Moment symbolique de la dernière messe à l’église Saint-Isidore-de-Clifton, lorsque trois citoyens de Cookshire-Eaton ont pris possession de la statue de saint Isidore, léguée par la paroisse qui a porté son saint nom pendant de nombreuses années. La précieuse statue prend le chemin de la paroisse Saint-Camille-de-Lellis, à Cookshire-Eaton.
Le mot tristesse résume très bien l’ambiance générale et le sentiment qui a animé principalement la foule des fidèles présente lors de la dernière messe avant la fermeture définitive de l’église de Saint-Isidore-de-Clifton, le dimanche 29 octobre dernier.
Une messe chantée, avec un beau décorum particulier, qui a été appréciée par une assistance composée d’anciens et d’actuels paroissiens, qui a presque rempli l’église au maximum de sa capacité, des gens avides de vivre le dernier service religieux officié par le Père Pierre Célestin Ona Zué, ayant agi aussi comme curé dans les derniers temps de cette église.
La chorale paroissiale, dirigée par Noëlla Bilodeau, et qui réunissait une dizaine de choristes seulement, s’en est très bien tirée pour l’animation musicale tout au long de la cérémonie, dont plusieurs se souviendront longtemps.
« C’est une journée de deuil, de funérailles vraiment tristes, une grosse perte pour nous, notre belle église de briques rouges, qui n’a même pas une seule colonne à l’intérieur. La structure du toit est d’ailleurs très impressionnante, avec toutes ses poutres enchevêtrées, on le voit quand on monte dans le grenier… C’est vrai qu’il y a moins de prêtres pour desservir notre église, moins de fidèles qui la fréquentent, et les dépenses qui augmentent beaucoup. Les quêtes du dimanche et la campagne de contribution volontaire (CVA) ne fournissent pas, les jeunes ne s’impliquent pas, les plus vieux ne sont pas remplacés, il y a un manque à gagner et le curé n’est jamais le même… ! », a énuméré le président des gestionnaires locaux de la Fabrique, Claude Perron. Il nomme quand même les derniers prêtres qui sont venus comme curé, pour leur rendre hommage : Donald Thompson, Antonio Dibaldo, Pierre Célestin Ona Zué.
« Sans compter les frais statutaires qu’il faut payer à l’Archevêché, de plus de sept pour cent », rappelle-t-il. « L’église a été vendue 10 000 $ à un monsieur Tisserand, un Français de France. Il a admis “qu’un monument comme cette église-là, on ne détruit pas ça, on la laisse telle quelle.” Ce monsieur-là, il n’a même pas de plan pour son utilisation. Il aurait acheté aussi l’église à Bury, ce serait à vérifier. Il attend que quelqu’un lui fasse des propositions pour y faire quelque chose ! », a indiqué M. Perron.
Rencontré dans l’église, le doyen de la paroisse, Marcel Fortier, âgé de 99 ans et quatre mois. Il a vécu 89 ans à Saint-Isidore-de-Clifton, est déménagé à Cookshire-Eaton, depuis 10 ans. « J’y ai fait ma communion solennelle, mais je ne me suis pas marié ici, c’était à la paroisse de mon épouse, à Island Brook. Mais nous avons eu 12 enfants, tous vivants ! », raconte-t-il.
Le maire de Saint-Isidore-de-Clifton, André Perron, a bien voulu consentir une petite déclaration : « C’est triste comme réalité, aujourd’hui. On est rendu là ! Il y a vraiment un achalandage très amoindri dans cette église. Est-ce que c’est l’Église qui n’a pas su s’ajuster ? Ou bien n’avons-nous pas su bien transmettre notre foi ? De plus, il faut dire que ce n’est pas une priorité pour les jeunes… L’avenir le dira peut-être. Aujourd’hui, on attend beaucoup de monde. Cette église, c’est un peu nous autres ! »
Le Père Pierre Célestin Ona Zué a débuté son homélie par ces mots : « Après la messe du pape à Québec, c’est la première fois que je vois une église aussi remplie ! », a-t-il admis sur un ton amusé. Et son enseignement évangélique a porté sur l’amour du prochain, le troisième qui complète nécessairement l’Amour de Dieu et l’amour de soi. Et pour lui, l’église ne se finit pas là. « Dieu continue à aimer Saint-Isidore. Il va nécessairement se manifester… Il faut dire merci pour tout ce qui s’est passé ici, la présence de Dieu dans cette église. Nous allons vers un avenir où il n’y a plus de bâtiment, mais où l’Église continuera en chacun de nous. »
Moments particulièrement émouvants quand a été enlevée la pierre d’autel, un trésor sacré, et que trois citoyens de Cookshire-Eaton, François Chabot, Robert Talbot et Gaétan Perron, ont pris possession de la statue de saint Isidore, que la paroisse a léguée à celle de Saint-Camille-de-Lellis. « Dieu vous attend à Cookshire et à East Angus », a annoncé le Père Pierre Célestin. « Ici, l’église ferme, mais de temps en temps, nous pourrons présenter une messe spéciale, ici, ou au cimetière, en demandant la permission de le faire. Vous restez des pierres vivantes, pour l’Église du Christ. »
Un souvenir a été remis à tous les participants, soit une carte bénie par le célébrant, à la fin de la messe. Une carte montrant l’intérieur de l’église, au verso de laquelle figurent les mots : « Hommage aux fondateurs et à tous les paroissiens et paroissiennes qui ont fait vivre notre église. »
Des fidèles rencontrés sur le perron de l’église ne tarissaient pas de parler avec leur cœur : « C’est le cœur du village, cette église, c’est triste. Ce fut une belle cérémonie, je tenais à y être », a dit un homme qui n’était pas de la paroisse locale. « C’était très émouvant, très touchant. Nous sommes venus au monde ici à Saint-Isidore. Nous avons grandi ici. Nous y avons fait notre premier bénévolat, en faisant le ménage de l’église. » « Ce fut une très belle cérémonie. C’est de valeur que ça ferme, il y avait plein de monde. Nous, on ne vit plus ici », on dit des gens qui vivent maintenant à Sawyerville, paroisse voisine.