L’ouverture de la rencontre a été effectuée par Charles Lamontagne, debout, coordonnateur – soutien au développement des RLS et du partenariat. À sa gauche, assis, Dr Stéphane Tremblay, président-directeur général du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, et Robin-Marie Coleman, adjointe au p.-d. g., qui ont répondu à tour de rôle aux questions des gens.
L’état-major du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie – CHUS, organisme né de la réforme de la santé de 2015, effectuait une tournée de consultation dans la MRC du Haut-Saint-François (HSF), le jeudi 12 octobre, au Centre communautaire de Johnville, à Cookshire-Eaton. Une vingtaine de personnes se sont présentées à la rencontre et ont démontré un réel intérêt en posant des questions pertinentes, remplissant très bien l’heure et demie qu’ont duré les échanges verbaux. Il s’agissait de la neuvième de neuf rencontres dans les MRC de l’Estrie et à Sherbrooke.
À noter que lors de la rencontre tenue avec les gens de Sherbrooke, il y avait beaucoup moins de participants, un phénomène régulier où les rencontres dans les régions rurales attirent davantage d’affluence que celles tenues dans les villes-centres.
Le président-directeur général du CIUSSS lui-même, Dr Stéphane Tremblay, et sa p.-d. g. adjointe, Robin-Marie Coleman, s’étaient déplacés pour rencontrer la population à cette occasion. Depuis cette réforme de la santé de 2015, dont tout le monde se souvient, plusieurs personnes dans les régions ont l’impression d’avoir perdu un contact de proximité avec leurs institutions locales de soins de santé, à cause de toute la centralisation à Sherbrooke qui en a découlée, principale conséquence de cette réforme. C’était donc là une excellente occasion pour faire connaître ses préoccupations et revendications à cet égard.
Ce fut une rencontre où la spontanéité était de mise : aucun agenda n’était prévu, ni ordre du jour quelconque ne venait restreindre ou encore orienter la discussion. La rencontre avait simplement pour but d’entendre la population du HSF sur les besoins à combler et répondre aux questions dont elle espérait des réponses, dans le ton d’une opération charme très constructive, empreinte d’un respect exemplaire de part et d’autre.
Les questions soulevées par l’assistance, très variées, auxquelles elle a reçu des réponses satisfaisantes dans l’ensemble, ont touché en résumé les sujets suivants : pourquoi avoir choisi Johnville comme endroit pour tenir cette importante rencontre ? L’accès difficile au médecin de famille, occasionnant détresse et appréhensions chez beaucoup de personnes âgées. Le guichet d’accès créé pour la clientèle sans médecins, temps d’attente quand est signalé le numéro de téléphone 811, outil dédié à la santé. La difficulté d’obtenir un rendez-vous pour les prélèvements et les vaccinations. La couverture parfois déficiente des services ambulanciers. Les soins à domiciles, réputés moins coûteux que l’hébergement en institution, mais à cause des hausses majeures de nouvelles demandes, les demandeurs de services se butent aux pénuries de ressources humaines, et, dans les milieux urbains, éliminer des obligations administratives aux employés pour que le personnel passe plus de temps avec la clientèle. L’accès difficile aux CHSLD à cause du temps d’évaluation trop long des besoins et les transferts indus des personnes âgées d’un point de service à un autre souvent plus éloigné et incommodant. Essayer d’obtenir l’aide des gens retraités, avec un programme d’intéressement pour eux, afin de pallier au manque de personnel en santé. Le rétablissement possible de l’époque où le médecin allait à domicile pour contrer les difficultés pour les aînés de se déplacer vers les grands centres, afin de rencontrer un médecin. Faire baisser le temps d’attente pour obtenir une chirurgie. La création d’un mécanisme d’aide en informatique souhaitable pour aider les personnes sans équipement informatique (aide pour les personnes qui obtiennent un rendez-vous et qui ne se souviennent pas qu’on les a appelés et qui ont un rendez-vous auquel ils ne se présentent pas). La différence qu’il y a entre un CHSLD et les nouvelles maisons des aînés. Le défi de l’enjeu pour les usagers du HSF qui doivent avoir recours à un prélèvement sanguin, mais pour qui c’est difficile parce qu’il n’y a pas d’hôpital pour effectuer ce prélèvement. L’interrogation au sujet de la décision de ne pas maintenir le statut universitaire dans la nouvelle structure qui sera créée par la réforme annoncée du ministre Christian Dubé, alors que le CIUSSS de l’Estrie avait intégré déjà le CHUS de Fleurimont. La préoccupation en rapport avec la Loi 25, qui prévoit la disparition des comités des usagers des institutions de la santé. Le questionnement à propos de la nouvelle offre alimentaire dans le monde de la santé, au niveau du personnel, impliquant un chantier sur la main-d’œuvre, etc.
Entrevue privée
Avant la rencontre publique, le journaliste avait la chance de rencontrer et questionner Dr Stéphane Tremblay et Robin-Marie Coleman, sur une base privée. Des réponses et de nouvelles idées émises par les dirigeants du CIUSSS, les participants ont pu, entre autres, apprécier les suivantes : La réforme de M. Dubé va permettre d’établir une nouvelle réalité, par une nouvelle gouvernance du réseau, avec une réelle volonté de se rapprocher des communautés. Il y a un intérêt certain à s’assurer de préserver le statut universitaire du CHUS, dans l’environnement de médecine avec l’Université de Sherbrooke. L’exercice de cette rencontre n’était pas de convaincre la population rencontrée ni de se laisser convaincre de quoi que ce soit par elle. Il n’y avait pas de sujets tabous lors de cette rencontre, chacun pouvait s’exprimer librement et sincèrement, etc.
L’équipe du Dr Tremblay y était pour faire des apprentissages afin de se rapprocher vraiment de la population vieillissante : « En allant à la rencontre des citoyens, nous voulons voir de près ce que nous avons à améliorer », a-t-il mentionné durant la rencontre privée. « On veut démystifier comment fonctionnent les médecins, faire mieux pour les gens vivant des situations difficiles, car la santé de la population, cela comprend beaucoup de choses complexes. L’accès des soins en première ligne constitue un frein majeur qui préoccupe la population vieillissante. On veut amener les gens à délaisser le vieux réflexe de consulter son médecin en premier, pour tout problème de santé, en recréant un lien de confiance envers d’autres types de professionnels, comme au CLSC, où il y en a tout un groupe. La réforme de 2015 a créé une distance. Mais on y a quand même fait des gains. Et nous revoyons notre stratégie RH, une nouvelle planification est déjà en cours », a-t-il conclu.