Les changements climatiques dérangent, que ce soit les populations, qui les subissent comme des surprises au point où on ne reconnaît plus vraiment les saisons, comme les productrices et producteurs agricoles, de plus en plus, de saison en saison. Ces derniers doivent adopter des pratiques agroenvironnementales qui coûtent de plus en plus cher, pour compenser les inconvénients auxquels ils doivent faire face.
L’Union des producteurs agricoles (UPA), un regroupement qui défend les intérêts des producteurs, s’est réjouie dernièrement de l’annonce de la bonification, par les gouvernements, de la rétribution des pratiques agroenvironnementales qu’ils doivent adopter spécifiquement à ce propos. Ces investissements supplémentaires imprévus, et non traditionnels pour eux, peuvent aller jusqu’à mettre en péril le futur même des entreprises agricoles.
Par rapport à d’autres pays dans le monde, le Québec et le Canada démontraient un certain retard dans l’aide à apporter dans ce secteur de l’économie. À titre d’exemple, citons l’étude récente de RBC Banque Royale qui a confirmé : « Les secteurs agricoles des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Australie et de la Chine reçoivent un financement environ trois fois plus élevé pour la lutte contre les changements climatiques que ce que le Canada accorde à son secteur. »
Le président général de l’UPA Martin Caron a, pour sa part, déclaré : « Les productrices et producteurs adhèrent fortement à l’idée d’accélérer le virage écologique souhaité par tous. Les investissements requis pour l’adaptation des entreprises nécessitent un soutien beaucoup plus vigoureux, comme c’est le cas ailleurs dans le monde. L’annonce d’aujourd’hui est une ouverture en ce sens, mais les sommes consacrées devront éventuellement être ajustées pour refléter la réalité des productrices et producteurs de toutes les régions du Québec. »
Concrètement, plusieurs productrices et producteurs agricoles doivent mettre en place des mesures spécifiques pour compenser les inconvénients causés par les changements climatiques parfois extrêmes. Ces mesures peuvent être de plusieurs natures, concernant le monde végétal en fonction des cultures, pour le choix des variétés des semences, qui peuvent être déjà traitées par des insecticides, pour les fourrages en alimentation animale, et aussi au niveau des céréales, quant à la meilleure sélection des plantes, favorisant celles qui résistent mieux aux sautes d’humeur du climat et donnent de meilleurs rendements.
« Les mesures peuvent concerner aussi le monde animal, comme la climatisation, pour que les animaux ne souffrent pas trop du réchauffement climatique. Également certains aménagements qui favorisent la biodiversité, comme les brise-vents autour des bâtiments, quand il y a moins de forêts dans les alentours qui coupent les grands vents. Ou encore, pour la protection des sols hors saison, les producteurs peuvent préconiser une culture spéciale pour empêcher l’érosion, en semant du trèfle dans le champ pendant que pousse le maïs, ce qui a également un effet bénéfique par son apport d’azote, dans la fertilisation du sol pour la prochaine culture. Les rétributions qui sont annoncées encouragent les producteurs à continuer à essayer de contrer les changements climatiques, même si cela n’est pas toujours couronné de succès », lance Michel Brien, président de l’UPA – Estrie.
Pour l’UPA, la bonification annoncée est une reconnaissance explicite de l’engagement des productrices et producteurs. À moins d’un an d’une nouvelle politique bioalimentaire, le gouvernement québécois devra rehausser de façon significative les budgets, le soutien, l’accompagnement, les mesures et les programmes qui leur sont destinés.