C’est la première fois que je vois autant de monde dans l’église ! », a-t-il lancé, sans doute pour dérider un peu les gens et adoucir l’atmosphère tendue. Il a d’ailleurs ouvert la réunion par un court discours rassurant, dans les circonstances. « Merci d’être venus en grand nombre, ce qui dénote de l’intérêt de la communauté des chrétiens. Je souhaite que cette rencontre soit apaisante, avec une solution constructive, définitive, face au fardeau financier difficile à supporter et la décroissance qui a affaibli notre paroisse », a-t-il mentionné.
Il a ensuite lu une lettre provenant de l’Archevêché de Sherbrooke, signée par le vicaire général, l’abbé Steve Lemay, qui indiquait que la situation préoccupante datait déjà d’un certain temps. Les prêtres collaborateurs présentaient un âge avancé, que la vitalité du milieu était déficiente parce qu’il y avait peu d’activité pastorale en dehors des messes et que l’aspect financier présentait une situation difficile à redresser. Le vicaire général se disait sensible à la douleur des paroissiens causée par ces changements…
Tout au long de la rencontre, la sincérité, la transparence et la vérité étaient au menu, bien senties lors des interventions de la représentante de l’Archevêché de Sherbrooke, Anne-Séverine Guitard, qui était présente, et par Yan Gagnon, marguillier de la paroisse Saint-Louis-de-France, représentant du conseil de gestion de l’église Saint-Adolphe.
Ce dernier a précisé que « le conseil de gestion de Saint-Adolphe n’a pas vraiment cessé de travailler, mais que les marguilliers n’avaient pas cru bon de tenir la campagne de la CVA, car l’église représente un énorme bâtiment à maintenir et qu’ils ne pouvaient pas demander des contributions pour une église en situation désespérée, qu’ils ont présumée devoir fermer. Pris à la gorge, c’était devenu insoutenable pour le conseil de gestion, à cause des frais courants à payer et des rénovations nécessaires au bâtiment, qui impliqueraient une levée de fonds de 1,4 million $. C’est trop difficile de continuer, ça prend absolument un changement majeur qui s’impose. La communauté des gens qui prient ne peut plus supporter l’église », a admis M. Gagnon, stoïque.
Des solutions possibles ont été évoquées, calquées sur des situations vécues ailleurs, comme un rachat de l’église par la municipalité, le recours au Conseil du Patrimoine religieux du Québec (CPRQ), qui a un programme permettant aux églises cotées B comme celle de Saint- dolphe (sur une échelle de A à E), de bénéficier d’une aide de 80 pour cent pour la rénovation des édifices, et même qu’un participant a suggéré la création d’une fiducie qui pourrait être avantageuse.
« Mais le fardeau qui serait subséquent, à supporter pour maintenir, au jour le jour, le budget de dépenses reliées à l’existence de l’église, pour la municipalité, pour la fabrique et tout autre promoteur ou organisme, serait insoutenable de toute façon », a concédé Yan Gagnon.
Les dépenses majeures que représentent les assurances pour ce genre de bâtiment, de même que les frais de chauffage, en plus des cotisations à payer aux instances religieuses, constituent à elles seules des charges difficiles à assumer.
De plus, une des conditions pour s’adresser au CPRQ et être requalifiée, c’est que l’église ne doit plus être la propriété d’une entité religieuse comme une fabrique de paroisse et ne plus être vouée au culte.
Devant la situation inéluctable, M. le curé Ona Zué a tenu un dernier discours en lien avec l’attachement affectif des fidèles pour le bâtiment.
« On ne peut fermer sans émotion, du jour au lendemain. Il faut suggérer de continuer les célébrations jusqu’à la fin du mois de décembre, où il faudra vivre une messe d’au revoir, avec la fermeture de l’église, ce qui ne voudra pas dire la fin de notre communauté. Nous continuerons à vivre notre foi autrement. Oui, aller chercher des services ailleurs, comme à East Angus, si les gens jugent important de le faire. Mais continuer en allant vers la fermeture de l’église. Ce sera un détachement douloureux, certes, mais il ne faut pas se quitter sans vivre dignement une fermeture, en assurant jusque-là les petites dépenses courantes, s’il le faut, et continuer à prier. Nous pourrons toujours organiser des messes spéciales, des mariages, des baptêmes en célébrations exceptionnelles, dans d’autres lieux, comme au cimetière, par exemple », a-t-il convenu.
L’appel de propositions pour la vente de l’église sera lancé à court terme, en espérant la vente de l’église à des promoteurs privés avant la fin de décembre. Sinon, le fardeau reviendra à l’Unité pastorale Saint-François-de-Laval, qui devra aviser du futur.